Publié le 22 Aug 2017 - 17:26
LE PARQUET REQUIERT LES TRAVAUX FORCES A PERPETUITE

Comment Kaïré Ndiaye avait abrégé la vie de Babacar Diagne à Guédiawaye en 2011

 

Le 11 septembre prochain, la Chambre criminelle de Dakar va donner sa décision retenue à l’encontre de Kaïré Ndiaye sur l’affaire d’assassinat de Babacar Diagne en 2011 à Médina Gounass (Guédiawaye). En attendant, le parquet a requis, hier, la prison à vie pour l’accusé. Sous contrôle judiciaire, Mamadou Seck, lui, encourt 3 ans ferme pour non-dénonciation de crime et une amende d’un million de F CFA.

 

Le réquisitoire de la parquetière Ramatoulaye Ly Ndiaye est accablant. Il a soutenu l’accusation contre Kaïré Ndiaye et Mamadou Seck alias Pape Ndiaye qui sont respectivement accusés d’assassinat et de non-dénonciation de crime. Et si le second risque 3 ans de prison et une amende à payer  d’un million de F CFA, le premier nommé file tout droit vers les travaux forcés à perpétuité pour avoir mis fin aux jours de Babacar Diagne, le 3 septembre 2011 à Médina Gounass (Guédiawaye). La victime a été arrachée à l’affection de ses parents à la fleur de l’âge. Hier, seul Kaïré Ndiaye a comparu devant la Chambre criminelle de Dakar. Bénéficiant d’un contrôle judiciaire, Pape Ndiaye a brillé par son absence.

Sur l’exposé des faits, il résulte que c’est le père malheureux qui est allé dire aux éléments du Commissariat de ladite localité que son fils venait d’être poignardé à la fin d’un combat de lutte. S’étant transportés sur les lieux, les enquêteurs ont découvert le corps sans vie de Babacar Diagne gisant dans une mare de sang. Le certificat de genre de mort a fait état d’une large blessure au niveau de l’épaule gauche et d’une plaie traumatique de 11 cm sur l’artère ayant sectionné les deux vaisseaux du cou de la victime.

Le mari de Ndèye Guèye, Papa Boy Djinné, arrêté en premier avant de bénéficier d’un non-lieu

L’enquête diligentée a abouti à l’arrestation de plusieurs personnes. C’est le mari de la danseuse Ndèye Guèye qui a été interpellé en premier. Car Doudou Diop alias Papa Boy Djinné portait une grave blessure au niveau de l’avant-bras. Toutefois, il a nié toute implication pour ce crime. Ce, avant de revenir sur ses déclarations faites devant les policiers. L’époux de Ndèye Guèye et non moins lutteur a eu à admettre avoir participé à cette bagarre. Il a révélé aux enquêteurs que c’est Kaïré Ndiaye qui a poignardé Babacar Diagne. 

Arrêté 4 jours après les faits, l’apprenti tailleur a fait des aveux circonstanciés.  L’accusé a déclaré que suite aux contestations du verdict de ce combat de lutte qui a donné comme vainqueur le frère de la victime, Serigne Fallou Diagne, des échauffourées ont éclaté entre les deux camps. Des jets de pierres pleuvaient de part et d’autre. Kaïré Ndiaye avance que c’est sur ces entrefaites que Babacar Diagne lui a donné un coup de couteau sur son genou gauche. Ainsi, affirme-t-il devant le juge d’instruction, il est allé s’emparer d’une corne appelée ‘’Naw naw’’ et d’un couteau sur l’aire de préparation mystique (le cumikaay) de son lutteur Khadim alias Bébé Balla. Et lorsque la victime a reçu le premier coup sur l’épaule, il a pris la fuite pour se réfugier dans une maison. Animé par un esprit de vengeance parce que ‘’vexé’’ par Babacar Diagne, il l’a attendu devant la porte du domicile. Pensant que son poursuivant est parti, la victime est sortie sa cachette. Il était loin de penser qu’il avait rendez-vous avec la faucheuse.

Toujours dans ses explications, l’inculpé a accusé son ami Kabou Ndiaye (jugé devant le tribunal des mineurs) d’avoir donné des coups de gourdin à la victime. Entendu, le concerné a contesté ce fait. Mieux, il a soutenu que Kaïré lui avait confié son arme tachetée de sang et qu’il l’a jetée dans le bassin de rétention de la localité lorsqu’il a appris que l’adversaire de son ami avait succombé à ses blessures. Il a également reconnu devant le magistrat instructeur que l’accusé aurait guetté la sortie de son protagoniste.  Là où Pape Boy Djinné et les autres ont campé sur leurs déclarations avant de bénéficier d’un non-lieu.

Témoin oculaire des faits, Pape Alassane Mboup a affirmé que son oncle a été attaqué par deux individus qu’il ne parvenait pas à identifier à cause de la pénombre. ‘’C’était vers 19 heures. L’un deux l’a poignardé avant de prendre la fuite tandis que l’autre a emporté sa pochette contenant de l’argent. Je ne faisais pas le poids pour défendre Babacar Diagne’’, a-t-il indiqué. Constituée partie civile dans cette affaire, la famille de la victime n’a pas répondu à la convocation de la Chambre criminelle.

L’accusé : ‘’Pourquoi je regrette mon acte’’

N’ayant pas de contradicteur, l’inculpé, né en 1993, déroule face au président, Seck Diouf : ‘’J’ai commis cet acte involontaire sous le coup de la colère. Mais c’est Babacar Diagne qui détenait le couteau. Il m’avait provoqué et au cours de la bagarre, son arme est tombée et je l’ai saisie pour lui asséner un seul coup dont je ne sais sur quelle partie de son corps. Puis je me suis refugié chez moi’’, s’est-il défendu. Avant de poursuivre : ‘’Je regrette mon acte. Le lutteur Khadim n’est pas venu me soutenir à cette audience et il n’est jamais venu me rendre visite à la prison où je suis en détention préventive depuis six ans’’. Non sans préciser avoir administré un seul coup à la victime.

‘’Des déclarations mensongères’’, balaie Ramatoulaye Ly Ndiaye. Selon le parquet, il lui a asséné deux coups de couteau et pas des moindres. Leurs violences sont ‘’assez édifiantes’’. ‘’Il n’a laissé aucune chance de survie à la victime qui avait tous les vaisseaux du cou sectionnés. De plus, il y a eu un guet-apens. Mamadou Seck aussi a troublé l’ordre public. Alors qu’on soupçonnait Papa Boy Djinné de ce crime odieux, il s’est abstenu d’informer la police sur l’identité du vrai coupable’’, avance-t-elle. Ainsi, pour le magistrat, ‘’en l’espèce, les faits sont constants’’.

Cependant, les avocats de la défense ont plaidé la disqualification des infractions en coups mortels. ‘’Notre client n’avait pas l’intention d’intenter à la vie de Babacar Diagne. C’est une bêtise car il ne connaissait rien de la vie à ce moment. Il était jeune’’, a laissé entendre l’un d’eux, Me Ciré Clédor Ly. Il a sollicité une application bienveillante de la loi. La Chambre va statuer sur cette affaire, le 11 septembre prochain.  

AWA FAYE

 

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