Publié le 22 Aug 2014 - 16:39
JOURNEE DE PRIERES AU CAMPUS SOCIAL

Adieu Bassirou Faye !

 

Alors que la lumière n’est pas encore faite, la communauté universitaire a organisé hier une journée de prières et de recueillements en la mémoire de Bassirou Faye abattu lors des récents affrontements entre étudiants et policiers. Des centaines de personnes sont venues exprimer leurs compassions et réclamer justice.

 

Le hall de la Faculté des Sciences et Techniques (FST) est plein à craquer en cette matinée de jeudi. Une foule immense s’est donné rendez-vous pour marquer le 8ème jour de l’étudiant Bassirou Faye, tué lors des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Une semaine après le forfait, la communauté universitaire a organisé hier à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) une marche silencieuse accompagnée de prières et de recueillements en la mémoire du disparu.

Il est 9h 30. C’est l’heure de départ de la marche. Certains étudiants portent des t-shirts blancs à l’effigie de leur camarade et ami Basse, comme l’appelaient amicalement ses proches. D’autres ont noué des brassards noirs. En première ligne des marcheurs figurent les membres du Syndicat autonome de l’enseignement  supérieur (Saes), les représentants de la Fédération nationale des parents d’étudiants, les membres du collectif des étudiants de la FST…etc. Tous se dirigent d’abord vers le Rectorat avant de rejoindre le pavillon D, lieu où a été fauché Bassirou Faye.

‘’Halte à la barbarie et au carnage ! Halte à la barbarie pour une police républicaine !’’ pouvait-on lire sur les banderoles agitées par les marcheurs. Une dizaine de minutes après, ils arrivent au Rectorat. Un ancien du Saes fait une brève déclaration de l’Union syndicale pour une éducation de qualité (USEQ). L’Union syndicale exige notamment ‘’la révision de la loi 94-79 pour étendre les franchises universitaires au campus social également’’, dit le porte-parole. Il invite l’Etat à désengorger sans délai l’Ucad par la création de nouvelles infrastructures universitaires. Quant au Recteur Ibrahima Thioub, il a présenté d’abord ses condoléances à la famille éplorée avant de s’engager pour une université paisible. ‘’Je mobiliserai tous mes efforts en concertation avec les autorités pour trouver une solution aux problèmes de l’Université’’, rassure le président de l’Assemblée générale de l’université.

Aux environs de 10h 30, les marcheurs qui ont rivalisé d’ardeur tout au long du trajet arrivent au Pavillon D. Malgré la forte chaleur, plusieurs centaines d’étudiants attendent sur les lieux en compagnie des parents d’étudiants. Les uns débout forment un grand cercle autour des autres assis sur des nattes. Tristesse et désespoir se dessinent sur les visages. ‘’Nous avons perdu un ami. Il luttait pour le droit des étudiants. Son sang est encore versé là où nous nous situons en ce moment, on peut voir les traces. Jusqu’à présent, on ne l’a pas enterré. Nous demandons que justice soit faite’’, souhaite Amar Mbodj de la FST tout en invitant le public à prier pour leur camarade Bassirou Faye.

Certains étudiants portent encore les séquelles des derniers affrontements avec les policiers. Les plaies visibles sur certaines parties des corps des  témoignent toutes de l’ampleur des violences. ‘’Les Saes a toujours dit que les policiers n’ont pas leur place au campus. Nous sommes prêts à mener le combat pour le respect des franchises universitaires. Vouloir encadrer les réformes pédagogiques avec la force ne peut pas prospérer’’, tonne le Secrétaire général du Saes, Seydi Ababacar Ndiaye. ‘’Il ne doit pas y avoir de séparation entre campus social et pédagogique’’, poursuit-il.

Pour sa part, le doyen de la Faculté des Sciences et Techniques, Serigne Amadou Ndiaye, condamne les violences au sein de l’Université. ‘’Les autorités et les étudiants doivent faire une prise de conscience pour éviter que ces genres d’incidents ne se reproduisent’’, affirme-t-il. Les étudiants écoutent religieusement les différents intervenants qui se succèdent au mégaphone, quand subitement une voix s’élève de la foule. Un étudiant en sanglot ! Ce dernier n’a pas pu retenir ses larmes à certains témoignages. ‘’Nous déplorons ce qui vient de se passer et nous prions pour que cela ne se reproduise plus’’, lance la chargée des crises et conflits de la Fédération nationale des parents d’élèves et d’étudiants, Mme Carrer Sel Guèye.

Le soleil est au zénith quand l’imam de la mosquée du Coud, Ismaila Ndiaye, prend la parole. Selon lui, les étudiants ne refusent pas la main tendue du chef de l’Etat même si elle est tardive, car dit-il, il n’est pas trop tard pour bien faire. A la fin de la cérémonie, des prières sont formulées pour le repos de l’âme de Bassirou Faye. Triste matinée !

MAMADOU DIALLO (stagiaire)

 
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