Publié le 30 Jul 2018 - 16:50
JOURNEE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LES HEPATITES

Les acteurs plaident la gratuité du dépistage

 

La Journée mondiale de lutte contre les hépatites, célébrée samedi dernier, a été une occasion, pour les acteurs, de plaider la gratuité du dépistage et la subvention du vaccin et des médicaments.

 

L’hépatite B constitue un véritable problème au Sénégal. Avec une prévalence de 10 %, le pays fait partie des zones avec une forte endémie. Ce qui signifie qu’un Sénégalais sur 10 est porteur chronique de l’antigène, donc est infecté par l’hépatite. Samedi dernier, lors de la Journée mondiale, les acteurs ont plaidé pour la gratuité du dépistage et la réduction des prix du vaccin. C’est au cours d’une journée de sensibilisation et de dépistage organisée par l’association Saafara hépatite à Ouakam. 

Selon  L’hépato-gastro-entérologue à l’Hôpital général de Grand Yoff, docteur Mamadou Guèye, l’hépatite B constitue un véritable fléau à l’échelle mondiale. Les complications que peuvent entrainer le virus évoluent souvent à bas bruit. ‘’Il est important d’informer les populations, de les sensibiliser par rapport au dépistage, pour qu’elles puissent connaitre leur statut, se prendre en charge en cas d’infection avant que n’apparaissent ces complications qui sont parfois dramatiques’’, a-t-il dit.

Pour lui, c’est une maladie méconnue avec des diagnostics très tardifs. De ce fait, les patients viennent à un stade de complication. ‘’Tout cela peut être prévenu par les dépistages et la prise en charge dans les structures sanitaires. Mais il faut que ce dépistage puisse être gratuit et les médicaments subventionnés’’, a-t-il recommandé.

Cette maladie, selon le médecin, a deux formes de transmission. Une transmission verticale, c’est-à-dire de la mère à l’enfant.  ‘’Cela peut arriver pendant la grossesse, l’accouchement ou après accouchement’’.  Il y a la transmission horizontale par voie sanguine et sexuelle. A l’en croire, les complications chroniques de l’hépatite B entrainent plus de dommages que l’infection par le Vih. Même s’il ne donne pas de chiffres, il a souligné que dans les structures sanitaires, des cas de décès liés aux complications de l’hépatite B, notamment le cancer du foie, sont très importants.  ‘’Malheureusement, cela atteint le plus souvent des sujets jeunes, la trentaine’’. Cette maladie asymptomatique, quand elle se manifeste, rend le patient paresseux, ses yeux jaunissent, il a parfois un gros ventre. Cependant, prévient-il, la jaunisse ne signifie pas fièvre jaune. Or, au Sénégal, très souvent, dès qu’on a un ictère, des personnes commencent à prendre des médicaments qui peuvent aggraver la symptomatologie au niveau du foie. ‘’Il y a des hépatites actives qui se multiplient et entrainent des lésions sur le foie. Il est impératif de donner du traitement dans ces cas, afin de réduire, d’arrêter la progression de la maladie et prévenir l’apparition des complications. Il y a certains patients qui ont une infection chronique inactive. Donc, le virus ne se multiplie pas. Dans ce cas, on fait une surveillance régulière chaque 3 mois ou chaque 6 mois, afin de s’assurer que le virus est toujours inactif. Ce cas ne nécessite pas un traitement, mais une surveillance’’, a-t-il fait savoir.

‘’Le programme de la lutte contre les hépatites est vide’’

Par ailleurs, le président de l’association Saafara hépatite, Ibrahima Guèye, a déploré l’inactivité du Programme national de lutte contre les hépatites dirigé par le professeur Aminata Sall Diallo. Même si l’association a été créée avec l’initiative du Pr. Diallo, aujourd’hui, constate-t-il, ils ne partagent plus la même vision. Parce que, défend-il, on ne peut pas être une association qui va parler de la maladie uniquement à Dakar. ‘’Notre rôle est de toucher tout patient, qu’il soit à Dakar ou ailleurs. Raison pour laquelle, lorsqu’on a su que ce programme était vide de tout sens, on s’est retiré. Quand vous voyez les autres programmes, il y a un coordinateur, un secrétariat et des points focaux partout. Mais pour le programme de l’hépatite, en dehors du Pr. Diallo, il n’y a rien, il n’y a personne’’, a-t-il déploré.  

Avant de préciser : ‘’Quand je dis que ça ne va pas, c’est le système ; la personne en tant que telle ne m’intéresse pas. L’intérêt qui me préoccupe, aujourd’hui, est celui du patient et non d’une personne. Il faut aussi que ce programme ait des moyens. Mais le premier moyen dont il a besoin, c’est  la gestion. Il faut qu’il y ait une bonne gestion et cela ne peut pas se faire avec une seule personne. Il faut qu’il y ait toutes les composantes de la lutte dans ce programme.’’ Selon lui, le professeur Aminata Sall Diallo est dépassé par les choses, parce que la dame gère plusieurs affaires à la fois. ‘’Elle est logée au ministère de l’Enseignement supérieur. En plus, elle gère le Pse, elle fait du pilotage à vue, mais n’a pas le temps du programme. Nous ne laisserons plus nos vies entre les mains d’une seule et même personne’’.

VIVIANE DIATTA

 

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