Publié le 28 Jul 2015 - 00:48
LA CHRONIQUE D’ABDOU SALAM KANE

Avant que le boulevard ne devienne Impasse ! 

 

Un consul général a été rappelé de Marseille, où était accrédité, suite à une interpellation policière. Ce n’aurait pu, n’aurait dû, être qu’un simple fait-divers, malheureux et un peu honteux aussi, mais voilà que, par le jeu détestable des petits positionnements dans l’équipe gouvernementale, l’on a vu un Secrétaire d’Etat s’en prendre publiquement au ministre plénier, suggérant qu’il fît presque naguère, sans qu’il en fût rappelé pour autant.

 

On en vient à se demander, vraiment, si Macky Sall a encore besoin d’une opposition, d’adversaires politiques ou d’ennemis acharnés à sa perte tant ses propres amis rivalisent d’ardeur pour lui savonner la planche ! C’est là un des sujets préoccupants. Voilà un Président, en effet, qui a eu une élection de Maréchal (65%) et dont l’ambition comme la bonne foi ne peuvent être contestées dans sa volonté de développer le pays et de moraliser sa vie publique, et qui se trouve pourtant comme englué dans toutes sortes de questions subalternes autour de positionnements politiciens ou crypto-personnels. Dieu lui avait pourtant offert tout un boulevard et voici que ses amis, quelques-uns, devrais-je dire, pour être tout à fait honnête, veulent en faire une impasse !

Le monde a vraiment changé ! Et je m’en vais faire le ‘’vieux con’’ en disant que, de mon temps, un tel éclat, non pas tel que le consul-général aurait fait dans les rues de Marseille, mais tel que le Secrétaire d’Etat en a commis un à l’endroit du ministre, aurait été proprement impensable. Et même, aurais-je tendance à croire que sous Wade, lui-même, ce qui n’est pas peu dire au plan du ‘’je m’en foutisme’’ général des règles et des pratiques républicaines, un écart de ce calibre et de cette ampleur et en matière d’affaires étrangères surtout, n’aurait eu aucune chance de se produire, pour ne pas dire de prospérer.

Le drame qui ne point pas mais qui sourd de cette affaire, c’est celui-là : Wade, en arrivant au pouvoir, a voulu ‘’faire du passé table rase’’ et il s’en ait fallu de peu pour que le drapeau ou l’hymne national, qui sont les nôtres depuis toujours, ne soient passés, aussi, au grand tamis de l’alternance de l’an 2000 ! En même temps que les hommes, il faut changer les méthodes, les principes, les procédures. Ce qu’il y avait avant, c’était du maniérisme, de la coquetterie et des falbalas qui empêchaient d’avancer et d’avancer vite. Or, disait-il, il fallait foncer et rattraper notre retard. Il a ainsi détruit toutes les règles et procédures qu’il pouvait et pour celles qu’il ne pouvait pas ou ne voulait pas, il s’est simplement assis dessus de telle sorte qu’aux yeux de tous, elles n’existaient, tout bonnement plus !

Ce qui fait, qu’à son départ, 12 ans plus tard, nous nous sommes retrouvés, être gouvernés par de nouvelles normes et règles : celles d’Abdoulaye Wade ! Lesquelles n’avaient rien à voir et même juraient-elles avec toutes espèce de normalité. Une jungle, en somme ! Wade a si bien fait que maintenant, dans ce pays, il faut presque marcher sur la tête au lieu que sur ses deux jambes ! Sinon, l’on passe vite pour un fou ou pour un  imbécile, ce qui n’est pas mieux !

Tous les concepts liés à la vie publique ou la vie sociale sont si complètement perdus que peu de gens, si complètement perdus, savent encore, non pas : ‘’qui est qui ?’’, mais vraiment ‘’qui est quoi ?’’. Ce que je veux dire, c’est que si tout le monde sait qu’’’untel est ministre de ‘ceci’ et ‘untel autre ‘ministre de cela’ ou directeur de ‘ceci’, bien peu intègrent les liens de toutes sortes que cette position particulière entretient avec la leur propre le lien hiérarchique, la dépendance, l’interdépendance même ? On s’en fout ! Tout le monde s’en fout du moment où chacun garde sa propre proximité avec la seule personne dont le seul avis compte, dispensatrice unique qu’elle est d’honneurs et de privilèges : le Président !

Cette façon, cependant, de faire sa cour au chef est funeste et pleine de dangers, d’abord pour lui le chef, et ensuite pour soi-même, car c’est scier, inconsciemment peut-être, la branche même sur tous les deux sont assis. Aujourd’hui, le Président Macky Sall a plus besoin d’amis que jamais. Il mérite d’être aidé et d’abord par ses amis. Ce n’est pas de nouveaux fronts à ouvrir ou à défendre dont il a besoin mais de pacification. Les orphelins de Wade lui-même, sûrement, se mordent aujourd’hui les doigts pour s’être crus plus forts que tout et tous : ils ont fait 35% après 12 années de pouvoir absolu. L’Histoire donne toujours des leçons de devoir du sage, c’est de les méditer.

AsaK 

 

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