Publié le 17 Apr 2019 - 23:25
LES ASSISES DE L’ENTREPRISE

Le patronat en mode ‘’Fast track’’ 

 

Le Conseil national du patronat (Cnp) ne veut pas être en reste, dans le mode de gouvernance ‘’Fast track’’ lancé par le président de la République Macky Sall. C’est ce qu’a fait savoir, hier, leur président Baïdy Agne, lors de l’édition 2019 des Assises de l’entreprise.
 
 
‘’L’éveil des consciences et des responsabilités’’ est, selon le président du Conseil national du patronat (Cnp), dans la directive du président Macky Sall lancée lors de sa prestation de serment. Il s’agit du concept ‘’Fast track’’. Pour Baïdy Agne, elle permet de ‘’combattre l’immobilisme’’ et de ‘’mettre fin à la réticence’’ de certaines administrations. Mais aussi de généraliser la dématérialisation, qu’il considère comme ‘’source de transparence et d’efficience’’. Ceci avec moins d’attente entre la promulgation d’une loi et l’application des décrets, arrêtés et circulaires. 
 
Ainsi, le président du Cnp estime que cette instruction permet de maintenir la cohésion ‘’indispensable’’ entre l’Etat et son secteur privé. ‘’Ce ‘Fast track’, nous l’aimons… Il est si proche de la réalité du monde des affaires… Nous n’aurons plus d’anxiété, lors de chaque classement-pays du Doing Business. Il ouvre de nouvelles perspectives dans notre concertation publique-privée, avec un gouvernement qui prend régulièrement le pouls de l’entreprise’’, affirme le patron du Cnp. 
 
Il s’exprimait hier, lors de la cérémonie d’ouverture de l’édition 2019 des Assises de l’entreprise. 
Sur ce, Baïdy Agne rappelle au Premier ministre qui a présidé ce rendez-vous annuel, qu’il y a deux ans, la définition du contenu local était leur préoccupation majeure, à propos du gaz et du pétrole. ‘’Aujourd’hui, il nous revient de vous féliciter, à la suite de l’adoption de la loi sur le contenu local. L’entreprise est à votre disposition pour les concertations portant sur la finalisation des décrets d’application. Contenir le choc pétrolier mondial, avec une hausse conciliée du prix du baril de pétrole et du dollar, notre pays est un des rares au monde à réussir cette performance’’, dit-il. Pour lui, la bonne nouvelle est que l’exploitation du pétrole et du gaz ne saurait tarder. 
 
Cependant, M. Agne souligne que ‘’la non-application de toute vérité des prix’’ engendre des ‘’surcoûts et réallocations budgétaires, subventions et endettements’’, ou les deux en même temps. C’est ‘’ainsi une inquiétude exprimée par des entreprises qui souhaitent plus de visibilité sur les créances de régularisation de déséquilibre financier créé’’, ajoute-t-il. 
 
Approfondir la concertation sur la transformation digitale 
 
Il faut noter que l’édition 2019 des Assises de l’entreprise, c’est aussi le Salon international de l’économie numérique et le Symposium sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). ‘’La transformation digitale comme accélérateur de l’émergence africaine est au centre des réflexions. L’Organisation des professionnels du Tic (Optic) nous signale l’amélioration de l’environnement du numérique. Son président, Antoine Ngom, exprime ce besoin d’approfondir la concertation pour mieux définir la composition du Conseil national du numérique, en prenant en compte les critères de représentativité et les conflits d’intérêts. Mais aussi de démarrer les travaux du Comité national de la Stratégie Sénégal numérique 2025’’, plaide le Cnp. 
 
Et par rapport à la Zlecaf, Baïdy Agne témoigne que l’Etat a alerté et sensibilisé sur les enjeux et les impacts. Donc, il soutient que la dynamique déployée par le groupement professionnel de l’Union des prestataires industriels commerçants (Upic) est de porter la voix de l’entreprise sénégalaise, lors des négociations avec la Commission de l’Union africaine.  ‘’C’est cette présence très significative de l’Upic, aux côtés du ministère du Commerce, qui nous permet d’être à l’abri de la fraude et de toute sorte de concurrence déloyale. La question des règles d’origine étant quasi finalisée, c’est dans le cadre d’un bon partenariat public-privé qu’ils présenteront, aujourd’hui, l’essentiel du travail remarquable apporté’’, indique-t-il. 
 
Toutefois, le président du patronat sénégalais admet qu’il est du  devoir de leur conseil ‘’d’alerter’’ sur cette nécessité de se pencher sur les enjeux du nouvel environnement commercial et juridique.  Celui-ci demande le renforcement des capacités des trois dispositifs essentiels. Notamment le bureau de mise à niveau, le tribunal du commerce et la commission nationale de la consommation. ‘’L’invitation au dialogue national faite par le chef de l’Etat, l’entreprise l’a entendue. Dans la République, l’entreprise est une force économique, mais aussi un régulateur social. La prospérité économique, nous la voulons pour que tous ceux qui aiment le Sénégal y investissent et créent des emplois. La réponse du Cnp à ce dialogue est : oui. Les relations entre l’Etat et son secteur privé sont bâties sur la confiance, la complicité’’, déclare Baïdy Agne.  
 
Habitat social
 
Et par rapport à l’habitat social, il rappelle que c’est l’une des priorités sociales du chef de l’Etat, avec la construction de 100 000 logements sur 5 ans. ‘’Nos professionnels du Btp, de la promotion immobilière sont prêts à réaliser cette directive présidentielle. Et à vous faire des propositions sur les 3 F idéals : foncier, finance et fiscalité’’, signale-t-il. 
 
A ce propos, Mahammed Boun Abdallah Dionne reconnait que des entrepreneurs de Btp et promoteurs privés nationaux, qui ‘’respectent’’ les cahiers des charges, ‘’existent’’ dans ce pays. ‘’Mais il nous en faut plus, dit-il. La responsabilité du secteur privé est de mieux s’organiser, de voir ce qu’il est possible de faire dès maintenant avec le secteur financier (banques et assurances). Si vous avez besoin de surfaces foncières, l’Etat est à vos côtés. Si vous avez besoin d’une fiscalité incitative, nous sommes ouverts pour en discuter. Quant au financement, vous maitrisez parfaitement les instruments les plus appropriés’’. Le Pm de préciser qu’aux côtés de la Sicap, de la Snhlm et de la Cdc, ils lanceront ensemble (Etat et privé national) ce vaste chantier.  
 
L’avenir du Made in Sénégal 
 
Les Assises de l’entreprise du Cnp ont été l’occasion, pour Baïdy Agne, d’évoquer la question de l’industrie sénégalaise et notamment du ‘’Made in Sénégal’’. Ainsi, un salon du ‘’Dakar industrie 2019, l’avenir du Made in Sénégal’’ y est consacré, pour la première fois. ‘’Le savoir-faire industriel sénégalais y est exposé. Notre syndicat professionnel des industries du Sénégal plaide pour un Pse 2 valorisant davantage notre capacité industrielle. L’industrie sénégalaise est le secteur d’activité qui crée le plus de valeur ajoutée, le plus pourvoyeur d’emplois durables et contributeur fiscal substantiel au budget de l’Etat’’, signale-t-il. 
 
Sur la question, Boun Abdallah Dionne rappelle que le Pse a eu un ‘’effet considérable’’ sur l’industrie et sur la croissance. Ceci, avec des réalisations telles que la Plateforme intégrée de Diamniadio, les zones économiques spéciales, etc. ‘’Notre volonté affichée de relancer la dynamique de production industrielle a participé à la sélection du Sénégal comme pays pilote pour l’opérationnalisation de la nouvelle approche de l’Onudi tournée vers un développement industriel inclusif et durable’’, défend le Pm. Pour qui cette nouvelle réflexion pour une meilleure gestion de la chaine de valeur (Etat-industriels-commerçants-consommateurs) est ‘’à saluer’’. 
 
‘’Le moins d’importations de produits et d’intrants industriels pour le Sénégal, c’est un déficit commercial réduit, des transferts de capitaux à l’étranger en baisse, une valeur ajoutée locale plus importante, plus d’emplois créés et consolidés’’, renchérit le Pm Boun Abdallah.
 
Un taux de croissance moyen de 9 % pour le quinquennat 
 
Dès lors, le Pm précise que l’économie sénégalaise, dans les 5 ans à venir, devrait avoir un taux de croissance moyen de 9 %. ‘’C’est-à-dire que nous devrions aller ensemble vers l'émergence. Mais le taux de croissance est corrélé au taux d'investissement. Donc, c'est votre job de créer ces 9 %. Et à l'Etat de créer les conditions pour rendre les choses possibles. Des réformes seront engagées en mode ‘Fast track’ pour une croissance plus forte, mais aussi pour un développement accru du capital humain, pour capitaliser davantage le dividende numérique où le renforcement de la gouvernance et la modernisation de l'Administration publique, grands chantiers du quinquennat’’, poursuit-il. 
 
D’après lui, il est prévu, dans ce sens, l'achèvement des réformes structurelles et sectorielles, la finalisation du cadre juridique et institutionnel relatif au partenariat public-privé. Et, enfin, la création d'un fonds d'amorçage pour l'attraction des financements privés qui sont recherchés. 
 
En fait, le chef du gouvernement considère que la forte implication du secteur privé national est une des grandes orientations du Plan d'actions prioritaires (Pap) 2019-2023 pour le Pse. ‘’J’espère que vous êtes tous prêts. Car le chef de l’Etat nous a instruits d’aller vite et de bien faire dans le respect des principes de bonne gouvernance et de transparence’’, lance-t-il à l’endroit des acteurs du privé national. 
 
Les femmes font leur entrée dans le patronat 
 
Il faut également souligner, cette année, la percée des femmes dans le secteur privé sénégalais. Et pour Baïdy Agne, l’émergence de femmes présidentes de conseil d’administration, directrices générales et occupant de hauts postes de responsabilité en entreprise est une réalité. ‘’Dans le monde de l’entreprise, nous sommes capables d’être justes par la reconnaissance des compétences professionnelles et l’égalité des chances par le mérite. Elles nous convient à ce débat républicain sur la mixité professionnelle, l’égalité et la parité.
 
Ces femmes sont engagées et productives’’, assure le président du Cnp. 
 
Le Pm s’est, lui aussi, réjoui de constater l’engagement des femmes chefs d’entreprise et hauts responsables dans cette seconde phase du Pse. ‘’L’entreprise sait récompenser ses talents. L’apport des talents féminins pour plus de progrès social et de croissance inclusive est de plus en plus recherché, partout dans le monde. Nous devons et pouvons compter sur elles, pour construire ce Sénégal prospère. Et le ministre en charge du Travail présidant vos travaux examinera toutes les questions relatives à la mixité professionnelle, l’égalité des chances et la parité. C’est, en effet, à travers un dialogue social tripartite (Etat, patronat, travailleurs) constructif que les contraintes peuvent être levées’’, déclare Boun Abdallah Dionne. 
 
MARIAMA DIEME 

 

 

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