Publié le 27 Jun 2013 - 16:11
La Chronique de Magum Kër

Obama Is Here

 

Le président des États-Unis d’Amérique, la superpuissance hégémonique sur les affaires du monde, Barack Hussein Obama, est dans nos murs. Pour les bonnes consciences sénégalaises, le choix de leur pays est une consécration de leur démocratie et de leur stabilité. Des pays comme le Kenya, terre d’origine de son père et le colosse du continent le Nigeria, sont dits frustrés de cet assortiment qui les exclut alors que des élections régulières et non contestées ont assis leurs leaderships du moment, fussent-ils respectivement le fils du premier président Jomo Kenyatta et un ancien vice-président successeur constitutionnel d’un président décédé en cours de mandat, Goodluck Jonathan, un chrétien qui donne prise à l’insurrection islamiste. Outre que la sélection en soi relativise le sens de la démocratie, l’affirmation de Claude Julien, soutenue dans le contexte de la géopolitique des années 1970, reste pertinente : « Les États-Unis ont inventé la démocratie pour eux-mêmes, pas pour les autres.»

Claude Julien, spécialiste des États-Unis et journaliste au Monde, analysait une situation globale où les États-Unis étaient les alliés des régimes militaires autoritaires d’Amérique Latine, notamment. Ce qui éclaire d’une singulière lumière l’action des États-Unis de ces dernières années notamment au Moyen-Orient. Qui peut soutenir que la démocratie a été réellement installée dans l’Irak d’où les tueries entre Chiites et Sunnites se sont propagées de proche en proche dans le monde arabe, de la Syrie à l’Égypte en passant par le Liban ? Par contre, la démocratie s’est progressivement installée en Amérique Latine envers et contre la réaction américaine chaque fois pour peser sur le résultat du scrutin en faveur de ses alliés intérieurs contre des leaders populaires de gauche au Nicaragua, au Venezuela, en Bolivie, au Pérou et en Équateur, par exemple. Même le cas de Cuba peut leur être opposable à cause du blocus qu’ils lui imposent encore, alors que le régime castriste engrange des réalisations sociales et envisage des réformes politiques. 

Les États-unis sont-ils à l’apogée de leur puissance après les équipées militaires victorieuses au Moyen-Orient et en Extrême Orient, l’Afghanistan notamment où des Américains de souche, blancs anglo-saxons et protestants, convertis à l’islamisme radical, avaient porté les armes du djihad ? Les nouvelles dissidences d’abord du sous officier et analyste militaire Bradley Manning qui a mis à jour des secrets relatifs à la défense nationale dans le réseau Wikileaks, puis celle actuelle de l’ancien agent de la National security agency (NSA) Edward Snowden qui cherche refuge chez l’ennemi, ne sont-elles pas les prémisses de la décadence politique et morale d’une superpuissance qui incarnait jusqu’ici les valeurs suprêmes de la démocratie ? Le doute est désormais permis : les États-Unis d’Amérique ne sont pas la première puissance économique du monde si cette puissance doit se construire par une guerre de rapines contre des pays miniers alors que par le commerce et la coopération internationale, la Chine s’impose, selon le président Obama, comme «une puissance pacifique.»

L'indice majeur que les États-Unis ne sont pas en phase avec la politique sénégalaise de répression de l'enrichissement illicite est ce conflit qui les oppose précisément à l’Équateur vers lequel les États-Unis refusent d'extrader des banquiers convaincus d'extorsion de fonds et régulièrement jugés dans leur pays. Une logique de guerre froide perdure donc dans le rapport des États-Unis aux autres pays de la planète. Ce qui suggère que le choix du Sénégal relève tout autant de ses performances démocratiques que de son alignement sur la stratégie antiterroriste globale. Mais le poids de son histoire ne doit pas être un handicap pour les États-Unis, encore moins pour son président dès lors que ce pays a su sortir de l'esclavage, puis de la ségrégation raciale par une terrible guerre de sécession et par la lutte pour les droits civiques, les Blancs abolitionnistes et libéraux soutenant  les Noirs.

L'exemple le plus frappant du volontarisme des hommes qui a fondé la superpuissance mondiale est John Brown, cet abolitionniste blanc qui s'empara de la garnison de Harper Ferry avec 21 compagnons, « des Blancs et des Noirs », précise Langston Hugues. Il fut fait prisonnier par l'armée américaine, jugé et pendu. Sous peu, quand éclata la guerre de sécession, c'est cette armée de l'Union qui marcha au combat contre les sudistes en chantant la gloire du martyr  que son corps est dans la tombe mais que son âme est en marche. Et quand le Directeur du West african research center (WARC) Ousmane Sène évoque tous les grands officiers de nos forces armées qui ont été formés aux États-Unis, nous pouvons espérer que les accords militaires entre le Sénégal et les États-Unis d'Amérique serviront de justes causes. Notamment la paix en Casamance dont le diplomate émérite James Burlington a en charge la réalisation depuis sa nomination dans la fonction de conseiller en Casamance auprès de l'ambassade des États-Unis d’Amérique au Sénégal.

L'espoir est aussi permis depuis que la diplomatie américaine a décidé de prendre langue avec les Talibans et que leur très équivoque allié du Moyen-Orient, le Qatar, a ouvert un Bureau de représentation d'une certaine Fédération des émirats d'Afghanistan, appellation officielle de l’Afghanistan du temps du Mollah Omar, allié du défunt Oussama Ben Laden. Par deux fois, un vent de d'espoir a soufflé sur le monde, lors du mandat de John Fritzgerald Kennedy puis celui de Jimmy Carter, que la nation la plus puissante établisse la paix perpétuelle. C'était l'époque de la coexistence pacifique de pays de trois blocs à systèmes politiques différents. Cela devrait être plus dans le contexte d'un monde global et le Président Obama qui est à son dernier mandant ne devrait pas être chiche dans sa proposition de désarmement nucléaire qui devrait être total et sans exclusive pour sortir du vieux monde.    

                  
 

 

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