Publié le 11 Sep 2016 - 05:29
LES SELECTIONNEURS NATIONAUX EN PHASES FINALES DE CAN

Les ‘’Sorciers blancs’’ règnent toujours en maître

 

Les entraineurs étrangers, notamment occidentaux, continuent de dominer les locaux lors des phases finales de Coupe d’Afrique des nations (Can). Cette 31e édition ne fait pas mieux avec seulement trois (3) coaches africains qui seront présents à Gabon 2017 du 14 janvier au 5 février 2017.

 

La liste des 16 équipes devant participer à la Coupe d’Afrique des nations (Can), Gabon 2017, est connue. Les coaches qualifiées pensent désormais à la meilleure façon de se préparer pour arriver dans les meilleures conditions à Libreville le 14 janvier, date du démarrage de la compétition. Si le sélectionneur national du Sénégal, Aliou Cissé peut se glorifier d’avoir donner à son pays sa 15e participation à ce grand rendez-vous du football africain, ce ne sera pas le cas pour tous les autres techniciens sur le banc des sélections nationales qui seront présentes au Gabon. Parmi  les 16 formations, il n’y a que 3 entraineurs locaux. En plus du Sénégalais, il y a le Congolais, Florent Ibenge. Ce dernier sera d’ailleurs à sa seconde Can d’affilée, après celle de 2015 en Guinée Equatoriale où il a terminé à la 3e place avec les Léopards. Le Zimbabwéen, Kalisto Pasuwa est le troisième africain à diriger une équipe lors de cette coupe d’Afrique. Grâce à lui, les Warriors joueront leur 3e Can après celles de 2004 et 2006.

Cette situation présage une prolongation  du règne des ‘’Sorciers blancs’’ en Afrique pour de longues années encore. Au départ, durant les éliminatoires de la Coupe d’Afrique 2017, ils étaient 28 sélectionneurs locaux en course, sur les 52 nations.

Les coaches locaux perdent du terrain

Même si les coaches occidentaux avaient pendant longtemps imposé leur suprématie, le nombre d’entraineurs locaux à des phases finales de Can pouvait atteindre au moins le quart. C’est ainsi qu’en 2012, Gabon-Guinée Equatoriale, ils étaient 5 entraineurs locaux. Il s’agissait de l’Ivoirien François Zahoui avec les Eléphants de la Côte d’Ivoire, du Sénégalais Amara Traoré qui conduisait les Lions du Sénégal, du Soudanais Mohammed Mazda avec la sélection nationale de son pays, le Nigérien Harouna Doula avec le Mena et du Tunisien Sami Trabelsi manager des Aigles de Carthage. Depuis quatre ans à partir de cette campagne, la colonie de coaches africains à la Can n’a cessée de dégonfler.

C’est ainsi qu’en 2013, on est passé de 5 à 4, avec Le Marocain Rachid Taoussi sur le banc des Lions de l’Atlas. Stephen Keshi avec le Nigeria, Sami Trabelsi de la Tunisie, Lucio Antunes du Cap-Vert. Cependant, cette année, Keshi avait honoré le coaching africain en remportant le trophée avec les Flying Eagles. Lors de la dernière édition, en Guinée Equatoriale, ils n’étaient que 3. Le Sud-Africain, Mashaba coach des Bafana Bafana, Honour Janza entraîneur de la Zambie et Florent Ibenge sélectionneur de la RD Congo, avaient eu ce privilège. En janvier 2017, au Gabon, Cissé, Ibenge et Pasuwa auront la lourde charge de représenter leurs pairs africains et faire face à 13 ‘’Sorciers blancs’’.

‘’C’est une vielle histoire’’

Le phénomène de la ruée aux ‘’Sorciers blancs’’ ne date pas d’aujourd’hui et a fini de faire partie du décor. Tout compte fait, cela ne dérange plus personne, si on en croit, l’ancien directeur technique national (DTN) de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Mama Sow. ‘’On ne s’en émeut plus du fait que les entraineurs africains  sont de très loin en nombre inférieurs lors des Can’’, dit-il. Pour lui, ‘’c’est une vielle histoire’’. Cette situation, dit-il, a été expliquée, d’une part, par ‘’la représentation de l’entraineur blanc qui était dominant chez les dirigeants africains’’. Ce qui faisait que ces derniers, affirme-t-il, ‘’refusaient de recruter des africains comme eux même si la qualité y était’’. L’autre élément important et qui continue de l’être à ses yeux demeure ‘’le capital de la technicité française en matière d’entrainement et de sport qui ne se retrouve pas en Afrique’’.

La France vend ses coaches

En plus d’avoir un acquis solide en matière de formation. Les pays européens ne se contentent plus de former tout simplement leurs entraineurs. Selon Mama Sow, il y a aussi l’aspect ‘’marketing’’. ‘’Les européens, particulièrement la France a un système de vente et de protection de ses coaches très bien organisé et bien rodé’’. En plus, a-t-il ajouté, ‘’aujourd’hui, c’est la direction technique française qui place ses entraineurs’’. Ce qui n’est pas le cas en Afrique. ‘’Nous, malheureusement, quand un entraineur est nommé, c’est à peine qu’on le soutient ou qu’on soit à ses côtés’’, a-t-il regretté.

Il y a de la qualité chez les coaches locaux

Cependant, M. Sow reconnait l’expertise africaine en matière de coaching au football. Pour soutenir son point de vue, il a souligné le fait que les entraineurs africains ‘’soient toujours bien placés’’ dans les stages et les organisations techniques. ‘’Sur le plan des connaissances, de l’approche, de la réflexion et de l’analyse, nous ne sommes jamais en reste’’, a-t-il déclaré. Il a pris en exemple le regretté Stephen Keshi qu’il a placé parmi ‘’ceux qui étaient les plus vendables’’ sur la scène continentale en tant que entraineur africain. Le technicien nigérian a remporté la Can 2013 avec la sélection nationale du Nigeria.

Il se pose à ce niveau un problème de confiance, à son avis. ‘’Dans l’inconscient du dirigeant africain et nous même entraineurs, nous ne nous faisons pas confiance parfois’’, a renseigné l’enseignant à l’Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport (INSEPS).

 La confiance est fondamentale

Poursuivant la réflexion, l’ancien DTN a conclut qu’il n’y a pas une explication objective au phénomène de la prééminence de l’entraineur blanc en Afrique. ‘’Car souvent c’est un débutant, quelqu’un qui n’a rien gagné qui est placé sur le banc’’, dit-il. On se rappelle le cas du technicien français Samir Lamouchi qui a été désigné sélectionneur national des Eléphants de la Côte d’Ivoire, en 2012, alors qu’il était fraichement diplômé sans expérience.

Selon Mama Sow, il faut qu’il y ait un climat de confiance entre dirigeants de fédérations et entraineurs. Pour cela, il a tenu à rendre hommage à la FSF ‘’pour la confiance’’ placée en Aliou Cissé. ‘’Ce n’est pas toujours le cas. Quand il y a un tout petit problème, le doute s’installe et c’est le dénigrement’’. Ce qui est important, pour lui, c’est la ‘’prophétie’’. ‘’On le dit en pédagogie, c’est-à-dire que la confiance donnée doit réellement exister et non être superficielle’’. Il faut que cette personne en qui on place sa confiance soit persuadée qu’elle va réussir. ‘’La confiance est un facteur important de la réussite. Il faut qu’on se refasse la leçon et qu’on en arrive à ce niveau là’’. 

LOUIS GEORGES DIATTA

 

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