Publié le 3 Feb 2024 - 13:07

Les élections Présidentielles ou la lutte pour le Grand contremaître de la quatrième phase de l ́esclavage des sénégalais?

 

Nos Grand-e-s Spécialistes des élections du Sénégal ont divisé les vingt candidats retenus en trois groupes.  Selon les mêmes le premier groupe est composé par les candidats du système. Le deuxième par ceux qui sont antisystème et le dernier est par des candidats qui constituent la troisième voie. Une structure qui nous rappelle le multipartisme limité de Senghor : Le PS, le PDS et um troisième groupe formé par tous ceux qui s´identifiaient pas avec le PS et ni avec le PDS. Mais de quel système nous parlent-ils ? Un système jamais baptisé, sans nom ! Donc, savent-ils exactement et vraiment de quoi parlent-ils ?

Cependant comment expliquer que nos Grand-e-s Spécialistes si présent-e-s sur tous les plateaux des télévisions et les réseaux sociaux du pays soient si excellents en affabulations ? Mais comment vouloir qu´ils soient capables de voir autrement si toute leur formation ne leur a permis que d´être seulement qualifié-e-s que pour fabuler. Contrairement à ce que nous présente nos Grand-e-s Spécialistes, nos vingt candidats ne peuvent et doivent être exclusivement divisés en : candidats pour la continuité de l´esclavage au nom de bénéfices matériels fourbes ; candidats pour l´éradication complète de l´esclavage et finalement des candidats si perdus dans leur auto-fabulations et ostentation sournoise quotidienne de la perfide valeur de leur esclavage sous forme de conquêtes matérielles. Ils n´ont jamais su parce qu’incapables de percevoir et de comprendre qu´ils sont des esclavagisés vivant que dans un entrepôt à ciel ouvert de la Plantation Sénégal.  

Notre élection de février 2024 ne consisterait-elle pas à choisir entre se débarrasser de notre auto-esclavagisme ou continuer à vivre dans un entrepôt d´esclavagisés à ciel ouvert de la Plantation Sénégal et totalement inconscients d´être enchainés depuis leur naissance ? Le Sénégal n´est pas encore un pays mais oui une plantation dont l’air que les esclavagisés respirent, les cours d’eau qui arrosent notre Plantation et tous ceux qui y vivent ; les richesses minières ne sont la propriété exclusive du Maitre de la Plantation contrairement à ce qui est divulgué. Depuis Leopold Sédar Senghor, nos plus hautes élites politiques et administratives ne sont que des contremaitres au service de la Plantation Sénégal.   
En 2004, Dale Tomich a publié le livre – Esclavage. Travail, capital et économie mondiale. Il y défend qu’ à la fin du XVIIIème siècle venait de commencer la deuxième phase de l’esclavage dans les Amériques. Celle-ci découlait de la révolution industrielle qui a transformé et a fait de l´Angleterre la nouvelle et l’unique puissance mondiale hégémonique. Ce nouveau contexte technologique, social, culturel, technique, économique a provoqué une reconfiguration des processus de modernisation, de civilisation mais aussi et surtout des cartes géographiques du nouveau monde sur les plans socio-culturels, politiques, humains, théologiques, militaires, religieux, de l´histoire intellectuelle de la « race blanche », du commerce international et a hérissé l´anglais comme la nouvelle langue des conceptions philosophiques de la nouvelle économie et du commerce mondiaux.

Le même penseur soutient que c´est à partir de cet événement que le Brésil, Cuba et le Sud des Etats Unis devinrent les nouvelles et principales destinations des esclavagisés pour que les grands fermiers des Plantations puissent satisfaire les nouvelles nécessités de l´actuelle industrie en matières premières : le coton, le café et le sucre. De nouveaux acteurs sociaux et politiques venaient de voir le jour : les travailleurs salariés des industries, l´émergence d´une classe moyenne dans le monde urbain européen… il est important de mentionner que le XIXème siècle marque aussi l´implosion politique des empires coloniaux traditionnels – Angleterre, Portugal, Espagne, … - donnant naissance ainsi à de nouveaux Etats indépendants dans les Amériques mais aussi l’édification des états, l´identité nationale et des nations en Europe. 

Ce singulier processus politique dans les Amériques a provoqué non seulement des pertes immensurables aux plans économiques, politiques, culturels, militaires, géopolitiques, géostratégiques, etc, mais aussi ont lancé les bases de la troisième phase de l´esclavage dénommée par les historiens et les scientistes sociaux de « la colonisation territoriale en Afrique, en Asie et dans le Pacifique. 

S´appuyant sur Dale Tomich, je défends que ladite colonisation territoriale en Afrique n´est que la troisième phase de l´esclavage. Les africains transplantés dans les Amériques ont été débarqués sur des terres totalement méconnues sur tous les plans. Malgré cela, ils ont réussi à monter des structures politiques, médicales, botaniques, agricoles, militaires, culturelles, sociales, philosophiques, technologiques, linguistiques, littéraires… pour lancer des bases de nouvelles structures de ré-humanisation de leurs maîtres et du vivre humainement ensemble. Dans toutes les colonies des Amériques, les autorités ont dû déployer d´énormes moyens militaires, judiciaires et policiers pour contenir les constantes mobilisations politiques et politisées de leurs esclavagisés au nom de la liberté, l’égalité, la reformulations et l’humanisation des structures des nouveaux états pour le bien de tous. De nos jours encore, ce sont les luttes de leurs descendants qui rendent la démocratie plus inclusive de leurs pays respectifs.  

De ce fait, les Amériques ont été d´excellents laboratoires politiques, administratifs, de gestions et de résolutions de conflits juridiques, policiers, psychologiques et psychiques pour ne plus être surpris militaire et politiquement par les esclavagisés dans n´importe quelle région du monde. Naissait ainsi le moderne capitalisme de la vigilance. C´est pourquoi les inventions d´instruments et des moyens de contrôle des corps, de la mobilité, d´emprisonnement, de génocides culturels, linguistiques, spirituels, du déni de l´humanité ont été reformulées et réadaptées pour que leurs applications dans les nouveaux formats d´esclavage soient parfaitement fonctionnelles et apparemment plus humaines et humanisantes. On n´utilisera plus les suivantes nomenclatures: esclavage, esclave. A leur place on dit colonisation; colonisé, travail forcé. Les esclavagistes sont renommés et désignés comme étant les colonisateurs et les responsables de la Mission civilisatrice pour hisser le sauvage à un certain degré d’humanité et de civilité à partir de la valorisation du travail. On impose aux esclavagisés de la grande nouvelle Plantation du nom de colonie du Sénégal la monoculture de l´arachide et celle de la Côte d´Ivoire l´ananas et le cacao, Mali et Haute Volta le coton, ce que les historiens ont appelé la colonisation économique. Mais pure quelle coïncidence car tout esclavage est toujours d´ordre économique. Comment nos Grand-e-s Spécialistes et historiens n´ont jamais eu le courage de faire usage des dénominations des propres victimes de l´esclavage? Bien sûr ils sont les principaux garants du bon fonctionnement de la Plantation Sénégal moyennant la concession de funestes décorations et d’énormes bonus pour leur abnégation professionnelle zélée. 

Mais à la place des capatazes (contremaîtres) dans les Amériques, ce sont des nouveaux contremaîtres et la police car le nouveau format d´esclavage est aussi une entreprise pour la Grandeur et l´orgueil de l´Etat français. Ce nouveau format d´esclavage en terres africaines n´implique aucun investissement en achat d´africains et de terres. Tout esclavagisé pouvant mettre en danger le fonctionnement doit être emprisonné, exilé ou tué sans aucune perte pour les « investissements » sans aucune insécurité pour les nouveaux seigneurs. Cette nouvelle phase de l’esclavage est la plus rentable car plus aucune dépense pour alimenter, habiller, soigner et loger l´esclavagisé. Au-delà de travailler sans aucun gain en plus, il paye les impôts sans jamais en bénéficier en politiques publiques. C’est le propre esclavagisé qui finançait et continue encore de financer son esclavagisme. Comment expliquer que nos Grand-e-s Spécialités et nos Hommes de culture si pointus en analyse aient perdu de vue cette philosophie économique et de déni humain?

Ces nouvelles nomenclatures et la périodisation imposées étaient et continuent d´être les paradigmes et les épistémologies des histoires enseignées aussi bien dans les universités, les collèges et le primaire des éternels esclavagistes mais aussi au niveau des séculaires esclavagisés. Cette troisième phase de l´esclavage a pris fin avec l´entrée des Etats Unis à la Deuxième Guerre Mondiale.

Durant celle-ci, les français ont eu à expérimenter ce que veut dire être esclavagisé. Mais pour ne jamais mettre au même niveau le corps du noir à celui du blanc français, leur processus d´esclavagisation par les allemands a été nommé d´Occupation allemande. Or, pendant toute cette période, c´est le trésor français qui finançait le propre esclavage de ses citoyens comme la Plantation Sénégal de nos jours; le franc français inférieur à la monnaie allemande comme le Franc CFA aussi l´était éternellement devant l´ex-Franc Français. Seraient-elles que de pures coïncidences!

De Gaulle ayant perçu que les Etats Unis deviendraient une puissance planétaire plus nécessiteuse de nouvelles matières premières et de marchés de consommateurs et imposeraient de nouvelles règles géopolitiques et géostratégiques aux puissances esclavagistes traditionnelles - Angleterre, France, Portugal, Hollande, Espagne - en 1944, le futur président de la France post-guerre organisa une réunion des gouverneurs à Brazzaville pour accroire un nouveau élément esclavagiste : le Franc des Colonies Françaises d´Afrique/le Franc de la Communauté Française d´Afrique (1958).

La Communauté française d´Afrique? Qu´est-ce que ça veut dire? De Gaulle n´a fait que copier et appliquer à leurs esclavagisés africains le même processus d´esclavagisation monétaire que leur avaient institué les allemands durant la Deuxième Guerre Mondiale. C´est cette quatrième phase de l´esclavage qui a permis non seulement à la France de réaliser sa reconstruction mais aussi de consolider son capitalisme, sa place dans le commerce mondial, son rayonnement diplomatique. Ces élites politiques et capitalistes avaient accès aux matières premières et aux immensurables bénéfices réalisés à partir du travail des esclavagisés des Plantations françaises nommées colonies en Afrique, aux Antilles et en Asie. Ils sont aussi transformés en exclusifs consommateurs des produits industrialisés dont ils sont les producteurs des matières premières. On ne peut consommer que les produits aux prix exorbitants vendus qu’à l’intérieur de la Plantation Sénégal où ne peut circuler et accepter que la monnaie exclusive des Plantations-territoires: Le CFA.

Comment expliquer que nos Grand-e-s Spécialistes continuent de ne pas voir que depuis Senghor jusqu´à nos jours, nos élites politiques et administratives n´ont toujours été que des contremaîtres? Les Grands Blancs, pour rendre plus rentables la Plantation Sénégal, ont totalement délégué tout le pouvoir de mater aux contremaîtres pour torturer à la place publique, tuer, jeter en prison … au nom du bon fonctionnement de la Plantation Sénégal. Comment expliquer que les plus jeunes soient les mieux préparés politiquement et lancent les bases irréversibles pour casser les chaînes et procéder á à une totale et complète abolition avec refus catégorique de toute possibilité d´indemniser les propriétaires des esclavagisés? 

C´est pourquoi messieurs et mesdames les Grand-e-s Spécialistes, ce que vous appelez la politique du Sénégal ; il s´agit en réalité de la politique du fonctionnement de la Plantation Sénégal et les candidats à la présidence ne sont que les contremaîtres dont la farouche lutte n´oppose que les abolitionnistes radicaux et les inconscients de leur propre esclavagisme. Le plus dur, c´est convaincre une personne inconsciente de son esclavagisme à lutter pour sa totale et complète abolition. 

Donc, mes cher-e-s Grand-e-s Spécialistes et Hommes de culture, arrêtez de tromper les «habitants» de la Plantation. Comment pouvez-vous nous parler de pays, de la bonne gouvernance, de la démocratie, de l´Etat du Sénégal, des élections présidentielles, du bilan du président sortant, de la cherté de la vie, de la violence policière, judiciaire,  etc, si nous sommes encore des esclavagisés de la Plantation Sénégal dont le propriétaire est Monsieur la France. 

ALAIN PASCAL KALY. DR. EN SOCIOLOGIE.
PROFESSEUR D ́HISTOIRE ET DES CULTURES
AFRICAINES. UNIVERSIDADE FEDERAL RURAL
DO RIO DE JANEIRO – UFRRJ /BRASIL.

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