Publié le 12 Oct 2013 - 20:09
LA CHRONIQUE DE KAKATAR

Le ‘’Lion’’ est mort ce soir…

 

 

Sénégal-Côte d’Ivoire. Chaque fois que ces deux pays se rencontrent, il y a toujours un supplément d'émotion qui s’invite dans le jeu. Que ce soit en basket ou en football. En guise de comparaison, c’est comme le couple franco-allemand. Relation ambiguë faite d’adversité, de compétition mais aussi d’histoire partagée. Alors, lorsque Les ‘’Lions’’ croisent les ‘’Eléphants’’ sur un terrain de football, c’est tout cela qui revient en surface, avec tout le complexe ‘’niak’’, ingrédient difficile à traduire qui renvoie aux liens difficiles à décrypter entre les deux peuples. Peuples qui auraient dû en faire un si les présidents Léopold Sédar Senghor et Félix-Houphouet Boigny, avaient fait preuve de dépassement pour intégrer nos histoires partagées sur la même trajectoire historique.  Mais le ‘’sage de Yamassoukro’’ et le ‘’poète de Normandie’’ ont passé une bonne partie de leur vie à se mesurer des épaules, comme deux gamins, en récréation. Sous l’arbitrage du colon, que sans doute un trait-d’union entre Dakar et Abidjan ne pouvait arranger. C’était la belle vieille époque d’une Afrique balkanisée, post-indépendance où chaque ‘’nation’’ s’est improvisée un hymne, un drapeau... Et pourtant on a tellement de choses à partager qu’il est bien dommage qu’on vive aujourd’hui encore reclus dans nos univers étriqués.

Toute modestie prise en compte, les sénégalais ont surtout aujourd’hui beaucoup à apprendre des Ivoiriens. Et sans nul doute ‘’l’Eléphant’’ est mieux adapté dans la savane qu’il  parvient à vivre plus de 100 ans, là où l’intrépide ‘’lion’’ carnivore invétéré, s’essouffle trop vite en traquant ses proies, bonnes sprinteuses. Le ‘’Lion’’ a beaucoup à apprendre de l’Eléphant qui, se nourrit plus facilement des herbes qu’il croise sur son chemin, au hasard de ses randonnées dans la brousse. Là où lui le lion, grille toute son énergie à poursuivre des proies difficiles à attraper. L’Ivoirien mieux adapté que le Sénégalais ?

Voilà en tout cas un pays qui, après près de 10 ans de tumultes, des centaines de morts, brûlés vifs dans les rues d’Abidjan et à la fin un Président qui se fait humilier, dimension mondiale, qui reprend donc son souffle. Un second souffle…Depuis Laurent Gbagbo est dans les nasses de la Justice internationale, alors que son pays,  dans une situation d’équilibre politique et social  bien fragile, est en train de renouer avec la croissance. Et comme un jeu de balance, c’est au moment où notre voisin ivoirien semble émerger à la surface que le Sénégal est comme tétanisé par une torpeur venue de nulle part. Ce sont peut être là les conséquences d’une ‘’sieste prolongée’’, rien de particulier ne se passe chez nous depuis bientôt deux ans.  On n’avance pas, ne recule pas, à l’image du match de football où l’on a vu de bons sénégalais, fatigués de jouer dès les premières minutes de jeu. Comme s’ils s’étaient trop reposés. Il semble d’ailleurs qu’à trop se reposer, on finit par se lasser du manque de mouvement.  Mais on pourra toujours se consoler. Très forts pour faire du  ‘’jengu’’ qu’on pourrait traduire par rebuffade, nos ‘’Lions’’ ont réussi à mettre un but dans les arrêts de jeu. A force de patienter dans la médiocrité, on finit toujours par être payés au hasard du jeu. Pathétique…

A la semaine prochaine pour un autre os à ronger…  

 

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