Publié le 16 Sep 2015 - 18:22
LAISSES EN RADE A DAKAR FAUTE DE VISA

Des pèlerins étalent leurs états d’âme

 

Face aux nombreuses défaillances constatées ces derniers jours dans l’organisation du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, quelque  200 pèlerins ont été laissés sur le carreau. Dans ce lot, certains jurent qu’ils ne vont jamais rentrer chez eux et ne se privent pas de dire aux autorités  leurs états d’âme.

 

Les impairs s’accumulent sans se ressembler lors de cette édition 2015. Des pèlerins sénégalais,  oppressés d’inquiétude,  en veulent à l’Etat du Sénégal, pour le traitement sous valorisant dont ils ont fait l’objet. Ils l’accusent aussi d’avoir ruiné leurs espoirs de se rendre aux Lieux saints de l’Islam pour accomplir le 5e pilier de l’islam. A force d’avoir usé de tous les recours, ils demandent au chef de l’Etat de corriger ces imperfections et à la première dame d’intervenir.

‘’C’est une image dévalorisante du pays. Nous avons le cœur brisé quand on voit tous ces pèlerins parqués au niveau du hangar comme des moutons. C’est une honte pour le Sénégal. Nous sommes laissés à la merci du vent, de la pluie et de la poussière. L’Etat ne respecte pas les pèlerins’’, fulmine Ibra Seck, un économiste de formation. Il a quitté Kaolack pour La Mecque, après avoir déboursé presque 3 millions de F CFA. Il attend jusqu’à présent son visa pour les Lieux saints de l’Islam alors qu’il s’est acquitté de tous les frais depuis le mois de ramadan.

II déplore, comme d’autres, que le gouvernement sénégalais n’ait pas pris les devants pour s’assurer de la bonne organisation du pèlerinage à La Mecque, avec une hausse du prix du package d’au moins 200 000 F CFA. ‘’C’est un dossier qui doit être entièrement pris en charge par le gouvernement. Il doit veiller à ce que les cahiers de charges soient respectés par les différents acteurs. Sa mission régalienne lui impose de veiller aussi bien sur les pèlerins du privé que ceux de la mission officielle’’, ajoute notre interlocuteur, qui a eu le courage de s’exprimer à visage découvert. Les autres pèlerins ont préféré l’anonymat : ‘’Nous ne voulons pas que nos parents sachent que nous sommes encore à Dakar’’, lâchent-ils.

Des gages d’une meilleure gestion du hadj ont été donnés tout récemment par le commissariat général au Pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam, mais des pèlerins lui donnent un caractère populiste, sous le coup de la colère. ‘’Du bluff’’, du ‘’vent’’. L’existence du portail électronique, mis en place par les autorités saoudiennes pour assurer une plus grande transparence dans toutes les opérations relatives au Hadj, n’a pu venir à bout du calvaire récurrent des pèlerins sénégalais.

 Le mécène de la Cité Biagui

A la cité Biagui de Dakar, des candidats au Hadj ont eu la chance de se faire héberger par une opératrice privée. Sa maison s’est transformée en centre d’accueil des pèlerins en détresse. Ils y affluent jusque tard dans la soirée, à bord de rutilantes voitures et de taxis.

La dame essaie de leur apporter quiétude dans cette expérience déplaisante que l’Imam considère comme une épreuve de la foi. Il invite tous les fidèles à garder leur calme et à accepter toute décision qui s’ensuivra.

 L’accueil chaleureux qui leur est réservé semble apaiser la souffrance de certains mais n’en dissipent pas pour autant la crainte d’autres pèlerins. Ils se répandent en louanges face à la générosité de cette dame qui les a logés, nourris durant cette phase de grande humiliation.

‘’Ce qui est sûr, c’est que nous ne rentrerons pas chez nous avant la fin du Hadj. Mes parents habitent à quelques km d’ici, mais je n’ai pas osé séjourner chez eux le temps que la situation se décante. C’est une des pires humiliations de notre vie. Nous avons déjà fait nos adieux, nous n’allons pas rebrousser chemin.’’

Une remarque d’une commerçante partagée par d’autres femmes, qui n’ont pas voulu que leur identité soit dévoilée de peur d’être la risée de leur entourage. ‘’Nous allons effectuer le Hadj à Dakar si le chef de l’Etat ne réagit pas car il est inimaginable pour nous d’informer nos proches de cette situation. Nous resterons ici le temps du Hadj. Qu’allons-nous dire à nos parents ?’’ Le même refrain pour ces hommes et femmes qui supplient les autorités de concrétiser leur souhait d’effectuer le Hadj. ‘’Nous sommes dans les délais réglementaires, car l’aéroport de Médine ne ferme ses portes que le 17 septembre

Matel BOCOUM

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