Publié le 16 Sep 2017 - 12:34
JOURNEE NOIRE CONTRE LE FRANC CFA AUJOURD’HUI

Kemi Seba et ses camarades promettent de faire ‘’tomber’’ les billets

 

Les activistes africains ne lâchent pas le franc CFA. Aujourd’hui, dans le cadre de leur ‘’guerre’’ contre cette ‘’monnaie coloniale’’, comme dit l’activiste Kemi Seba, une série de manifestations d’envergure est prévue à travers une quarantaine de villes, dont Dakar, dans le monde. Le président de l’ONG Urgences Panafricanistes parle de ‘’printemps africain qui ne sera pas contrôlé par des forces exogènes’’.  

 

Croisade contre la colonisation monétaire ! Energiquement déterminés, le président de l’ONG Urgences Panafricanistes et ses camarades activistes s’activent pour balayer le franc CFA du continent africain. Et ils sont loin de baisser la garde contre cette ‘’monnaie coloniale’’ qui, selon eux, est le ‘’symbole de la domination française’’, de la ‘’servitude’’, etc. Leur journée d’aujourd’hui s’inscrit dans le cadre de cette lutte. Avec un agenda ‘’bien défini’’, ils ambitionnent de dérouler plusieurs manifestations dans une quarantaine de villes à travers l’Afrique, les Caraïbes, l’Europe, les Antilles, etc.

Selon le président de l’ONG Urgences Panafricanistes, ce 16 septembre est une étape ‘’cruciale’’, après l'affaire du billet de 5 000 F CFA brûlé le 19 août dernier, lors d’une manifestation publique tenue à Dakar. ‘’Nous souhaitons désormais brûler (symboliquement) toute la forêt nommée ‘’Françafrique’’, mentionne Kemi Seba sur sa page Facebook, dans un texte intitulé ‘’Message à la jeunesse africaine et à nos camarades de lutte, peu importe leur couleur’’. Selon lui, il s’agit de finir le combat commencé par leurs aînés, d’obtenir, de manière structurée, leur propre monnaie, de chasser les bases militaires sur leurs terres, de même que les ONG occidentales, etc.

Dans le cadre de cette croisade contre le franc CFA, Kemi Seba a été expulsé du territoire sénégalais vers la France, pour avoir brûlé un billet de 5 000 F CFA. Par le biais du ministère de l’Intérieur qui a signé l’arrêté d’expulsion, les autorités sénégalaises ont motivé leur décision en parlant de trouble à l’ordre public. L’activiste a été surpris par la réaction de ces dernières. ‘’Le Sénégal est le pays de Cheikh Ahmadou Bamba qui était, lui aussi, déporté. Parce qu’il luttait contre le colonialisme. C’est aussi le pays de Mamadou Dia. Donc, comment peut-on accepter que le gouvernement sénégalais accepte de suivre les directives, les prérogatives du gouvernement français sur bon nombre de points ? C’est quelque chose qui nous interroge, nous préoccupe. Je n’ai pas dormi, j’ai beaucoup réfléchi. Et je suis conforté dans le combat que nous menons.

C’est celui d’une génération, d’un peuple qui ne veut plus être dans cette oppression’’, s’est-il engagé dans son premier discours tenu en France, au lendemain de son expulsion. Selon lui, le gouvernement sénégalais a agi, sans doute, sur conseil du gouvernement ivoirien et sur ordre de la France. Parce que, motive-t-il, ils savent qu’il a lancé l’appel à la mobilisation du 16 septembre. ‘’Comme la mobilisation du 19 août, cette date est le printemps africain qui ne sera pas contrôlé par les forces exogènes. Et les billets vont tomber à cette occasion. Le XXIe siècle sera celui des sociétés civiles. C'est le peuple qui va gouverner. Et ceux qui seront à la tête de ce peuple ne pourront être que nos relais et pas nos dictateurs’’, a-t-il soutenu. Avant de dénoncer la mal gouvernance, le népotisme, la corruption… dont les peuples sont victimes.

Manifestations contre le franc CFA interdites à Tambacounda et à Kaolack 

Après Tambacounda, la manifestation contre le franc CFA, prévue aujourd’hui, a été interdite à Kaolack. Selon Guy Marius Sagna, Coordonnateur du collectif Non aux APE, cette décision a été prise par le préfet qui parle de trouble à l’ordre public. ‘’Nous pensons que ces prétextes sont fallacieux. Ils visent à éliminer nos manifestations contre le franc Cfa enclenchées depuis janvier dernier. Au-delà des conséquences économiques qu’il engendre, le franc CFA pose aussi des problèmes de démocratie. Après la déportation de Kemi et les tortures dont nous sommes victimes, cette interdiction nous donne un message clair : ‘’Point de Teranga pour les résistants au CFA !’’  Nous sommes déterminés dans ce combat’’, a-t-il renseigné hier, joint par téléphone.

Selon lui, Kemi Seba, toujours motivé dans cette lutte, va tenir un discours sur le franc CFA, à l’occasion d’un rassemblement prévu aujourd’hui à Paris. Au Sénégal, les activistes ont ciblé cinq localités pour dérouler leurs activités. Il s’agit de Dakar, Tambacounda, Kaolack, Bambey et Kabrousse. Pour la capitale sénégalaise, Guy Marius Sagna a annoncé qu’ils ont, depuis jeudi dernier, introduit une lettre d’information dans le but d’informer l’autorité. Malgré tout, les lignes n’ont pas bougé par rapport à leur sollicitation. ‘’Pour l’instant, toutes nos manifestations sont maintenues. Et nous espérons que celle de Dakar sera autorisée’’, avance-t-il au bout du fil.

Cet appel lancé par l’ONG Urgences Panafricanistes, le Front anti APE anti CFA, le mouvement Y’en a marre et d’autres organisations est prévu à partir de 15 h à la place de la Nation, ex-place de l’Obélisque. Il sera une tribune, pour ces acteurs, de manifester leur opposition à la ‘’domination coloniale’’ qui, selon eux, perdure à travers le franc CFA. ‘’Ces mobilisations contre le franc CFA, pour avoir libéré la parole monétaire dans les pays de la zone franc, font si peur, qu’elles ont obligé, depuis le début de l’année, les présidents français, africains, des candidats à l’élection présidentielle française et la BCEAO à participer au débat ainsi imposé par la jeunesse africaine qui cherche si légitimement à en finir avec un des instruments d’oppression de 150 millions d’africains regroupés dans 15 pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et les Comores’’, écrite le Secrétariat permanent de Yoonu Askan Wi, dans un communiqué parvenu, hier, à ‘’EnQuête’’. Il est intitulé ‘’Contre la tyrannie de la France et du franc CFA : Tous au rassemblement du 16 septembre 2017 à 15 h à la place de l’Obélisque !’’. 

A travers leur note, ils ont exigé le retour  de Kemi Seba au Sénégal auprès de ses camarades, de son épouse, de ses enfants et de sa famille, l’expulsion ‘’immédiate’’ de la France des conseils d’administration des banques centrales des zones CFA et le rapatriement sans délai en Afrique de ‘’nos’’ réserves de change confisquées par le Trésor français, la définition et la mise en pratique de mesures concertées en vue de diligenter, pour ce qui concerne ‘’notre’’ espace sous-régional, la création de la monnaie commune ouest-africaine, dans le cadre de la CEDEAO. Il s’y ajoute le ‘’respect’’, par l'Etat du Sénégal, des principes démocratiques et républicains, en particulier du droit constitutionnel de manifester, notamment ce 16 septembre 2017 contre le franc CFA, les APE et la sujétion néocoloniale, la solidarité active avec les justes luttes des peuples et des minorités dont les droits fondamentaux sont bafoués à travers le monde.  

PAPE NOUHA SOUANE

 

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