Publié le 20 Mar 2012 - 11:56
KAFFRINE

Dans la chaleur d'une ville calme

 

Le soleil a tôt dardé ce dimanche, jour d'élection présidentielle du 26 février, ses rayons de plomb sur Kaffrine, ville au centre du Sénégal, à 213 km de Dakar. Mais les électeurs se sont déplacés en masse pour accomplir leur devoir civique. Et jusqu'à 14 heures, malgré la hausse de la température, ils étaient encore dans les rangs à attendre patiemment leur tour d'entrer dans leurs bureaux de vote respectifs du centre de TP (Travaux publics), situé juste derrière un bâtiment en construction qui, dit-on, va abriter le futur hôtel de ville de cette capitale régionale. Dans le calme. Mais cette atmosphère relax a vite laissé place à une petite grogne provoquée par les plats servis par les cuisiniers désignés pour préparer le repas des personnes siégeant pendant l'élection dans les bureaux de vote. ''Le repas peut attendre encore ; on ne peut rester encore sous ce chaud soleil à attendre que vous preniez votre déjeuner. On risque de crever. Ils n'ont qu'à observer le jeûne exceptionnellement pour aujourd'hui'', s'élèvent des voix depuis les files d'attente. Ces cordons bleus ont eu la confirmation qu'on ne joue pas avec les nerfs de personnes agressées par des rayons corrosifs. Un peu plus tôt, le président du Conseil régional de cette région a aussi bravé cette chaleur pour venir voter à l'école Tagouthie Waly Ndao, communément appelée École 1. Au moment où les populations de Dakar se plaignent de l'extrême fraîcheur hivernale, la ville de Kaffrine, elle, baigne déjà dans la chaleur estivale qui règne sous les tropiques. ''Je constate que le scrutin se tient, comme d'habitude, dans la sérénité dans l'ensemble du Ndoucoumane, relève Babacar Gaye. Ici, les relations sociales nous épargnent certaines tensions notées ailleurs. Regardez, je suis venu sans garde du corps''.

 

 

Ville sûre

 

Dans cette contrée située au centre sud du Sénégal, et à environ 250 km de Dakar, les contrastes sont assez frappants. Même sur le plan sécuritaire, cette ville vit dans l'indifférence totale. ''Quand les manifestations anti-Wade ont gagné presque toutes les villes du pays, Kaffrine était en paix. La seule fois que cette ville a été secouée, c'était lors de la colère des élèves qui ont emballé un peu tout le monde dans ce sens'', fait remarquer un confrère journaliste, correspondant d'une radio dans cette région. ''Il n'y a pas de grosse infraction, note le Commissaire central de Kaffrine. Cela est lié à la sociologie et la mentalité des populations. Les infractions les plus fréquentes sont les petits larcins, les vols de téléphones portables. Il y a aussi les problèmes de ménage''. Il poursuit : ''La ville est très calme contrairement à Thiaroye (banlieue de Dakar, ndlr) où j'ai servi. Il n'y a pas d'agression. Le seul meurtre que j'ai constaté depuis mon arrivée ici il y a plus d'un an, a eu lieu lors du combat Tyson-Balla Gaye 2. C'était un passionné de lutte qui avait administré un coup mortel à un autre''.

 

De jour comme de nuit, les populations de Kaffrine déambulent dans les rues. Les restaurants et gargotes vibrent calmement, les conducteurs de moto-taxi roulent en toute quiétude. ''Depuis que je suis arrivé dans cette ville, je fais mon travail dans la sérénité. Je roule jusqu'à des heures tardives de la nuit sans être inquiété, témoigne un jeune Malien de 34 ans. Le seul cas d'agression dont j'ai eu écho a été perpétré à Boulèle, un village environnant. Les malfrats ont arraché une moto à un de nos gars''. ''La sécurité, c'est ce qui fait la particularité du Ndoucoumane. C'est parce que les gens sont dépourvus d'égoïsme. Chacun veut du bien pour son voisin'', conclut un autre conducteur de moto-taxi de 32 ans, El hadji Baba Wilane, qui attend sagement les clients devant la station. Dans le Ndoucoumane, la chaleur est donc loin d'agresser les populations.

 

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