Publié le 17 Oct 2015 - 23:03

Journée sous haute tension en Cisjordanie et à Gaza

 

La journée de vendredi 16 octobre a été marquée par une nouvelle flambée de violences avec l’attaque, dès l’aube, du tombeau de Joseph, site sacré du judaïsme, et de nouveaux heurts entre Palestiniens et soldats israéliens, alors que des groupes palestiniens ont appelé à un « vendredi de la révolution » en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

 

La Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville, annexée et occupée par Israël, sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont réveillé le spectre d’une nouvelle intifada. La bande de Gaza a été entraînée dans la spirale le 9 octobre.

Le tombeau de Joseph attaqué

Avant l’aube, le tombeau de Joseph, ancien lieu de pèlerinage juif à Naplouse, devenu un point d’appui pour la colonisation, a été la cible de cocktails Molotov et incendié, causant d’importants dégâts. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déploré un acte « irresponsable », condamnant pour la première fois les attaques de Palestiniens. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi « fermement condamné cet acte répréhensible ».

Pour les juifs, le tombeau abrite la dépouille de Joseph, l’un des douze fils de Jacob, vendu par ses frères et conduit en Egypte, d’où son corps a été rapporté, selon la tradition biblique. Le site, où les Palestiniens affirment que se trouve la tombe d’un cheikh local, a été le théâtre d’affrontements meurtriers par le passé, notamment lors de la deuxième Intifada, entre 2000 et 2005.

Restrictions sur l’esplanade des Mosquées

L’appel à manifester pour le « vendredi de la révolution » a été lancé après que la police israélienne a annoncé, jeudi, que, comme la semaine précédente, pour parer à tout débordement, seuls les hommes de plus de 40 ans seraient autorisés à se rendre pour la prière du vendredi sur l’esplanade des Mosquées.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est dit de nouveau prêt à rencontrer le président palestinien, Mahmoud Abbas, tout en lui reprochant d’encourager la violence.

Un soldat israélien poignardé et quatre Palestiniens tués

Quatre Palestiniens ont été tués vendredi. L’un, qui se faisait passer pour un journaliste, a été abattu après avoir poignardé et sérieusement blessé un soldat israélien en Cisjordanie occupée. Un autre a été atteint par des tirs israéliens lors de heurts près de Naplouse, et deux autres ont subi le même sort dans la bande de Gaza alors qu’ils manifestaient avec des centaines de personnes près de la barrière qui isole Israël de l’enclave palestinienne.

Depuis le 1er octobre, les violences ont fait trente-sept morts, dont plusieurs auteurs d’attaque, et des centaines de blessés côté palestinien, et sept morts et des dizaines de blessés, côté israélien.

Washington embarrassé par la situation

Barack Obama s’est dit « très inquiet » des violences. Depuis qu’elles ont repris, l’administration américaine s’est bornée à multiplier les condamnations des actes de terrorisme visant les Israéliens et les appels au calme, qui doit être ramené « aussi vite que possible », selon le secrétaire d’Etat, John Kerry.

Une retenue relative qui s’explique en partie par les mauvaises relations qu’entretiennent Barack Obama et Benyamin Nétanyahou, alors que Washington est traditionnellement plus proche des autorités israéliennes que du camp palestinien.

M. Nétanyahou s’est montré très critique par le passé à l’encontre de John Kerry, qui s’était investi en vain dans une relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens après sa nomination au département d’Etat, en janvier 2013, avant de reconnaître l’échec de ses efforts un an plus tard, en avril.

Cet échec suivait celui essuyé par M. Obama au cours de son premier mandat. Confronté aux mêmes protagonistes et à la même défiance, M. Obama avait arraché à M. Nétanyahou en 2009 un gel partiel et temporaire de la colonisation israélienne, qui n’avait pas permis pour autant une reprise des discussions sur le sort des territoires palestiniens.

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité des Nations unies devait tenir vendredi une réunion d’urgence sur les violences. Demandée par la Jordanie, seul membre arabe du Conseil, elle devait commencer à 11 heures à New York (17 heures en France).

Le groupe des pays arabes à l’ONU avait chargé la Jordanie de cette démarche à l’issue d’une réunion jeudi après-midi. Des diplomates ont dit qu’aucune résolution n’était envisagée pour l’instant, mais qu’il pourrait y avoir une tentative visant à ce que le Conseil publie une déclaration exhortant les deux parties à contenir les violences.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters 

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