Publié le 24 Oct 2016 - 08:47
LETTRE OUVERTE A ABDOUL MBAYE

Cinq questions à l’arroseur arrosé

 

Monsieur l’ex Premier Ministre Abdoul Mbaye, quand le Président Macky Sall vous nommait Premier Ministre en 2012, vous aviez 59 ans sans aucun passé militant avéré sur le champ des luttes sociales et politiques collectives. 59 ans sans sueurs politiques n’est pas une insulte.

Aujourd’hui en 2016 des concours de circonstances ont fait qu’à 63 ans vous semblez vous avoir découvert une certaine vocation politique en réaction apparemment à votre limogeage en 2013. C’est votre droit même si le style semble sortir du chantier éthique fixé par feu votre illustre père Keba Mabye qui écrivait ceci en 1982 dans une lettre adressée au jeune banquier que vous étiez : « Ne te mets pas en mal avec ceux qui t’ont fait confiance en tête de qui se trouve le Président et l’ex Premier Ministre».

C’est vous-même qui aviez publié la lettre de feu votre illustre père qui, soit dit en passant, est une des fiertés nationales. Je ne commenterai pas ce passage du père sur la gratitude puisque de 1982 à 2016, il y a eu 34 ans avec tout ce qui peut intervenir en termes de revirement, de reniement et de nouvelles certitudes.

Monsieur l’ex Premier Ministre, je ne vais pas vous faire la morale puisque parait-il elle déserte souvent la politique votre nouveau « métier » si absorbant depuis trois ans.

Je vous écris cette lettre avec le maigre espoir de réponse vue votre posture jugée à tort ou à raison trop distante comme en attesterait un engagement politique tardif après 60 ans. Il n’est jamais trop tard nous apprend la chanson « doni doni ».

Monsieur l’ex Premier Ministre c’est la deuxième fois que vous adressez une lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président Macky Sall en exigeant des réponses. Vous semblez oublier que vous êtes un des treize millions de Sénégalais et votre casquette d’ancien Premier Ministre sur décision du Président Macky par la volonté divine ne doit être une sorte de perche  pour verser dans une prétention suspecte d’écrivain contradicteur du Chef de l’État. Je comprends parfaitement votre stratégie dans la grande bousculade des concurrents de Mankoo Wattu vers un leadership de l’opposition qui, il est vrai, n’existe pas. Mankoo Wattu est plus un conglomérat de concurrents qu’une entente sérieuse et les prochaines élections législatives nous édifieront. Votre adversité intime historique avec Idrissa est un secret de polichinelle de même que vos divergences gouvernementales d’alors avec Malick Gackou sans compter vos soldes à régler avec le PDS.

Monsieur l’ex Premier Ministre, suite à votre première lettre, j’avais sans l’aval de personne pris le soin de la commenter dans une contribution reprise par le Soleil et le Quotidien avec le titre « Lettre d’Abdoul Mbaye : entre débats populistes et insinuations maladroites ». Je ne reviendrai pas ici sur votre stratégie de questions-insinuations pour jouer les Zorro par distillation de suspicions. Dans ce registre vous ne répondrez pas devant les juges puisque votre parade sera de dire « Je n’ai accusé personne. Je n’ai fait que poser des questions ». Futé non ? Le beurre et l’argent du beurre ?

Monsieur l’ex Premier Ministre, je constate avec votre deuxième que vous  restez encore dans le registre des questions insinuations pour, sans doute, continuer dans votre sport favori de semence de la suspicion.

Je n’ai pas ici, Monsieur l’ex Premier Ministre, la prétention de répondre à vos interrogations reprises dans votre deuxième lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat. Je crois comme beaucoup qu’il s’agit de questions qui devraient vous être posées à vous signataire es qualité Premier Ministre des deux décrets que vous décriez allègrement aujourd’hui. On signe allègrement en 2012 et on incendie en 2016. Où est la morale ? Où est le courage ?

Monsieur l’ex Premier Ministre, pour vous éviter le péché subjectif d’un jugement de valeur condescendant sur les mobiles de ma présente interpellation, je vous donne les précisions suivantes. Je fais partie de ces cadres ayant sué pour faire élire le Président Macky dans la douleur et qui ont accepté avec patriotisme qu’il vous ait fait l’honneur de vous nommer vous qui étiez sans (intention de reproche) absent des joutes de braise d’avant 25 mars 2012.

Je suis à l’aise, Monsieur l’ex Premier Ministre pour dire qu’en militant APR ayant pris le risque d’engagement face au régime de Wade, je n’ai eu comme tant d’autres camarades  aucun privilège venant de l’Etat ou de l’Administration. Je ne revendique absolument rien Je ne suis pas (comme d’autres cadres émérites) nommé à une fonction publique quelconque et je n’utilise ni carburant ni privilège de l’Etat. Je suis un Sénégalais ayant fait comme le Président Macky son cursus ici et qui, au-delà des études académiques, a la chose la plus importante que certains initiés appelleraient « ligne de masse » et qu’il est moins chargé de nommer patriotisme. Le patriotisme n’est pas une subite découverte après la soixantaine de bougies d’anniversaire. C’est une perception faite à partir du déjà perçu.

C’est ce regard généreux vers le monde rural à travers un levier comme le PUDC mis en place après votre départ. Sans faire un jugement de valeur, ce qui vous différencie du Président Macky Sall est beaucoup plus dans le déjà perçu d’un cursus de masse que dans des considérations d’égo subjectif. Le Président a la chance d’avoir eu un destin l’ayant préparé à mieux devoir corriger un modèle de développement qui était voué à l’échec. Il jouera son rôle historique de façon énergique et fera face aux agressions égoïstes de gros enfants gâtés prenant le réel en  Play station.  Le Président Macky a le devoir de résistance face aux prétentieux ayant une connaissance plus livresque que réelle des contraintes structurelles de notre pays qui doit donner de la dignité à tous les terroirs de Gouloubou à Heremankono en passant par Mbayard et Gandoul.

Revenant à votre deuxième lettre, elle a osé s’attaquer maladroitement  aux deux décrets n° 2012-596 du 19 juin 2012 et n° 2012-597 du 19 juin 2012 que vous aviez signé en votre qualité de Premier Ministre en même temps que le Chef de l’Etat. Vous semblez en 2016 vouloir remettre en cause le rapport de présentation du Ministre de l’énergie pour attaquer les contrats signés par le régime du Président Wade. Parlant du Président Wade, il vous suffit juste de tourner légèrement la tête pour demander plus d’informations à vous nouveaux amis du PDS alliés dans l’unité des contraires nommé Mankoo Wattu.

‘’Supposée légèreté de signature’’

Le PDS doit pouvoir répondre au mieux à vos interrogations vous qui semblez avec votre nouvelle posture de journaliste inquisiteur nous dire que le Premier Ministre Abdoul Mbaye de l’époque signait les décrets sans aller au fond des choses avec ses conseillers. Votre rôle de Premier Ministre Chef du Gouvernement aurait été de poser les questions, de procéder aux vérifications avant de signer les deux décrets pour lesquels vous demandez en 2016 des explications. Ce n’est pas avec une telle « supposée légèreté de signature » que vous pouvez prétendre à la station de Chef d’État.

En définitive, c’est comme si, en posant des questions trois ans après avoir signé des décrets, vous ne semblez pas suivre les conseils de Feu votre illustre père Keba Mbaye qui écrivait s’adressant à vous dans la fameuse  lettre en date du 28 aout 1982 que vous aviez publié : « Mets en place un système d’informations et de consultation …. Ce que tu n’as pas fait toi-même ou que tu n’as pas contrôlé, n’est pas fait ou est mal fait. ». Le Premier Ministre avait-il enterré le jeune banquier ?

Monsieur l’ex Premier Ministre, s’il est vrai que vous n’aviez pas rédigé le rapport de présentation du Ministre de l’énergie, il était de votre devoir de le contrôler  parce que vous aviez la confiance du Chef de l’Etat.

Votre deuxième lettre sonne fatalement comme un baroud d’honneur aveugle et maladroit après la publication des contrats par le Gouvernement du Sénégal et du rapport de l’ITIE. C’est comme si, après que l’herbe vous est coupé sous les pieds, vous sortez des semences virtuelles pour faire durer un suspens qui n’en est pas.

Votre deuxième lettre comme la première n’est pas un acte de courage mais bien un aveu proche d’une forme d’irresponsabilité indigne d’un homme d’État. L’avez-vous d’ailleurs été après un non engagement jusqu’à 60 ans ?

Pour conclure Monsieur l’ex Premier Ministre, j’aimerai avoir du « nouvel écrivain » que vous êtes des réponses avec des preuves aux cinq questions suivantes.

1-    Le Premier Ministre Abdoul Mbaye Abdoul Mbaye avait-il en 2012 failli à sa mission de contrôle en signant les deux décrets ?

2-    Si la réponse est affirmative ou négative considère-t-il qu’il a fauté ?

3-    Qu’est-ce qui prouve aux Sénégalais que dans sa nouvelle volonté manifeste de dégager Timis Corporation détenteur légitime de parts de contrats Abdoul Mbaye ne roule pas pour d’autres multinationales ? Si nous devons rompre ou aller en contentieux avec Timis, quel Groupe multinational propose Abdoul Mbaye ?

4-    Est-ce qu’Abdoul Mbaye a ou a eu par le passé des intérêts dans le secteur minier au Sénégal ou à l’international ? Si Oui comment est-ce arrivé ?

5-    Est-ce que l’ancien DG de la BHS devenu Premier Ministre a  des intérêts personnels dans le secteur de l’immobilier et de l’habitat au Sénégal ?

Monsieur l’ex Premier Ministre, vous n’êtes pas obligé de répondre à mes modestes questions. Vous  pouvez, à défaut de réponses de votre part demander simplement pour l’honneur que les fameuses « enquêtes administratives et judiciaires » que vous réclamez dans votre deuxième lettre commencent par apporter des réponses à mes cinq petites questions citoyennes.

‘’Combat plus personnel que collectif’’

A défaut de réponses, permettez que je me réserve le droit de continuer à penser comme de nombreux Sénégalais que votre nouveau combat découvert après 60 ans est plus personnel que collectif, est plus d’égo réactionnaire  d’engagement pour la patrie.

Il est vrai que le Président Macky Sall a un cursus qui en fait un homme moins distant que vous et certains de vos nouveaux amis de Mankoo Wattu. Celui que le bon Dieu a choisi comme étant le Chef de l’Etat  a compris que le Sénégal doit être bâti sur la base d’une révolution profonde avec trois consensus essentiels.

-       Le consensus économique à travers le PSE

-       Le consensus politique à travers Benno Bokk Yaakar ouvert à tous ceux qui ne sont pas rongé par un égo démesuré

-       Le consensus populaire auquel répond le plus grand nombre de Sénégalais comme en attestent les cinq victoires électorales acquises depuis 2012 (la présidentielle, les législatives, les locales, le referendum et le HCCT)

Ces cinq victoires et ce  train consensuel à trois wagons (Economie, politique et population) en rajouteront toujours à l’égo des nouveaux opposants qui ont du mal à comprendre que le Sénégal est en route irréversible vers l’émergence. Tout ne sera pas parfait. Il y aura des erreurs et des rectifications mais nous resterons sur la voie c’est le plus important.

Certains comportements nihilistes me poussent à croire souvent qu’il est salutaire que les égos démesurés de ceux qui regardent le peuple par le haut  ne soient pas à l’intérieur du train de l’émergence. Cela n’aurait fait qu’en rajouter à la cacophonie.

J’espère naïvement que la fibre patriotique fasse comprendre à certains que durant les deux mandats souhaités du Président Macky Sall le pays a besoin du maximum de ses filles et fils sur des bases d’humilité et de responsabilité.

Je ne crois pas que les Sénégalais veuillent changer la trajectoire actuelles qui a donné, le pôle de Diamniadio, le PUDC et ses forages, ses pistes et ses matériels de transformation, les bourses familiales, la CMU, Ila Touba, le TER, la révolution agricole en cours, la maitrise en cours de l’eau et l’énergie, les taux de croissances successives de plus de 6%, le PSE en marche etc…

Monsieur l’ex Premier Ministre Abdoul Mbaye, si vous voulez prendre la place du Président Macky, il vous est loisible de proposer une alternative et non de rester maladroitement dans des questions-insinuations d’un mal-aimé cherchant d’abord à ravir la vedette à ses amis-adversaires de Manko Wattu.

Je commence à avoir la certitude que ce combat fratricide en sourdine est à la base de toutes vos surenchères sortant d’un cadre républicain à moins qu’il y ait d’autres considérations multinationales innommées.

Par Mamadou NDIONE

Economiste Ecrivain

Conseiller départemental à Mbour

Responsable politique APR Diass

 

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