Publié le 5 Jun 2012 - 19:32
LES DIX ANS DE FRANCE-SÉNÉGAL

Emmanuel Petit : "On avait été maraboutés…"

 

Dix ans après le tremblement de terre du Mondial 2002, Emmanuel Petit, un des cadres des Bleus battus en match d’ouverture par le Sénégal, remonte le temps. L’élégant milieu de terrain gaucher n’a rien oublié de la rencontre, surtout de ce sentiment, juste après la fin du match, d’avoir été victimes des "sorciers sénégalais". L’ancien joueur de Monaco, Arsenal, Barcelone et Chelsea, évoque également ses souvenirs sur les deux joueurs sénégalais qui l’ont le plus  marqué : Jules Bocandé et Roger Mendy.

 

 

Petit, le Sénégal fête les 10 ans de France-Sénégal (0-1), cette défaite reste-t-elle encore un mauvais souvenir pour vous ?

 

Oui, c’est un match dont on se rappellera toujours et surtout de ce sentiment après la défaite : c’était impensable ce qui nous arrivait. Un scénario catastrophe. On pensait même qu’on avait été maraboutés. Rien n’avait marché, on ne pouvait pas imaginer la défaite.

 

 

Vous pensiez vraiment que les Sénégalais vous avaient maraboutés ?

 

(Rires) C’est vrai qu’à la fin du match, pendant un moment très court, on s’est demandé si les sorciers sénégalais n’avaient pas plané au-dessus de nos têtes. Mais, on a ces pensées sur le coup quand on a vraiment du mal à réaliser. Mais plus sérieusement, le Sénégal méritait cette victoire, il avait mieux joué, et les joueurs (les Lions) y croyaient plus. Nous n’avions pas fait ce qu’il fallait .

 

 

Personnellement, vous avez été confronté au milieu de terrain aux "monstres" Cissé, Diao et Bouba Diop. Comment aviez-vous vécu ce combat du milieu ?

 

On avait l’habitude de ce genre de combat, la plupart d’entre nous évoluaient en Angleterre, et avec Pat’ (Patrick Vieira), on avait du répondant. Mais c’est sûr que la carrure des Sénégalais pouvait faire peur à d’autres adversaires. Il y a eu du combat physique mais le match ne s’est pas joué que sur ça. Les Sénégalais avaient aussi une maturité tactique qui nous a posé problème.

 

 

Cette défaite est-elle votre plus mauvais souvenir comme international ?

 

Je dirais que cela fera partie des pires souvenirs du foot français, mais pas le plus mauvais. Parce qu’il y a eu pire avec Knysna à la Coupe du monde quand les Bleus avaient fait grève. Ça, c’est pire que tout.

 

 

On vous reparle encore de ce match ?

 

Pas trop ! Personnellement les gens se souviennent plus de la Coupe du monde en 1998 et de mon but face au Brésil, ou de l’Euro 2000, quand ils me voient. Ou encore de mes années à Arsenal qu’à ce match face au Sénégal. On n’aime pas évoquer les mauvais souvenirs (Rires).

 

 

"Bocandé, c’était le Drogba de l’époque"

 

Dans votre carrière, vous avez rencontré ou évolué avec des Sénégalais. De qui vous vous souvenez en particulier ?

 

De Bocandé ! C’est peut-être son décès qui fait remonter tout ça. Mais, il y a une chose dont je me souviendrai toute ma vie : c’est mon premier match avec l’AS Monaco. J’étais sur le banc et c’était un derby Monaco-Nice en 1989. Je voyais Bocandé faire des misères aux défenseurs monégasques. Il était puissant, très athlétique et très rapide. C’était le Drogba de l’époque. Il m’a vraiment marqué.

 

 

Il y a eu aussi Roger Mendy avec qui vous avez évolué à Monaco…

 

Bien sûr ! Roger avec notre association en défense centrale à Monaco, il y avait une complémentarité extraordinaire entre nous, et une amitié qui va bien au-delà du cadre du terrain.

 

 

Qu’est-ce qui vous a marqué chez le libero sénégalais ?

 

Roger, il avait cette façon d’aborder le football très décontractée, "à l’Africaine" comme il disait. Il avait une touche créative, un petit peu de folie. Je me rappellerai toujours ses extérieurs du pied en regardant de l’autre côté. Il y a plein d’images qui me reviennent quand on évoque le Sénégal, mais c’est de l’ancienne génération. Roger Mendy, Jules Bocandé, cela me parle plus que les joueurs que j’ai rencontrés en 2002.

 

 

Vous êtes à la retraite depuis 2004, quelles sont vos activités aujourd’hui ?

 

Actuellement, je travaille pour différents médias français et étrangers. Je suis actionnaire d’une société qui travaille avec certaines fédérations, nous sommes spécialisés dans le développement marketing, sponsoring. On est aussi dans la vente et achat de joueurs. Je suis également dans un autre groupe, Metro Sport qui crée des applications mobiles dans le sport, et je suis dans d’autres structures. Je suis donc touche-à-tout avec plein de projets en tête.

 

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