Publié le 7 Mar 2019 - 19:48
JUGEMENT DES JEUNES ARRÊTÉS A THIÈS JEUDI DERNIER

Fortunes diverses pour les six prévenus

 

Le tribunal des flagrants délits de Thiès a prononcé, hier, la relaxe et des peines assorties du sursis contre les jeunes de Rewmi arrêtés lors des manifestations qui ont éclaté juste après la proclamation des résultats officiels provisoires par la Commission nationale de recensement des votes.

 

Hier, la grande salle du tribunal des flagrants de Thiès a refusé du monde. La foule est venue soutenir les six sympathisants et militants du parti Rewmi d’Idrissa Seck, arrêtés le jeudi 28 février, lors des manifestations qui ont éclaté juste après la proclamation des résultats officiels provisoires par la Commission nationale de recensement des votes. Devant la barre, Thierno François Kamara, Mamadou Mansour Mbaye, Mor Fall, Cheikh Touré, Abdou Niang et Amadou Moctar Thiam, tous poursuivis pour rassemblement illicite, violences et voies de faits, destruction et dégradation de biens appartenant à autrui, notamment la station Total jouxtant l’avenue Léopold Sédar Senghor, ont rejeté en bloc les accusations.

Certains ont même juré devant Dieu et devant les hommes n’avoir jamais participé à cette journée de contestations. Au contraire, disent-ils, il faut préserver les acquis en matière de développement de la ville de Thiès. ‘’Pourquoi détruire ces biens qui appartiennent à la population thiessoise ?’’, s’est interrogé, devant le juge, Amadou Moctar Thiam, élève dans un établissement privé de la place. Le potache dit n’avoir pris part à aucune manifestation le jour J. ‘’Je ne sais même pas pourquoi j’ai été arrêté par le police. Je l’ai été à 16 h, alors que je venais de descendre de l’école. Je ne sais toujours pas pourquoi je suis à la barre. Je jure que je n’ai pas participé à cette manifestation qui a abouti à la destruction des biens d’autrui’’, a insisté le collégien.

Les regrets des prévenus

Tout comme Amadou Moctar, Thierno François Kamara, appelé en premier à la barre et considéré comme le cerveau de cette affaire, a aussi nié tous les faits qui lui sont reprochés. ‘’Monsieur le Président, j’ai été arrêté pour des raisons que j’ignore. Je n’ai pas participé à cette manifestation’’, dit-il. Cependant, juste après cette réponse fournie au tribunal, le jeune Kamara a été pris au piège par le maitre des poursuites. Le procureur lui a notifié de sa présence sur les lieux. Ensuite, il lui a rappelé qu’il a été filmé sur le théâtre des opérations tenant, par-devers lui, deux pierres entre les mains. Le prévenu, qui ignore même que sa photo a atterri au commissariat, est resté silencieux, avant de se défendre : ‘’En tout cas, je n’ai incité personne à la violence, comme il a été dit.’’

Ainsi, tour à tour, le pool des avocats de la défense, dont Me Cheikh Tidiane Mbodj, ont estimé que les jeunes ont ‘’désormais pris conscience’’. Ils ont convoqué une application bienveillante de la loi pénale. Me Mbodj et Cie ont plaidé la ‘’relaxe pure et simple’’ de tous les prévenus pour insuffisance de preuves. Ils ont également demandé au président de contribuer, à sa manière, à l’apaisement du climat social, tel que voulu par le président de la République Macky Sall, nouvellement élu. A la fin des plaidoiries, les prévenus ont dit regretter leurs actes qui, selon eux, sont un frein au développement de la capitale régionale.

Le représentant du ministère public a requis une condamnation assortie d’un sursis contre tous les six prévenus. Mais, à l’arrivée, le président en a décidé autrement. Quatre relaxés et deux autres condamnés à 3 mois avec sursis. Car, dans les procès-verbaux, il est ressorti quelques éléments de preuve qui épinglent Mamadou Mansour Mbaye et Thierno François Kamara, agent municipal dans la commune de Thiès-Ouest dirigée par Alioune Sow qui, d’ailleurs, s’est réjoui de ce jugement. A signaler aussi qu’Hélène Tine, membre de la coalition Idy2019, a assisté au procès. 

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

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