Publié le 18 Sep 2012 - 21:20
LE PRÉSIDENT ENTRE AMINATA NIANE ET MAKHTAR DIOP

Macky Sall, retour sur des actes de Premier ministre

 

La nomination de Mme Aminata Niane comme Conseillère spéciale du président de la République est considérée dans le landernau comme une énorme surprise. Peut-être pas au vu des rapports professionnels entretenus avec Macky Sall. Où l'on voit d'ailleurs que l'ancienne directrice générale de l'Apix a un mentor nommé Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique, toujours présent à ses côtés au tournant d'une carrière...

 

 

EnQuête, dans son édition d'hier, faisait état du rôle que pourrait avoir joué Makhtar Diop, l'ancien (et le premier) ministre de l'Économie et des finances d'Abdoulaye Wade, dans ce retour au premier plan plus que controversé de l'ex-Directrice générale de l'Agence pour la promotion des grands travaux (APIX).

 

Aujourd'hui, et selon les informations dont nous disposons, il sera difficile de contester que l'actuel vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique est en quelque sorte le mentor de Mme Niane. Notre confrère L'As a indiqué la semaine dernière que l'ex-patronne de l'Apix avait assisté à l'audience accordée à Makhtar Diop par le président de la République. Néanmoins, il faut croire que la proximité entre les deux (Aminata Niane et Makhtar Diop) remonte à un peu plus loin que cela.

 

Un certain contrat...

 

A partir du décret n°2000-653 du 10 juillet 2000, Aminata Niane est nommée Directrice générale de l'Apix par Abdoulaye Wade qui, de ce fait, donnait un début de prise en charge de sa «vision» des infrastructures dans notre pays. Mais le contrat de travail en date du 22 décembre 2000 et embauchant Mme Niane avec de puissants avantages matériels et financiers, porte la signature du...ministre Makhtar Diop. Petite curiosité à ce niveau montrant peut-être qu'il aurait pu y avoir entourloupe : l'ancien ministre des Finances n'a reçu délégation du Premier ministre d'alors, Moustapha Niasse, pour parapher le contrat que deux semaines plus tard, soit le 2 janvier 2001 par courrier n°00001. Le contrat pouvait-il être régulier ? Impossible, assurent des experts en la matière, dont ceux de la Cour des Comptes.

 

Onze ans plus tard, et après la défaite électorale du président Wade, Diène Farba Sarr, fidèle de Macky Sall, prend la tête de l'Agence pour la promotion des grands travaux. Aminata Niane s'éclipse en douceur, presque sur la pointe des pieds, victime naturelle et normale de la chasse aux sorciers et sorcières wadistes. Entre-temps, Makhtar Diop se fait un peu plus présent au Sénégal après ses déboires avec le régime dit libéral. Il est vrai que depuis l'arrivée de Macky Sall au pouvoir, la Banque mondiale est très sollicitée par les nouvelles autorités aux prises avec de «sérieuses» difficultés financières et, surtout, désireuses de se faire aider par l'institution de Bretton Woods, en particulier avec le programme Star, dans le dossier des biens mal acquis qui auraient été exfiltrés dans des paradis fiscaux par des pontes du wadisme.

 

«22 marchés irréguliers»

 

Particulièrement active sous ses heures de gloire wadiennes, Mme Aminata Niane a signé au moins 22 marchés jugés «irréguliers» par la Cour des comptes. Montant de ces transactions douteuses : 355,686 millions de francs Cfa. Son bras droit à l'époque, Hamath Sall, Directeur général adjoint, a fait beaucoup plus fort, d'après toujours la Cour des comptes, avec des contrats de prestations d'environ 3,6 milliards de francs Cfa exécutés sans habilitation express de la patronne. Qui, dans sa réponse aux auditeurs de la Cour de comptes, avait précisé que la totalité des marchés signés par Apix ont reçu «approbation préalable» et «validation» par les autorités compétentes.

 

Dans le cadre de l'Autoroute à péage, c'est au Premier ministre de l'époque, Macky Sall, qu'est revenu «l'honneur» de contresigner le décret du président de la République d'alors, Abdoulaye Wade, sur les contrats de partenariat public-privé (PPP). Et c'est sur ce terrain-là que le Sénégal de Wade a tout fait pour que les financements du Gouvernement des Etats-Unis à travers le Millenium challenge account (MCA) soient proprement «sabotés», l'objectif étant alors de faire place nette aux investissements privés.

 

Du reste, EnQuête a appris de bonnes sources que les Américains désiraient fortement une autoroute à péage dont la gestion serait revenue à une agence choisie à l'issue d'un appel d'offres en bonne et due forme, et dont les retombées financières captables iraient au secteur stratégique de la lutte contre la pauvreté au Sénégal. Les autorités d'alors ont dit niet, jetant leur dévolu sur le PPP à travers un système qui ne pouvait échapper à Eiffage. Dans ce processus où l'Etat avait ses visées et son candidat, Aminata Niane n'a jamais été loin du cœur de décision.

 

Primes : la lettre de Macky

 

Par ailleurs, dans l'affaire dite des primes mensuelles aux différents membres de la «Task Force» qui avait en charge la mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée (SCA), c'est toujours le Premier ministre d'alors qui est aux avant-postes. Par lettre n°1335 en date du 26 décembre 2005 adressée au ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Budget, c'est Macky Sall qui fixa lui-même le barème de rémunération d'Aminata Niane (2 millions de francs), d'Hamath Sall (2 millions) et des autres membres qu'étaient Aliou Faye, Mamadou Ndione, Moustapha Cissé.

 

Le problème à ce niveau, c'est que la Cour des comptes avait qualifié ces primes d'«injustifiées» et «payées sans aucune incidence fiscale», c'est-à-dire «payées sur la base des montants bruts sans précompte de toute retenue fiscale (Impôt sur le revenu et Taxe représentative de l'impôt minimum forfaitaire).»

 

De plus, ladite lettre du Premier ministre, ne comportant ni date d'entrée en vigueur ni indication de ligne d'imputation budgétaire, ne pouvait servir de base au paiement des primes en question, ont ajouté les auditeurs de la Cour des comptes.

 

 

MOMAR DIENG

 

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