Publié le 29 Sep 2016 - 11:22

L’Apr tient-elle son rang de parti au pouvoir ?

 

Jamais, depuis sa création en 2008, l’Alliance pour la république (Apr) n’est allée seule, sous sa propre bannière, à une élection nationale. En 2009, lors des élections locales, l’Apr s’est diluée dans la coalition « Dekkal ngor ». Depuis 2012, l’Apr est perpétuellement remorquée par la coalition « Benno Bokk Yaakaar » et s’est toujours vautrée dans ce confort. Personne ne peut mesurer alors, avec exactitude, la proportion de l’apport réel de l’Apr dans le score global des coalitions auxquelles elle s’est arrimée à travers le temps dans les différentes élections au sortir desquelles le parti présidentiel a claironné et revendiqué tout haut la victoire. De là à en déduire que « l’armée mexicaine », ce parti veinard car arrivé au pouvoir au bout de 4 années seulement d’existence, qui plus est n’est pas encore structuré, ne tient pas son rang de parti au pouvoir, il n’y a qu’un pas que nous franchirons allègrement. Les arguments ci-après s’emploieront à conforter cette thèse.

Dans le débat politique et économique ou sur les autres questions de haute importance qui intéressent la vie de la nation sénégalaise, il est rare de distinguer des responsables de l’Apr, qui soient des têtes bien faites et qui s’illustrent dans des discours de haute facture, sous-tendu par une expertise et un background éprouvés. Quand le niveau du débat est très relevé, les apéristes peu outillés à ce niveau, battent en retraite, font profil bas et rasent les murs. Par contre, quand il s’agit de faire de la politique politicienne, l’on subit tous les jours le supplice d’entendre les élucubrations stériles émanant de la galaxie apériste ; Et ça vole très bas, à tous les niveaux, avec des propos orduriers comme puisés du fond des caniveaux.

Dans ce registre, les insulteurs publics que sont Youssou Touré et ou Ameth Suzanne Kamara, qui n’ont que l’injure à la bouche, remportent la palme. Les porte-parole du parti, Seydou Guèye et son adjoint Abdou Mbow, sont tout le temps sur la défensive, avec  toujours des réactions épidermiques, à contre-temps et très maladroites, face aux actions de l’opposition. Pendant ce temps, leurs adversaires politiques sont déjà passés à autre chose. A chaque fois que Macky Sall, secrétaire général de l’Apr est critiqué, c’est une levée de boucliers et le branle-bas de combat dans la confusion générale  et le désordre indescriptible. On ne sait pas qui est habilité à parler officiellement au nom du parti et qui ne l’est pas. C’est à qui se fera distinguer le plus dans la bêtise et le ridicule.

Pilotage à vue

Un vrai « sabar gu tass ». Aucun sens de l’initiative, aucune pro-activité, à l’image de leur mentor de Macky Sall qui manque cruellement de vision et qui fait donc dans le pilotage à vue dans la conduite des affaires de la nation. Résultat des courses : ça va dans tous les sens et le Sénégal à la dérive fonce tout droit vers le précipice voire les cascades.

Les apéristes qui siègent dans le gouvernement n’en mènent pas large. Leurs fonctions ministérielles ne les rendent pas plus élégants dans le verbe et dans l’analyse. Quand les Thierno Alassane Sall, Sidiki Kaba ou Mbagnick Ndiaye ouvrent la bouche tout le monde se bouche les oreilles. Avec de tels individus, au discours aussi pauvre, on mesure à quel point la fonction de ministre a été banalisée, dévaluée, discréditée et décrédibilisée sous le régime dit de la deuxième alternance. La faute au président Macky Sall d’avoir pris n’importe quel mariole pour l’élever à la dignité de ministre. Leur patron de premier ministre n’est pas en reste. C’est même la déception totale, au regard de la propension du sieur Momo Dionne de s’ériger en défenseur impénitent de la famille du président de la république, assortie de menaces contre les « mal-pensants ».

A l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô (2ème vice-président de l’institution), Moustapha Diakhaté (président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar), Seydina Fall « Boughazelli » ou Aïssatou Diouf (députés) font pitié et ternissent l’image du député-représentant du peuple en profanant sans cesse l’hémicycle à travers les bordées d’injures qu’ils y abreuvent leurs collègues parlementaires de l’opposition. Dans le cercle de la « protection rapprochée » du président Macky Sall, les ministres-conseillers Mor Ngom ou Benoît Sambou, le conseiller spécial Abdourahmane Ndiaye, le ministre-directeur de cabinet Oumar Youm, la ministre d’Etat Marème Badiane ou l’envoyée spéciale Mimi Touré sont dans leurs rôles de cerbères qui défendent ardument « le Macky ».

Du côté des communicants, hâbleurs impertinents, si Yakham Mbaye ne passe pas son temps à s’étriper avec El Hadji Hamidou Kassé dans la cour du palais présidentiel, il livre un « mortal Kombat » avec son frère ennemi Abdoulaye Diouf Sarr. Un combat fratricide qui passe pour être une prolongation de la bérézina de l’élection des conseillers du HCCT dans ce qu’il est convenu d’appeler « la bataille de Dakar ». A chaque fois que les garnements de la Convergence des jeunesses républicaines (COJER) s’agite, c’est pour réagir aux offensives de l’opposition, avec retard, mais tout juste pour proférer des injures, largement reprises et relayées par les médias d’Etat (la RTS, Le Soleil) en dépit des mises en garde répétées du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). Ces enfantillages de la classe biberon du parti, représentée par Thérèse Faye Diouf, démontrent l’immaturité, l’indiscipline caractérisée, ainsi que le discours puéril et irrespectueux de sauvageons à l’égard de leurs aînés.

Du côté de « snipers » et flibustiers marrons-beiges, l’administrateur du parti, Maël Thiam, sort de son trou à intervalles irréguliers, pour délirer un temps avant de se terrer de nouveau. A l’image du fantomatique Mahmouth Saleh, grand théoricien des « coups d’Etat rampants, assis ou debout », et qui a subitement disparu de la circulation sans crier gare.

‘’500 débatteurs’’

Mame Mbaye Niang, qui représente le visage hideux de l’Apr et qui se réserve le sale boulot de cristalliser tous les rancœurs que les Sénégalais peuvent avoir à l’égard de ce parti, a tout de même un mérite, celui d’avoir le courage de monter au front et d’aller au charbon pour défendre Macky.

Les transhumants et militants de la 25ème heure, comme les ministres Oumar Guèye ou Ali Ngouille Ndiaye, font dans l’excès de zèle et pulvérisent tous les records d’hypocrisie pour donner des gages de loyauté au président Macky Sall.

En dehors des cercles gouvernemental et parlementaire, les Directeurs généraux des sociétés nationales, apportent leurs contributions en mettant les biens et moyens de service public à eux confiés, à la disposition du parti-Etat. C’est le cas du DG Moussa Diop, qui a fait peindre  aux couleurs de l’Apr les bus et abris-bus de « Dakar Dem Dikk ». Le DG de l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS) en a fait de même avec les murs du hall de départ de l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Cheikh Kanté a transformé le Port autonome de Dakar dont il est le directeur général, en une agence de recrutement de militants de l’Apr. Quant à Abdou Karim Sall, il est plus présent sur le terrain politique que dans la gestion correcte de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP). Idem pour Racine Talla et Cheikh Oumar Hanne, respectivement Directeur général de la RTS et du COUD. Me Djibril War, directeur de l’Ecole du parti Apr, ne nous démentira pas. Les « Université d’été » du parti sont tout juste des grands-messes pour tirer sur l’opposition. (…)

On est encore très loin, avec le Parti Socialiste (PS), des fameux « intellectuels organiques » regroupés à l’époque au sein du Club Nation et Développement (CND), du Centre d’Etudes, de Recherches et d’Education Socialistes (CERES) du régime du Président Léopold Sédar Senghor ou du Groupe d’Etudes et de Recherches (GER) dirigé par Ousmane Blondin Diop, ainsi que du Groupe de Recherche pour un Sénégal Nouveau (GRESEN) du Pr Iba Der Thiam sous le régime du Président Abdou Diouf. Ou encore de la Cellule Initiatives et Stratégies (CIS) du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) sous le régime du président Abdoulaye Wade. Une structure de cadres libéraux alors dirigée par un certain Macky Sall.

Toutes ces structures que voilà, opéraient, à l’époque, dans la réflexion stratégique et la prospective, qui apportaient le levain fortifiant et inoculaient la sève nourricière au parti auquel elles étaient affiliées, lui conférant cette vitalité et cette tonicité, gages de son dynamisme et de sa longévité. Rien à voir avec ces ersatz et succédanés de « structures des cadres » des partis politiques actuels, qui ne sont en fait que des regroupements d’activistes incultes, au discours pauvre, de bas étage et farouchement impertinent. Les grands intellectuels ou cadres éminents à même de relever le niveau du débat national sur tous les plans, sont aujourd’hui monnaie rare à l’Apr. Il faut rappeler à cet égard que Mimi Touré avait suggéré la formation de « 500 débatteurs » pour apporter la réplique au « camp d’en face » et ferrailler avec leurs contradicteurs. La bonne dame, la pauvre, s’était aperçue que les représentants de l’Apr étaient systématiquement laminés dans les joutes verbales sur les plateaux télé et dans les studios radio par leurs vis-à-vis de l’opposition, de loin plus aguerris, plus incisifs, plus combattifs, plus pertinents, plus percutants et plus convaincants. (…)

‘’Le commencement de la fin’’

Heureusement que les chants laudateurs du griot attitré du chef de l’Etat, l’honorable député Farba Ngom, a le don d’apaiser un Macky Sall excédé par les excès de ses collaborateurs et qui est tout le temps à deux doigts de péter un câble. A ce jeu de troubadour, il n’y a que les ex-journalistes Abdoulatif Coulibaly et Alioune Fall, (…), rejoints par l’ex-activiste du M23, Abdoul Aziz Diop, pour rivaliser avec Farba Ngom dans le dithyrambe, à travers leurs navets intitulés : « Le Sénégal sous Macky Sall. De la vision à l’ambition. Les réalisations à mi-mandat » (Abdou Latif Coulibaly), « Macky Sall contre vents marées » (Alioune Fall) ou « Macky Sall et la société du care : radioscopie d’une politique sociale » (Abdoul Aziz Diop).

Mais, tous ces porteurs de discours malheureux ont de qui tenir. On reconnaît l’arbre à ses fruits. N’est-ce pas leur patron et chef, Macky Sall, qui nous fait depuis quelques temps des adresses sur un ton comminatoire, qui brandit ses biceps pour faire peur à l’opposition qu’il veut « réduire à sa plus simple expression » ? A la tête d’une démocratie confirmée en Afrique, le président Macky Sall n’a rien trouvé de mieux à dire que de déclarer : « L’opposition doit subir ma politique, que ça plaise ou pas ».

Attendu sur le terrain du leadership pour redonner confiance à son peuple et  jouer pleinement son rôle de « père de la nation », le président Macky Sall s’est érigé en lutteur qui nous bassine avec ses « bàkk » fades et s’est auto-proclamé « le lion qui dort », un épouvantail et un avertissement contre tous ceux qui seraient tentés de troubler son sommeil, alors que les urgences dans ce pays sont telles que l’on doit tous rester en état d’éveil et se mettre plus que jamais au travail, et parler moins.(…).

Pourtant, à deux ou trois éléments près, toutes ces personnes citées plus haut représentent le nec plus ultra et ce qu’il y a de mieux à l’Apr. (…) Un parti qui ne doit son accession au pouvoir qu’à la faveur du destin fabuleux d’un homme : Macky Sall. Arrogance et désinvolture, voilà ce que les Sénégalais retiennent essentiellement des gouvernants actuels, comme si le changement de régime, le 25 mars 2012, n’avait pas servi à grand-chose. Et que les Mamadou Diop sont morts pour rien. Une formation politique aussi tarée n’est pas digne et ne mérite pas de porter le titre de parti au pouvoir, surtout que, de par ses pratiques, il ne prêche pas par l’exemple.

Son leader, le président Macky Sall, lapidé à l’Université de Dakar en juillet 2015, puis hué et chahuté à l’ONU, à New York en septembre 2016, est au creux de la vague et a même touché le fond avec le scandale sur le pétrole et le gaz qui a éclaboussé sa famille. C’est le commencement de la fin. Maintenant, il n’y a qu’à l’Apr où on n’en est pas conscient, car l’on y continue encore à rester dans sa bulle et à dormir sur ses lauriers au risque d’avoir un réveil dur et brutal lorsque la lame de fond qui s’annonce depuis quelques temps à travers des signes éloquents, balayera ce régime incompétent et coiffé par une formation politique qui n’a pas tenu son rang de parti présidentiel.

Pape SAMB

Nb : Certaines parties du texte ont été coupées.

Les intertitres sont de la Rédaction 

 

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