Publié le 4 Dec 2017 - 15:39
KHALIFA SALL, KARIM WADE ET CREI

Ismaïla Madior Fall ignore les sujets qui fâchent 

 

Hier, lors du vote du projet de budget 2018 du ministère de la Justice, les ombres de Khalifa Sall et de Karim Wade ont plané sur l’hémicycle. Durant leur intervention, les députés de l’opposition ont interpellé le ministre de la Justice sur ces deux personnalités. Leurs questions sont tombées dans l’oreille d’un sourd, puisque que le Garde des Sceaux, le Professeur Ismaïla Madior Fall, a préféré accentuer ses réponses sur le fonctionnement de la Justice dans toutes ses composantes.

 

Le retour de Karim Wade, en ‘’exil’’ au Qatar depuis son élargissement de prison en juin 2016, et la levée de l’immunité parlementaire de khalifa Sall ont été les préoccupations majeures des députés de l’opposition, hier, lors du vote du projet de budget 2018 du ministère de la Justice. ‘’Quand est-ce que le cas appelé Karim Wade sera là parmi nous, puisque vous l’avez forcé à l’exil. 2019 est proche et nous aimerions qu’il soit là le plus rapidement, car c’est notre candidat’’, a lancé la parlementaire libérale Ndèye Marie Sow à l’endroit du Garde des Sceaux. Son collègue de la Diaspora, Nango Seck, d’emboucher la même trompette. ‘’Comme vous avez la capacité de le faire sortir du pays à 2h du matin à bord d’un jet privé, donc vous devez être en mesure de nous dire à quand son retour. Car quoi qu’on dise, il y a des Sénégalais qui sont derrière lui et il est le candidat du PDS’’, a renchéri M. Seck.

Seulement pour le député socialiste, cette question devrait plutôt s’adresser à leur collègue Me Madické Niang. ‘’Si vous voulez savoir à quand le retour de Karim Wade, demandez-le à votre collègue qui est là. Il avait participé à son départ et l’a même installé. Et même lorsque son père vient au Sénégal, c’est lui qui l’accueille’’, a asséné Cheikh Seck en désignant du doigt l’avocat parlementaire. D’ailleurs, c’est la seule réponse obtenue par les deux députés, car en prenant la parole pour répondre aux différentes interpellations, le Professeur Ismaïla Madior Fall a fait un black out total sur le ‘’cas Karim Wade’’. Idem pour les questions relatives à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), car des parlementaires ont voulu savoir le montant recouvré dans le cadre de la traque des biens mal acquis, les lenteurs notées dans les dossiers qu’elle instruit.

‘’Des rapports de corps de contrôle dorment dans les tiroirs’’

Cependant, concernant Khalifa Sall qui était aussi au centre des débats, le ministre de la Justice s’est gardé d’évoquer le fond du dossier. Mais il a donné des éclairages par rapport à l’immunité parlementaire, sans pour autant citer le nom du maire de Dakar. En effet, plusieurs députés ont dénoncé la procédure. Mamadou Lamine Diallo, le premier à ouvrir le bal, a dénoncé le fait que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ‘’soit piétiné pour jeter en pâture un collègue’’. ‘’Nous avions la possibilité de demander la suspension des poursuites jusqu’à la fin de sa mandature, mais nous avons choisi honteusement de le jeter en pâture’’, s’est désolé Aboubacry Thiaw. Pour Déthié Fall, les violations ont commencé depuis l’arrestation jusqu’à la levée de l’immunité parlementaire du député-maire. Pis, a-t-il fustigé : ‘’on a des rapports de corps de contrôle qui dorment dans les tiroirs. S’ils étaient traités avec la même célérité que l’affaire Khalifa Sall l’a été, on pourrait dire qu’il y a une justice juste’’.

De l’avis du Garde des Sceaux, la procédure de levée de l’immunité parlementaire ne souffre d’aucun grief. Selon le ministre, le Sénégal a pris l’option de protéger ses parlementaires, car dans des pays comme l’Angleterre, les USA, l’immunité parlementaire n’existe pas. En France, dit-il, ‘’c’est le bureau de l’Assemblée nationale qui se penche sur la question or, ici, les choses se font en plénière avec des débats contradictoires’’.  

FATOU SY

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