Publié le 17 Mar 2014 - 16:20
LE NIARANG OUEST

Contrée des oubliés de la République

 

Parmi les enjeux majeurs de la visite du chef de l’État en Casamance, ce lundi, le désenclavement. Car si la région Sud regorge de zones qui se sentent plus gambiennes que sénégalaises, parce que coupées de tout, joindre par route, air ou mer cette belle région peut se révéler un parcours du combattant.

Le président de la République séjourne à partir de ce lundi  dans la région de Ziguinchor, pour trois jours. Outre le baptême de l’Université de la capitale méridionale du pays, qui porte le nom de l’illustre professeur feu Assane Seck, Macky Sall procédera cet après-midi au lancement du Projet Pôle économique de Casamance (PPEC). 

Si certains sont unanimes sur la pertinence de cette vision du développement qui contribuera sans nul doute à l’émergence de la Casamance, d’autres, par contre, demeurent pessimistes quant à sa concrétisation qui pourrait sortir, enfin, certaines bourgades comme Médina Daffé dans le département de Bignona de l’enclavement.

Médina Daffé, un exemple triste de l’enclavement en Casamance

Situé précisément dans la Communauté rurale de Kataba (arrondissement de Diouloulou), à quelques encablures de la frontière avec la Gambie, ce village ou réside le chef religieux de toutes les familles Daffé implantées au Sénégal et dans la sous-région manque de tout. Tout se fait en Gambie, dans ce patelin perdu dans un forêt aussi épaisse que belle. Quand Banjul, Sérécounda ou encore Kanilaye toussent, les populations de ce village éternuent.

Le village de Médina Daffé n’est pas le seul à souffrir de l’enclavement et de l’absence d’infrastructures socio-économiques de base. C’est toute cette zone appelée Niarang Ouest qui est coupée ou presque du pays. Elle souffre de contraintes multiformes et d’écueils qui s’y dressent et rythment le quotidien des populations.

L’enclavement routier constitue le goulot d’étranglement à partir duquel naissent tous les maux qui anéantissent tout effort de développement économique et social, ou tout au moins de sortie du gouffre. Le Niarang Ouest souffre aussi d’un enclavement téléphonique qui pousse les populations à rompre leurs contrats avec les opérateurs sénégalais au profit d’opérateurs gambiens dont le réseau est plus fiable.

Là-bas, le portable sonne la plupart du temps ''Gamtel'' ou ''Africel''. La monnaie sonne non CFA mais Dalassi. La télévision nationale ne parvient pas à assurer une couverture permanente et normale. Ce sont les médias gambiens qui assurent le service.

L’on assiste, malheureusement, à une ''gambianisation'' des enfants prompts à répondre Yaya Jammey à la question : qui est le Président du Sénégal ? Les populations de cette zone estiment que la voie du salut réside dans le désenclavement, à travers la construction de certains axes routiers, notamment la piste Diouloulou-Koulobory-Médina Daffé et Touba.

HUBERT SAGNA (CORRESPONDANT)

 

 

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