Publié le 1 Aug 2015 - 16:35
LA COMMUNAUTE UNIVERSITAIRE VIDE SON SAC DE PROBLEMES

Macky Sall au milieu d’une averse de doléances

 

Peut-être que c’est la saison des pluies qui a inspiré la communauté universitaire. En tout cas, une averse de revendications s’est abattue hier sur le Président Macky Sall. Durant toute une après-midi, les composantes de l’université ont rivalisé d’ardeur dans les doléances, la palme revenant aux étudiants.

 

Un président de la République est par excellence le réceptacle naturel des doléances d’un pays. Mais la pluie de plaintes qui s’est déversée hier sur Macky Sall, en visite à l’université, a manqué d’inonder tous les deux campus, pédagogique et social. Il n’est pas sûr que le chef de l’Etat ait pu enregistrer autant de réclamations dans les 13 régions où il a tenu des conseils de ministres décentralisés. L’averse a été tellement abondante que Macky n’a pu s’empêcher de rire, malgré la solennité de la cérémonie à l’Ucad II. Etudiants, professeurs et personnel d’appui technique et de service ont tous égrené leur chapelet de doléances avec frénésie.

Et puisque chaque catégorie a des préoccupations qui lui sont propres, commençons d’abord par les étudiants. Avant une quelconque réclamation sur leurs conditions de vie et d’études, les pensionnaires de l’Ucad ont d’abord exigé que toute la lumière soit faite sur l’affaire Bassirou Faye. Que ce soit à la salle de conférence de l’Ucad II ou au campus social, à chaque fois, celui qui a été désigné pour représenter ses camarades a exigé toute la vérité sur la mort de cet étudiant. ‘’Nous voulons que toutes les mesures soient prises pour que plus jamais pareille chose ne se reproduise ‘’, répètent respectivement Noël Leonard Baguidy et Serigne Taco Diagne, tous porte-parole des étudiants. Le dernier nommé, qui s’est exprimé au pied des nouveaux pavillons, a même demandé la construction d’un mémorial à la mémoire du défunt. Ils ont par ailleurs réclamé le respect des franchises universitaires.

Un autre point souligné par les ‘’fuels’’’ de Cheikh Anta Diop est la restauration des amicales des facultés toutes suspendues depuis des années, à l’exception de la fac de médecine, par l’ancien recteur Saliou Ndiaye. Les étudiants ont également dénoncé le nombre de décrets promulgués à la suite des concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur. Décrets qui, à leur avis, ne cadrent pas avec le document issu des assises et qui ont fortement perturbé le système universitaire. Toujours sur le plan pédagogique, les sociétaires de l’Ucad veulent une professionnalisation des filières, le renforcement de leurs capacités en anglais et informatique pour les besoins de la compétition mondiale. Il faut y ajouter également plus d’infrastructures et de matériel didactique pour étudier dans des conditions qui leur offrent des opportunités de réussite. Un plaidoyer particulier a été fait en termes de construction pour la faculté des Lettres et sciences humaines et celle de Droit, connues pour être ‘’la Chine’’ de l’Ucad. Mais les étudiants n’ont pas manqué non plus de dénoncer la non-maîtrise du master par les établissements et surtout leur privatisation dans certaines facultés.

S’agissant du volet social, les locataires du Coud ont fustigé les conditions d’hébergement et la qualité de la restauration jugée pas bonne. L’un d’eux suggère même ‘’une possibilité de sanction des repreneurs qui ne respectent pas les règles’’. Pour sa part, le représentant des travailleurs du Coud a cité trois difficultés majeures, à savoir la prise en charge médicale avec des dettes dues aux hôpitaux, la restauration et les capacités réduites d’hébergement. Dernier point relevé d’une liste loin d’être exhaustive, la décentralisation des sites de paiement des bourses et surtout une bourse à tous les étudiants sélectionnés en master.

Une fois les revendications des étudiants évacuées, arrivent celles des enseignants. Seydi Ababacar Ndiaye, chargé de porter les réclamations à l’intention du Président Sall, a axé son discours principalement sur trois points. La retraite difficile des enseignants, les budgets insuffisants des universités et le déficit en personnel enseignant, comparé surtout à l’effectif des étudiants, plus de 85 000 cette année, selon le recteur Ibrahima Thioub. Quant au personnel administratif technique et de service, au-delà de regretter le fait qu’ils n’ont ni cité à usage d’habitation ni indemnité de logement, ils ont particulièrement insisté sur le litige qui entoure le terrain que l’ancien président Abdoulaye Wade leur avait affecté. Ils ont d’ailleurs précisé à Macky Sall que c’est lui-même qui a contresigné le document à l’époque en sa qualité de Premier ministre. Tout en sourire, Macky Sall leur a proposé une solution alternative, compte non tenu du dossier actuellement en justice. Il a affirmé avoir demandé au ministre du Budget de trouver une autre solution.  

BABACAR WILLANE

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