Publié le 30 Aug 2014 - 18:42
LA PSYCHOSE S’INSTALLE DANS DAKAR

Ebo est là ! 

 

L’annonce faite hier par le ministre de la Santé du premier cas contrôlé positif à la fièvre hémorragique Ebola a semé la psychose dans la capitale sénégalaise. Ebola est bien là !

 

Ils sont presque devenus fous ! A l’annonce du premier cas testé positif à la fièvre hémorragique Ebola, plusieurs Sénégalais ont perdu la tête. Mosquée Point E, prière du vendredi. Les poignées de mains entre fidèles, jadis chaleureux, laissent la place à des salutations à la va-vite et à un petit commentaire : ‘’que dieu nous préserve d’Ebola’’. Pour certains fidèles, c’est le black-out total, pas de salutation après la prière, ils s’écartent et s’éloignent. Les fidèles avancent, le regard fixe, la tête à…Ebola. Sur toutes les langues, au milieu de toutes les ruelles, dans tous les groupes, le débat fait rage. ‘’Ce qui est dangereux avec cette maladie, c’est qu’il n’y a pas de médicament contre’’, lance cette homme, taille moyenne, barbe blanche, regard perçant.

Université Cheikh Anta Diop, grande porte, le soleil est bien haut et bien chaud. Téléphone portable collé à l’oreille, Ismaïlia, jeune étudiant, appelle sa famille : ‘’Il faut surveiller les enfants et faire très attention, Ebola est au Sénégal’’, dit-il, l’air sérieux, la tête rentrée dans les épaules, tel une tortue. Ismaila appelle ses parents au village, il sonne l’alerte.

A l’intérieur du campus, le débat autour d’Ebola enfle. Sous le géant baobab qui fait face aux locaux du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), un groupe d’étudiants plonge dans un débat houleux. L’arrivée de la fièvre Ebola à Dakar est au cœur des discussions. Abdou, estime que c’était prévisible : ‘’Il fallait s’y attendre, ce virus s’est emparé de plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine. Personnellement, je ne suis pas surpris, même si je ne cache pas ma peur face au virus Ebola’’. Pour son camarade Omar, la mine effondrée, le mal est déjà là, il faut prier pour l’éradiquer.

Ailleurs, aux Parcelles assainies, la peur est dans les regards. Arrêt de bus Police 22, les usagers attendent. Des gens angoissés qui évoquent le sujet avec colère. Certains incrédules iront jusqu’à verser dans la xénophobie, rappelant les origines de la première personne testée positive. ‘’Cette maladie est dangereuse autant ne plus sortir de chez soi’’, décrète ce septuagénaire. De quoi soulever un rire populaire et ramener les esprits, longtemps crispés dans les limbes de la stupeur, à l’apaisement. Une chose est cependant claire chez tous : Ebo est bien là et il faut être vigilant.     

AMADOU NDIAYE

 

 

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