Publié le 20 Jul 2014 - 16:18
L’ŒIL DES SPECIALISTES

Les hommes au bout de l’infidélité

 

‘’Plus de la moitié des hommes mariés sont infidèles’’, lâchent nombre de personnes interpellées. Si cela sonne comme une évidence, rares sont ceux qui savent que les infidèles souffrent d’une crise d’identité. Le psychothérapeute et sexologue Gérard Leleu pousse plus loin dans les explications. Si des raisons biologiques, économiques, émotionnelles sont avancées de part et d’autre, lui tranche le débat. 

Il souligne que ‘’l'infidélité relève d'une structure fondamentale et que certains êtres éprouvent des désirs tous azimuts. Mais cela révèle souvent un état de manque profond, qu'il faudrait peut-être analyser par un travail personnel. Et cette quête permanente de la femme que mènent certains, traduit sans doute un manque d'amour de soi et d'affirmation. Ce manque conduit donc à cette position de mendiant d'amour. Alors que l'amour, nous l'avons en nous, dans notre noyau’’.
 
Le psychothérapeute estime donc que seuls les grands esprits savent faire preuve de fidélité.  ‘’La fidélité est, en effet, une manière de prouver à l'autre qu'on l'aime. Bien qu'en réalité, dans l'amour, il n'y a pas de telles preuves à donner : on est fidèle parce qu'on aime ! Je considère également que la fidélité n'est pas une question de moralité, mais de respect de soi et de l'autre.’’
 
Insatisfaction émotionnelle et pauvreté
 
Dans d’autres études, une majorité d’hommes ont avancé qu’ils n’ont pas toujours été guidés par leurs pulsions ‘’mâles’’. ‘’L'insatisfaction émotionnelle est une des raisons majeures de leur infidélité et seuls 8% ont parlé d'insatisfaction physique.’’ Ce qu’a révélé une étude réalisée sur un échantillon de 200 hommes en France.
 
Pour le sociologue, Pr El Hadji Sidy Niang, les problèmes qui minent un couple ne peuvent constituer une raison valable pour justifier et légitimer l’infidélité. La thèse économique est plus plausible à ses yeux. Dans cet ordre d’idées, il avance, entre autres causes, ‘’la pauvreté, le sous emploi, le chômage, le vice, l’envie, la volonté de puissance et de domination masculine, le goût de l’argent facile, le besoin de satisfaire des besoins extraordinaires liés au luxe’’.
 
D’ailleurs, ajoute-t-il, le fait que le sous-emploi ait atteint 30% de la population active n’est pas à écarter. ‘’La difficulté pour trouver un emploi est réelle et cet état de fait est dû en partie à l’absence de formation. Selon les statistiques de la Banque mondiale, seule une personne sur cinq travaille à plein temps au Sénégal. ‘’
 
Catégories d’infidélité
 
Une thèse corroborée par Charlotte Le Van, une sociologue française qui classe, dans une étude sur la question les infidèles en quatre catégories. Elle souligne que des hommes ont versé dans ce cercle, parce qu’ils sont ‘’devenus père, ont perdu leur emploi ou désirent une promotion professionnelle’’. Avant de préciser : ‘’bien évidemment, l’infidélité est surtout l’apanage de ceux qui ne parviennent pas à entretenir des rapports exclusifs avec une seule femme et trompent régulièrement leur compagne. La raison ? Peur de l’engagement, besoin de connaître de nombreuses partenaires sexuelles ou encore insatisfaction dans le couple.’’ D’autres vont avancer comme arguments : l’ennui, le manque de mordant dans la vie de couple.
 
Autre réalité, les infidèles arborent des casquettes différentes. Parmi eux, certains entretiennent ‘’les infidélités instrumentales’’. Pour la sociologue française, elles concernent ceux -là qui cherchent à faire mal à leur partenaire. ‘’La tromperie a un certain but : vengeance, désir de rupture, comportements sadiques (on a envie de "faire mal" à l’autre).’’ Viennent après ceux qui tentent ‘’l’’infidélité comme expérience’’. Elle est perçue comme une évolution de la société, et regroupant ceux qui justifient la tromperie par une recherche de maturité sexuelle : ‘’Nous nous sommes mis en couple trop jeunes’’, ‘’J’avais besoin de vivre plus d’expériences’’, etc.
 
Ce sont ‘’les infidèles chroniques’’ qui remportent la palme. Ceux-là ne se départiront jamais de ce manteau. Et pour cause, ils considèrent que c’est une ‘’composante de la vie de couple’’ : on conçoit les tromperies comme des éléments normaux d’une vie de couple. Les infidèles chroniques regrettent leurs actes, mais recommencent. 
 
Matel BOCOUM
 

 

Section: