Publié le 4 Mar 2016 - 03:24
KOLDA- RUPTURE DES LIENS MATRIMONIAUX

132 divorces prononcés entre 2014 et 2015

 

En 2015, 66 divorces ont été prononcés par le tribunal d’Instance de Kolda, sur 114 demandes de divorce. En 2014, il y a eu le même nombre de divorces (66) pour cette fois-ci 97 demandes enregistrées. Des chiffres en hausse par rapport aux années précédentes.

 

A Kolda, le divorce prend de l’ampleur, d’année en année. Selon les informations révélées par le greffe du tribunal d’Instance de Kolda, à la base de ces ruptures, il y a, entre autres, l’infidélité, le manque d’affection ou de soutien, l’abandon de la famille conjugale, le mauvais caractère, le comportement abusif, notamment la jalousie, les désaccords concernant l’avenir, les changements de mentalités, l’incompatibilité, la perte d’emploi, les dettes, l’immixtion des beaux-parents dans les affaires du couple, l’activité professionnelle et la garde des enfants.

Il arrive que le divorce ne soit pas prononcé. Un greffier s’en explique. « Les demandes non satisfaites s’expliquent par le fait que la plupart des plaignantes rencontrent des problèmes pour fournir les dossiers nécessaires au déclenchement de la procédure de divorce. Ou bien elles arrivent à régler le problème à l’aimable.» Une autre source judiciaire de dire : « Le divorce a pris de l’ampleur dans la capitale du Fouladou. Et quand la famille souffre, les enfants payent de lourds tributs. Le divorce impacte sur le taux de filles-mères, la délinquance juvénile etc. » D’ailleurs, à ce propos, Mactar Baldé, instituteur de profession, invite à réfléchir et à faire des recherches et des analyses sur ces multiples ruptures matrimoniales.

Les femmes à l’origine de la majorité des divorces

Nos interlocuteurs renseignent que ce sont les femmes qui demandent le plus souvent le divorce. Elles sont à l’origine des divorces contentieux. A en croire Moussa Cissé, un notable du quartier Doumassou, par le passé, c’étaient les hommes qui prenaient l’initiative de la majorité des divorces. En partie, parce que les femmes, sans activité professionnelle pour la plupart, dépendaient de leurs maris. Mais aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire.

Interrogées sur la question, la plupart des femmes pointent du doigt leur belle-famille et le manque d’affection et de soutien de leurs maris. C’est le cas de Diénabou Diamanka, une femme mariée à un émigré. A l’en croire, elle fait partie des femmes qui ont vécu un calvaire dans leur domicile conjugal. « J’avais de bons rapports avec lui. Nous avons scellé le mariage en 2000. Mais une fois en Europe, en 2006, j’ai commencé à avoir des problèmes avec les membres de ma belle-famille, surtout ma belle-mère et les sœurs de mon mari. Elles m’accusaient de détourner l’argent de mon mari pour d’autres fins. Parfois même, la jalousie les poussaient à demander à mon mari de ne plus m’envoyer de l’argent, mais de l’envoyer à leurs noms. Ne pouvant plus supporter les insultes, les moqueries, je suis partie », dit-elle.

D’une voix pleine de regret, Awa Seydi confie qu’elle a vécu dans la maison conjugale pendant plusieurs années, sans voir l’ombre de son mari qui vit en France depuis belle lurette. « Malgré le manque d’affection, j’ai accepté de rester dans sa famille, tout en espérant un jour le voir. La seule fausse note, c’est qu’avant son départ pour l’Europe, nous avons passé deux ans ensemble sans avoir d’enfant. Lorsqu’il est parti, il n’envoyait pas d’argent et appelait rarement au téléphone. Mes parents me demandaient toujours d’être patiente. Après plusieurs années sans nouvelle de mon mari et sans argent, je ne pouvais pas rester dans la maison conjugale, car les membres pensaient que je lui portais malheur. Ils ne me vouaient plus aucun respect. C’est ainsi que le divorce a été prononcé », explique-t-elle.

D’un calme olympien, Aïssatou Diallo a pourtant vécu une grosse désillusion. Elle s’est mariée lorsqu’elle faisait la classe de 16e. « Nous avions convenu qu’une fois mon baccalauréat en poche, j’allais continuer mes études à l’université, afin de devenir une avocate. A ma grande surprise, quand j’ai eu mon diplôme, mon mari m’a demandé d’arrêter mes études. Il ne voulait pas d’une femme qui ne s’occupait pas de ses enfants. Ce qu’il voulait, c’est que je reste à la maison surveiller nos enfants. Pour lui, laisser une femme loin de son mari, c’est la pousser à faire une prostitution déguisée. Après plusieurs médiations, il n’a pas voulu entendre raison. Finalement, nous avons décidé de divorcer. »

EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)

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