Publié le 18 Oct 2012 - 09:49
JUGÉ POUR CBV ET ACTE CONTRE NATURE

Tamsir Jupiter Ndiaye risque 2 ans de prison

 

Photo Google

 

 

Traduit hier mercredi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour acte contre nature, coups et blessures volontaires et détention illégale d’arme blanche, le chroniqueur Tamsir Jupiter Ndiaye encourt deux ans de prison ferme. Matar Diop Diagne, son co-prévenu et partenaire avec qui il a reconnu avoir eu des rapports sexuels, risque un an ferme.

 

''Affaire n°14 du rôle. Tamsir Birane Ndiaye / Matar Diop Diagne.'' Lorsque le juge Samba Sèye, présidant, hier à Dakar, l’audience des flagrants délits de la première composition, a prononcé ces propos, tous les regards se sont dirigés vers le box des prévenus. Il était 10h 57mn et le juge procédait à la mise en état des dossiers pour être retenus ou renvoyés.

 

Vêtu d’une chemise bleu-clair et d'un pantalon bleu-sombre, le chroniqueur de l’hebdomadaire Nouvel Horizon sort de la porte menant au box et se dirige vers la barre. Il y est suivi par son co-prévenu Matar Diop Diagne. De concert avec le conseil de la défense, le président Sèye retient le dossier et demande aux prévenus de retourner au box en attendant de finir la mise en état. A 11h 35 mn, les deux mis en cause sont appelés à nouveau. Au moment où ils rejoignaient la barre, un vieil homme assis derrière la seconde rangée de chaises réservées aux avocats se lève brusquement et balance: ''Homosexuels, jamais je n’assisterai à ce procès!''.

 

Tamsir Jupiter Diagne : ''Je ne suis pas homo''

 

Lorsque le président a demandé aux prévenus s’ils reconnaissaient les faits, Matar Diop Diagne, poursuivi uniquement pour acte contre nature, a fait oui de la tête. Quant à Tamsir Jupiter Diagne, poursuivi aussi pour acte contre nature, coups et blessures volontaires avec une incapacité temporaire de 10 jours et détention illégale d’arme blanche, il n’a reconnu que l’acte contre nature. Tous les deux ont reconnu, certes, l’acte contre nature mais il leur était difficile d'expliquer les faits dans les détails. Après avoir fait la genèse de sa rencontre avec son co-prévenu, Tamsir Jupiter Ndiaye a confessé : ''J’étais dans un état d’ébriété. A un moment, nous nous sommes retrouvés nus mais brusquement, on s’est rhabillés.''

Ne voulant pas se contenter de cette version, le juge Sèye exige de M. Ndiaye qu’il dise exactement ce qui s'est passé lorsqu'il était allongé sur le matelas avec Matar Diop Diagne. ''Pour des convenances personnelles, je ne peux pas en parler'', esquive le chroniqueur. Mais devant l’insistance du juge, Tamsir Jupiter Ndiaye consent avoir entretenu des rapports sexuels avec son co-prévenu. Il soutient en outre n’avoir jamais dit aux policiers enquêteurs qu’il avait des ''penchants homosexuels''. ''Lorsque j’ai vu ces propos (dans la presse, Ndlr), j’étais partagé entre le rire et les pleurs'', se défend-il. Sans se laisser compter, le juge assesseur, Hadyatou Guèye revient à la charge: ''Vous assumez votre qualité d’enseignant, d’intellectuel et vous refusez d’admettre votre homosexualité?''. Catégorique, Tamsir Jupiter Ndiaye assène en insistant sur les mots: ''Je-ne-le-suis-pas. C’était dans une situation de spontanéité.''

 

Long soupir

 

Entendu également, Matar Diop Diagne semble dire que le chroniqueur a bel et bien préparé son coup. Selon lui, lorsqu’il a rencontré fortuitement Tamsir Jupiter Ndiaye au rond point Sandaga, celui-ci l’a invité à son lieu de travail pour une partie de plaisir. Après avoir décrit les gestes préparatoires, Matar Diop Diagne pousse un long soupir avant de s’emmurer dans un silence. Le juge Sèye s'avise alors de l'en sortir: ''Et vous avez passé à l’acte?'' Bras croisés, le jeune garçon acquiesce de la tête. Sa gêne se dissipe vite lorsqu'arrive le moment de revenir sur les circonstances de la bagarre avec son co-prévenu. ''Après l’acte sexuel, il a voulu me remettre 5 000 francs au lieu des 100 000 francs convenus'', renseigne-t-il. ''Comme j’ai refusé de partir, il m’a poignardé au bas-ventre'', poursuit le jeune Diagne. Le chroniqueur rectifie à ce propos en déclarant qu’il voulait juste apeurer son co-prévenu qui aurait voulu exercer ''un chantage'' sur lui en menaçant de faire un scandale. ''Je ne lui ai jamais promis 100 000 francs. Comment quelqu’un qui n’a pas encore acheté un mouton pour la Tabaski et des habits peut-il se permettre d’offrir une telle somme?'' souffle le chroniqueur.

 

''Vous aurez la société sur votre dos si...''

 

Cependant, loin d’être convaincu par les arguments de défense des prévenus, le représentant du parquet a requis deux ans ferme contre Tamsir Jupiter Ndiaye. Et un an contre Matar Diop Diagne. ''Si vous les condamnez à une peine faible, vous aurez la société sur votre dos'', appuie le parquetier. ''N’en rajoutez pas! Tendez lui la perche, ne l’écrasez pas. C’est un grand intellectuel et il est déjà condamné, diminué'', réplique Me Khassimou Touré conseil de Tamsir Jupiter.

Plaidant la clémence pour le CBV et la détention illégale d’arme, Me Touré estime que le délit d’acte contre nature n’est pas établi, et même s’il y a aveu dans ce sens. Matar Diop Diagne qui n’a pas commis d’avocat a demandé tout juste au juge de diminuer la peine requise par le parquet. Il réclame la somme de 200 000 francs pour cause de préjudice.

 

Délibéré, dans une semaine, soit le 24 prochain.

 

ASSANE MBAYE

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