Publié le 23 Feb 2012 - 10:53
LES 12 PAYSANS DE KEBEMER RENVOYES AU 15 MARS

Le tribunal libère les prévenus, le parquet les maintient en prison

C’est à bord de plusieurs véhicules appelés communément ''404 Mbaar'' que les populations de Nguer Nguer, Yadiana et d’autres villages de Kébémer se sont rendues hier massivement au Palais de justice de Louga. Bien que la salle d’audience fût archicomble, c’était presque le silence du fait de l’angoisse bien visible sur le visage de ces spectateurs. Un silence interrompu à 10h 05 mn par l’arrivée des prévenus. Sortis d’une porte, ces derniers levaient la main en signe de salutation au public dont certains se sont levés pour leur rendre les saluts. Après l’installation des prévenus à la première rangée, le calme revient avant d’être interrompu de nouveau à 10h15mn par l’arrivée du tribunal. Du coup, l’on se lève en formulant des incantations. L’angoisse qui était à son summum chez les proches des prévenus s’est dissipée lorsque les originaires des villages de Nguer Nguer et Yadiana, incarcérés depuis le 13 février dernier, ont bénéficié de la liberté provisoire des prévenus. En effet, suite à la demande de renvoi formulée par l’avocat de la partie civile, Me Serigne Khassimou Touré représenté par Me Sidy Seck, le conseil des prévenus a sollicité la liberté provisoire. Malgré les arguments développés par Me Théophile Kayossi arguant que la liberté provisoire participerait à apaiser la tension et que le plaignant ''est prêt à céder une partie des terres'', le représentant du parquet s’est opposé à la requête de la défense. El Hadj Birame Faye a estimé qu’il y a des risques de troubles à l’ordre public puisqu’il s’agit d’une affaire foncière. Cependant après délibéré, le président de la deuxième chambre du tribunal correctionnel de Louga, Débé Mboh a suivi le conseil des prévenus en accordant la liberté provisoire à ces derniers. Alors qu’ils espéraient rentrer avec les prévenus, les parents de ces derniers ont dû se rendre à l’évidence après plusieurs minutes d’attente. Le parquet a en effet interjeté appel et par conséquent, les prévenus resteront en prison jusqu’au jour de leur procès prévu le 15 mars prochain.

 

Pour revenir aux faits, il faut noter que les prévenus (Moustapha Nguer, Makhtar Nguer, Moussa Nguer, Samba Nguer, Talla Nguer, Papa Nguer Samba Sèye, Ngagne Sèye, Makhoudia Sèye, Abdoulaye Ndiaye, Mamadou Ndiaye et Ndiamé Dia), sont poursuivis pour association de malfaiteurs, destruction de biens d’autrui et menaces de mort également contre Moustapha Nguer. Membres du Collectif des paysans sans terre de Diokoul, ils sont accusés d’avoir coupé les fils de fer barbelés de la clôture de la ferme dénommée ''Mame Tolla Wade'' -appartenant au Chef de l’Etat- pour ''libérer leurs champs''.

 

 

Les bizarreries d’un dossier

 

A qui appartient la ferme du nom du père du chef de l’État ''Mame Tolla Wade'' qui est à l’origine de l’arrestation de 12 paysans de Kébémer ? En tout cas, ce qui est clair, dans cette procédure initiée contre les paysans, le plaignant n’est pas Me Abdoulaye Wade. Il s’agit d’un certain Serigne Bassirou Mbacké initiateur de la plainte et qui, à en croire le conseil des prévenus, est attributaire du terrain litigieux. Seulement, le hic dans cette affaire, c'est que le plaignant n’en est pas le demandeur ; il s’agit plutôt du Haut commandement de la gendarmerie. Une intrigue aux yeux de Me Théophile Kayossi qui entend bien l’élucider.

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