Publié le 18 Dec 2015 - 08:38
L’ECOLE, LE PREALABLE ET LES CONDITIONS DE L’EMERGENCE

Les ratés de l’instruction civique

 

La République est  bafouée dans beaucoup d’écoles. Celle de l’unité 26 en fait partie ; la construction  du citoyen de demain y est aujourd’hui entravée par une éducation déficiente selon   ses valeurs. La symbolisant, le drapeau  national souffre d’une absence totale de considération de la part des enfants qui font de son espace une aire de jeu et de danse. Or, la mission de l’Ecole  étant, selon la Loi 91-22 du 16 février 1991, en rapport avec le projet politique d’un « citoyen averti, responsable et respectueux de la nation et capable de participer au développement de son pays », le drapeau devrait être un outil pédagogique pour enseigner  les  notions abstraites  de Nation et de République,  et leur  comportement opposable.  

L’enseignement exigeant un cadre  émotionnel, il incombe à l’équipe pédagogique d’organiser  la levée des couleurs  dans une solennité  qui marque  l’esprit de l’Enfant, et à l’Enseignant(e) de lui  apprendre régulièrement ses multiples aspects, et le cas échéant, des valeurs humaines et sociales.   Ainsi, faute  de ce rituel dans notre école, la mise en berne  du drapeau n’a pas été respectée  avec le deuil national décrété pour compatir à la douleur des pays victimes du terrorisme.  Aussi, non régulé aux normes de la République, l’espace scolaire n’a pas permis, au moyen de « l’éducation des sens » que nos enfants soient initiés  «aux idées générales » comme celle de combattre la mort gratuite, silencieuse ou violente . Et de celle-ci, que soit induite une « pensée abstraite» de construire le bonheur individuel, dans une «  vie morale », à travers une citoyenneté  basée sur des réalités.  

Dans cette optique, se révélant un enjeu positif de l’éducation, le contrôle du milieu est gage de discipline et de protection développementale. Discipline, car l’intérêt  de la  régulation du milieu selon  le drapeau, c’est de respecter son espace et le quantum horaire  pour implanter le rituel. Protection, car étant constitué d’immaturité psychologique et de besoin relationnel à l’autre, et caractérisé par une curiosité et une propension  à ne plus se référer à ses parents,  l’accomplissement de l’enfant se trouve dans un cadre bienveillant qui, dans une démarche intellectuelle,  lui cultive un libre arbitre lui permettant de faire face à la complexité et la variabilité de l’environnement. Mais « son bonheur résidant dans la soumission à sa raison », il lui faut un objecteur de conscience qui, dans une démarche vertueuse,  oriente son libre arbitre dans la considération de sa personne, de sa famille et de son pays, pour construire des connaissances propres et faire preuve de compétences.

C’est faute de ce cadre stratégique au stade crucial de son cycle de vie, que l’enfant  se retrouve dans une  situation de danger de  vicieux  accomplissements, biologique et citoyen. D’une part, l’absence d’un accompagnement vigilant de sa crise développementale le  conduit  vers des pairs peu recommandables, vers des adultes qui abusent de ses vulnérabilités psychologique et économique en lui apportant affection et soutien. C’est  ainsi que, dans le cas des événements de Paris, incompréhensibles au pays de puristes de l’enfance/adolescence comme  ALAIN-FOURNIER, FRAINET, ZAY et RUFO,  il a rejoint des enfants de la  rue et des gangs, est  tombé dans des endoctrinements avec des mentors autres que ses parents et enseignants. D’autre part, l’insuffisance d’un subséquent encadrement entrave le développement de ses fonctions exécutives. Ce qui entache sa  libre détermination et  le rend sensible à la manipulation.  

Finalement, la montée des couleurs dépasse son aspect protocolaire. Ritualisée dans l’espace scolaire, suivant des  valeurs cardinales  de la Nation et de la République, elle revêt un aspect éducatif et développemental  de construction de la citoyenneté totale. En conférant à l’espace scolaire un milieu contrôlé, elle montre que l’école est la première « maison » du citoyen où, dès le jeune âge, sa construction est élargie et  son libre arbitre structuré pour constituer  un instrument valide de son bonheur individuel, de sa paix sociale et environnementale. Elle démontre aussi, bien qu’émanant d’un projet politique, sa réalisation est institutionnelle. P

ensée par des politiques,  elle est conçue suivant des réalités  par l’élite intellectuelle et  mise en œuvre par les acteurs  locaux  du développement, dont des enseignants dotés d’une conscience citoyenne, d’un sens élevée de la République et aux compétences confirmées. Au regard du citoyen à construire, selon  le projet politique et  la mission de l’Ecole,  dans toutes écoles, publiques ou non, confessionnelles ou non, d’enseignement général ou professionnel, il importe  que  la levée des couleurs soit  une activité versus résultat.  Le  projet éducatif  devrait, sinon en faire un des « éléments techniques » de sa logique interne, du moins l’envisager comme un « élément stratégique » de sa logique externe pour gérer toute  situation de risque de ne pas atteindre la finalité.

 Dr Aboubacry Yoro SY, Président de l’APE de l’Ecole 26, Advanced training of trainers, Ancien conseiller technique du ministère de la Santé et de la prévention ; hadysy26@gmail.com