Publié le 6 Jan 2016 - 15:14

LE SÉNÉGAL, UNE VÉRITABLE DICTATURE LAÏQUE 

 

‘’Les hommes politiques croient en nos prières, mais sous-estiment notre pensée, alors que les deux doivent  aller de pair ; elles sont synergiques’’. ces sages propos du vénéré khalife, Serigne Babacar Sy, se confirme au quotidien. Et le Président Macky Sall vient de nous apporter la preuve, en proposant pour les prochaines réformes constitutionnelles, entre autres, l’intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine et la laïcité de l’État. Oui, il a bien dit ‘’intangibilité’’’, comme si la laïcité était un idéal,  alors qu’elle n’est qu’un mal nécessaire, et est véritablement à l’origine de tous nos maux.

Rien d’étonnant, quand on sait que nos hommes politiques et intellectuels, d’une manière générale, formés à l’école laïque (de Jules Ferry), ont été configurés pour être, consciemment ou non, les continuateurs du colonisateur ; il leur a inculqués de façon indélébile que la religion doit être une affaire strictement privée qu’il convient donc de séparer de la gestion de la cité ; et véritablement, c’est là une erreur gravissime, voire fatale, qui, plus de cinquante ans après notre accession à l’indépendance, continue de compromettre toutes nos velléités d’émergence ou de développement. Oui, du fait de notre option laïque, nous sommes condamnés à un échec infernal (désillusion sur désillusion, et génération après génération), rançon de notre incrédulité ou de notre hypocrisie. Nous devons donc assumer notre choix qu’aucune espèce de sagesse ne pourrait justifier.

Ainsi, tous les vrais religieux devraient s’en offusquer et dénoncer ce coup de force qui les exclut définitivement du champ politique, tant dans la quête du pouvoir que de sa gestion démocratique. .

En vérité, si notre pays était une vraie démocratie, on ne devrait même plus y parler de laïcité ; mais hélas ce n’est pas le cas, puisque notre constitution interdit même la formation de partis politiques se réclamant d’une confession (religion), tels les partis ‘’démocrates-chrétiens’’ pourtant observés dans les ‘’grandes démocraties’’ ; et indéniablement, il s’agit-là d’une violation manifeste de la liberté d’opinion qui est le premier pilier des droits de l’Homme. Et c’est dire que notre pays ne sera jamais une véritable démocratie, tant que les dispositions restrictives imposant la laïcité ne seront pas abrogées. Oui, la laïcité ne se décrète pas ; c’est  une question de rapport de forces - Que les démocrates le reconnaissent !!!

En outre, l’attachement indéfectible déclaré de notre pays aux valeurs de démocratie et de justice devrait nous imposer à mentionner explicitement dans notre constitution notre ancrage irréversible aux valeurs de l’Islam, la religion de l’immense majorité des sénégalais (plus de 95%). Oui, si nous n’étions pas hypocrites, nous l’aurions mentionné explicitement et imposé à nos élus la prestation d’un serment devant le Coran (ou la Bible pour les chrétiens, comme cela se fait aux États-Unis) - un gage de bonne gouvernance irremplaçable ; et nous aurions toujours recherché la conformité de nos lois aux principes de l’Islam qui, du reste, ne sont guère différents de ceux des autres religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme).

Ainsi, nous ne serions plus interpellés par les occidentaux sur l’opportunité d’une dépénalisation de l’homosexualité et de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ; la prostitution serait pénalisée et tous les lieux de débauche fermés - quand on sait que les conséquences redoutables de la généralisation de la turpitude freineront toutes nos velléités de développement. Malheureusement, nos hommes politiques ont délibérément opté d’ignorer Dieu dans leurs démarches ; ils ne croient qu’à leur expertise (raison), quoique se réclamant croyants (musulmans ou chrétiens) ; oui, ils ont mis ‘’Dieu entre parenthèses’’ et ont délibérément choisi les libres penseurs (agnostiques et autres incrédules), comme guides, modèles et maîtres à penser. Comment pourraient-ils donc agencer une cité juste et nous faire accéder à l’émergence véritable ?

Oui, ils se vantent pour leurs réalisations et exultent leur vision et leur savoir-faire, sans en rendre grâce à Dieu, sans y voir sa volonté et sa puissance, alors que le Coran les appelle au quotidien à plus de clairvoyance, d’humilité et donc de reconnaissance (18. La Caverne : 32-44 – Al- Kahf). En vérité, la reconnaissance des bienfaits d’Allah, la crainte de Dieu (at-taqwa), la confiance en Lui et la bienfaisance (al-ihsâne) sont les seules véritables gages quasi infaillibles  du succès, conformément au Coran (14.

Abraham : 7-8 – Ibrahim) ; (65. Le Divorce : 2-3 – At-Talaq) ; (31. Luqman : 22 – Luqman)]. Ainsi, tant que nos dirigeants n’auront pas véritablement conscience qu’ils sont investis par Dieu et qu’ils intercèdent pour Lui (et ses messagers) pour servir ses serviteurs [leur assurer éducation, santé et moyens de subsistance], ils ne bénéficieront pas de l’assistance qu’Il a promise aux ‘’bienfaisants’’ et seront inexorablement sur une perspective d’échec ; par contre, s’ils prennent conscience qu’ils ‘’combattent’’ pour la cause de Dieu, en appoint au pouvoir spirituel, et œuvrent pour la promotion de l’éthique et la réconciliation nationale, Il [Allah] les assistera et leur donnera une victoire éclatante [(5. La Table Servie : 35 … 54-55 – Al-Mâ’idah) ; (58. La Discussion : 22 – Al-Mudjâdalah)]. Oui, on est du ‘’parti de Dieu’’ (hizbu’llah) ou du ‘’parti du démon’’ (hizbu’ch- chaythân) – il n’y’a pas autre chose ! Malheureusement, le Régime actuel n’est pas encore prêt à rompre avec l’option laïque de la République [‘’Tout sauf Dieu’’ ou ‘’Dieu entre parenthèses’’] ; et comment pourrait- il donc avoir un sort différent de celui de ses prédécesseurs ? Et c’est dire que le ‘’Plan Sénégal Émergent’’ (PSE) qu’il est en train de mettre en œuvre conduira irrémédiablement à l’échec et à la désillusion. Il ne peut pas en  être autrement, car il y va de la crédibilité même de Dieu, du Prophète (PSL) et du Coran !!!

Et c’est dire que toute actualité politique interpelle forcément les religieux ; ce d’autant qu’ils sont tous astreints à la législation en vigueur ; oui, ils sont tous des citoyens ordinaires, comme le leur avait rappelé le Chef de l’État ; dès lors, ils doivent connaître la constitution et tout l’arsenal juridique mieux que quiconque, afin de pouvoir proposer des amendements opportuns et pertinents qui, à terme, les rendront plus conformes avec les convictions religieuses de la très grande majorité de la population, sans priver les minorités confessionnelles de leurs droits fondamentaux – Oui, la démocratie, c’est une affaire de rapports de forces ! Ainsi, les religieux doivent particulièrement veiller à ce que toutes ces préoccupations fondamentales soient prises en compte par le pouvoir législatif (Assemblée nationale).

Et de rappeler que l’Islam (qui est une religion démocratique par essence et par excellence) attache une importance capitale à la concertation, en vue d’un consensus qui doit être respecté par tous ; et c’est là, en vérité, un préalable incontournable pour la quête de la paix et du développement durable ; comme en témoigne les mises en garde du Prophète (PSL) - notre modèle et maître à penser éternel - et les exhortations coraniques [(33. Les Coalisés : 21 - Al-Ahzâb) ; (42. La Consultation : 36-39 – Ach-Chûrâ’) ; (5. La Table Servie : 1 – Al-Mâ’idah) ; (61. Le Rang : 1-3 - As-Saff)].

Et c’est dire que l’Islam attache une importance capitale aux lois, traités et constitutions qui sont des consensus nationaux, voire internationaux, et donc forcément des causes justes, même s’ils ne prennent pas toujours en compte certaines réalités religieuses. Et certes, ces consensus (constitution, traités, lois, etc.) sont sacrés, mais ne sont pas immuables ; oui, ils doivent être dynamiques et donc évoluer en fonction des nouvelles réalités - rapports de forces, essentiellement ; ainsi, des changements seront certes nécessaires, mais ils devront forcément se faire de façon consensuelle - et donc de nos jours, par voie référendaire ou parlementaire, selon les modalités prévues, et surtout dans le respect des principes d’équité et de justice.

Et au vu de tout cela, les religieux - qui sont les gardiens du temple - devraient prendre leur distance par rapport aux libéralités des hommes politiques et  la réalisation de certaines infrastructures qui risqueraient de les assujettir au pouvoir temporel et de les éloigneraient de leur véritable mission - entre autre, leur devoir d’orientation et de veille sur tout ce que touche la politique (stratégies pour l’édification d’une cité juste, paisible et prospère) ; le Prophète (PSL) avait pourtant explicitement prévenu contre toutes ces formes de corruption et de compromissions :

Mu’adh b. Jabal rapporte avoir entendu ces paroles du Prophète (PSL) : “Acceptez les dons tant qu’il s’agit de dons. Mais si cela devient de la corruption, ne les acceptez plus ! Je crains toutefois que vous ne les refusiez pas, poussés à la fois par la nécessité et la pauvreté. La roue de l’Islam tourne, tournez dans le sens du Livre (le Coran), car le Livre et le gouvernant divergeront. Ne vous séparez pas donc du Livre ! … (Abû Naîm)

Un rappel éternel !!!

DOCTEUR MOUHAMADOU BAMBA NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès

 

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