Publié le 7 Sep 2015 - 21:30

L’enfant Kurde et la forteresse Europe !

 

J’ai la passion de l’information ! Et heureusement, devrait-on me dire, puisque les ‘’Nouvelles’’, c’est mon métier. Ce pourquoi je passe un temps considérable devant les chaînes d’informations en continu de la télévision que l’on peut capter chez nous. Or celles-ci, pour la plupart sont françaises, occidentales en tout cas.

C’est dire que je connais assez leur façon de faire et je connais aussi leur public puisque j’en fais partie. Enfin, pas tout à fait, quand même, car si je les regarde, ces chaînes, les vois et les entends, ce n’est pas du tout à moi qu’elles s’adressent pourtant. Je ne suis, en somme, qu’un resquilleur au stade pour un match de foot ou, pire, un voyeur penché sur le trou d’une serrure ! C’est que la ‘’mondialisation’’ numérique a ceci de bien ou de pervers qu’elle vous montre au monde entier, vous l’émetteur de nouvelles, le commentateur ou l’homme politique tel que vous êtes vraiment dans votre intérieur, votre intimité souvent sans fards et sans apprêts ni mascara comme au saut du lit et en petite tenue.

L’épisode de l’enfant mort en mer et rejeté sur une plage turque a fait aujourd’hui plus de 100 fois le tour du monde : il n’y a peut-être pas un seul être humain sur terre qui ne l’ait vu 2 ou 3 fois au moins. Le corps de ce malheureux petit Kurde, gisant sur le sable mouillé de cette côte anatolienne, a donné lieu à un déferlement compassionnel tel qu’il nous en a rarement été donné d’en voir. C’est tous les jours, pourtant, que des réfugiés meurent en mer Méditerranée en voulant rallier le continent européen et bien souvent  des enfants, si ce ne sont des familles entières. Mai non ! Il fallait que ce fût cet enfant et il fallait ce cameraman !

Toute l’Europe s’en est émue. Jusqu’à David Cameron lui-même, Premier ministre anglais dont la sécheresse de cœur confine quelquefois à de la caricature, qui en vient à proposer l’accueil au Royaume-Uni à des milliers de réfugiés ! Lui à qui la jungle de Calais, située à 30 KM de ses côtes, n’a cessé de donner de l’ulcère chaque jour qui passe ! Et Victor Orban, Premier ministre lui aussi mais à Budapest, qui a construit une barrière de barbelés le long de sa frontière avec la Serbie et des camps sur son territoire pour décourager d’abord et parquer ensuite, le cas échéant, les réfugiés qui voudraient traverser la Hongrie pour aller plus à l’Ouest. Ce même Orban, après quelques jours et quelques péripéties, a affrété des autocars et des trains spéciaux pour conduire les malheureux réfugiés vers des cieux plus cléments et des terres plus accueillantes que ceux de la belle Hongrie.

Et quels sont ces cieux cléments et ces terres accueillantes ? Vous ne me croirez pas ou alors à peine mais ce sont ceux de l’ancien Grand Reich allemand ! Oui, ce même Reich, que Herr Hitler voulait de 1 000 ans ! Hitler, oui, qui fit de la race et du racisme l’Alpha et l’Omega de toute politique comme Marx l’avait fait pour la lutte des classes ! Quel retournement ou quel paradoxe ! Car, pendant ce temps, la France, patrie proclamée des droits de l’Homme et du citoyen, gouvernée, de surcroît, par un Président de gauche ! La France donc se tâtait, se tâtait, se tâtait car, quotas ou pas quotas ? Là était toute la question.

 Enfin Hollande plongeait et se mettait dans les pas de Mme Merkel, la nouvelle tsarine, la nouvelle Catherine II de cette nouvelle Russie qui va de Brest en Bretagne à Lougansk en Ukraine ! A se demander, maintenant, qui a bien pu perdre la 2e guerre mondiale ! Puisque ce sont les vaincus de 1945 qui reprennent à leur compte et pour une bonne part les idéaux de leurs vainqueurs tout en leur refilant au passage la ‘’meilleure’’ ou la ‘’pire’’ partie des leurs ! Car, encore que l’on puisse avoir des doutes quant à l’Autriche à cause de Georg Haider, ce n’est pas en Allemagne qu’on pourrait voir une Marine Le Pen au deuxième tour d’une élection présidentielle si le Président y pouvait disposer d’autant de pouvoir qu’en France. C’est que les Allemands, s’ils sont arrogants, sont par contre loin d’être fous : pour le racisme, institutionnel ou rampant, ils ont déjà donné et l’ont payé méchamment ! Mais la France, malgré la parenthèse de Vichy, n’y a pas encore goûté. Du moins de son propre chef par sa propre et claire volonté. Mais, il y aura des élections en 2017 et il nous suffit d’attendre. Cela semble mal parti mais qui vivra verra ! 

Abdou Salam Kane

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