Publié le 19 Feb 2016 - 00:34

Le maître du jeu !

 

Peut-on faire une querelle à Macky d’avoir nourri en secret le dessein de faire un mandat de 7 ans, après avoir été confronté aux dures réalités de l’exercice du pouvoir ? En effet, en plus d’être le gardien de la Constitution qu’il a décidé de ne pas violer, dans ce cas-ci, Macky Sall reste un homme politique. Comme tel, il sait faire preuve d’opportunisme. Donc, il a saisi la possibilité de faire un mandat de 7 ans, sans se mettre en porte-à-faux avec la légalité, avec la bienveillante ‘’complicité’’ du Conseil constitutionnel. Car, personne n’est dupe.

Dès que le débat sur l’avis du Conseil constitutionnel a  été agité, il était clair que les dés étaient pipés. D’ailleurs, on ne peut pas occulter le fait que s’il y a débat, c’est parce que le Conseil constitutionnel n’a pas le crédit qui doit être le sien. Vu sa fâcheuse propension à toujours aller dans le sens du président en exercice et à déclarer son incompétence, s’il ne peut pas le faire.

Sans entrer dans le débat sur la primauté de la parole donnée sur le respect de la Constitution, il nous semble clair qu’il ne s’agit ici que de calculs purement politiques. Il ne faut pas l’oublier, le président Macky Sall, nouvellement élu, avait posé comme postulat à sa réélection à la tête du pays : la réalisation d’un bilan positif. Sous ce rapport, la proximité de 2017 étant source de tous les dangers, le choix de repousser l’échéance à 2019 s’est imposé comme le plus séduisant.

A l’évidence, le président de l’Apr veut se donner la possibilité de voir ses nombreux chantiers sortir de terre. Abdoulaye Wade ayant largement entamé le crédit de l’homme providence, il est clair que le candidat sortant ne sera jugé que sur la base de son bilan. D’ailleurs, depuis le début de l’année, le chef de l’Etat ne cesse d’instruire ses collaborateurs de lui faire la synthèse de toutes les réalisations du Plan Sénégal Emergent (PSE) et de communiquer dessus. En outre, le chef de l’Etat doit composer avec le retard à l’allumage de nombreux projets phares du PSE. Un autre sérieux obstacle à sa réélection.

En homme politique averti, le chef de l’Etat entend son peuple qui lui dit : ‘’Dëkk bi dafa Macky’’. Il a donc besoin de temps. Un délai pour inverser la tendance et se donner des chances de réélection ; un délai pour aller, par exemple, à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire ; un délai pour réaliser le pôle économique de Diamniadio ; un délai pour réceptionner les routes et pistes de production en construction…

D’où notre question de départ : peut-on faire une querelle à Macky Sall de vouloir faire 7 ans, afin de se donner plus de chances de rempiler à la tête du pays ?  Aujourd’hui, on lui reproche de faillir à sa parole. D’accord, il aurait pu mettre fin au suspense, dès son accession au pouvoir, en saisissant automatiquement les 5 sages. D’accord, il aurait également dû s’assurer de la faisabilité de cette réduction avant de l’annoncer à la face du monde. Certains pensent même qu’il rate une belle opportunité d’entrer dans le panthéon des grands Africains qui se sont battus pour libérer leur peuple. Mais, n’y-a-t-il pas d’autres manières d’écrire l’histoire et de la marquer de son empreinte de manière positive ?

Entre respecter une promesse électorale de l’entre-deux tours et se donner plus de chances de réussir à la tête de ce pays, Macky a tranché pour la seconde option et compte bien en assumer toutes les conséquences. Car, en ce moment, il est le maître du jeu. Et ce, jusqu’en 2019. Ce qu’apparemment Idrissa Seck n’a pas compris, en atteste sa réaction très amère d’hier. Il était déjà en pré-campagne électorale pour 2017.

 

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