Publié le 12 Feb 2015 - 11:09
LETTRE OUVERTE DE L’OPPOSITION AUX PRESIDENTS FRANÇAIS ET AMERICAIN

Wade et ses alliés appellent Hollande et Obama à la rescousse

 

Le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) a adressé hier aux présidents français et américain, François Hollande et Barack Obama, une lettre ouverte dans laquelle ils vilipendent le président de la République, Macky Sall.

 

Dans le combat qui les oppose au président de la République, Macky Sall et son régime, les libéraux du Parti démocratique sénégalais et leurs alliés du Front patriotique pour la défense de la République (FPDR) ne négligent aucun recours. Hier, c’est une lettre ouverte que l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade et son ancien ministre du Commerce, Mamadou Diop Decroix, respectivement président et coordonnateur du FPDR, ont adressé aux présidents américain, Barack Obama et français, François Hollande.

Dans la lettre, libéraux et alliés demandent aux deux présidents de prodiguer leurs conseils à l’actuel Président de la République qui ‘’veut diriger le Sénégal comme une monarchie, transformant par des actes quotidiens le système démocratique de notre pays qui a toujours été l’exemple phare de la démocratie en Afrique, de Léopold Sédar Senghor à Abdoulaye Wade en passant par Abdou Diouf, en système népotiste’’.

Selon les libéraux, si au lendemain de sa victoire en 2000, le Président Abdoulaye Wade a envoyé le Président Abdou Diouf qu’il venait de battre, pour le représenter au Sommet Europe-Afrique du Caire, à la surprise générale de ses pairs, avec Macky Sall, il en fut tout autrement. Lui qui, selon Me El Hadji Amadou Sall, ‘’en guise de réponse à l’offre du Président Wade, a lancé une opération dite ‘’traque des biens mal acquis’’, visant manifestement ce dernier et ses collaborateurs’’. Ainsi, ‘’Macky Sall prit d’abord une mesure d’interdiction de sortie du pays contre 25 personnes de l’entourage du Président Wade, des anciens ministres et Hauts Fonctionnaires, toujours en vigueur depuis 2 ans sans qu’aucune poursuite judiciaire ne soit engagée contre eux’’.

Puis, en 2013, ‘’les convocations à la gendarmerie se suivirent avec une parfaite mise en scène pour faire croire au peuple sénégalais que Macky Sall, le ‘’Purificateur’’, avait mis ainsi la main sur des malfaiteurs qui avaient pillé le pays et caché l’argent à l’étranger ou dans des paradis fiscaux’’. La suite des événements, pour les camarades d’Abdoulaye Wade, ‘’a montré qu’il n’en était rien’’. Macky Sall s’est, selon eux, tout de suite focalisé sur Karim Wade, ancien ministre d’Etat, aujourd’hui dans les liens de la prévention car en jugement devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI).

‘’Les tares de la CREI en tant que juridiction d’exception’’

A propos de cette Cour d’ailleurs, les libéraux de confier à Hollande et à Obama que celle-ci, ressuscitée de ‘’façon opportuniste’’ par Macky Sall, a, depuis sa création en 1981, ‘’dormi pendant 18 ans du temps du règne  de Diouf et 12 ans sous le régime de Wade, soit au total 30 ans sans activité. Les opposants de faire comprendre aux présidents français et américain que ‘’dans le système de la CREI, le citoyen est appelé à prouver un fait négatif, ce qui est récusé par le droit pénal moderne’’.

Tout en estimant que ce système de renversement de la charge de la preuve est unique et n’existe qu’au Sénégal, libéraux et alliés soulignent que ‘’le Procureur Spécial a bien transgressé l’article 101 de la Constitution repris dans l’article 7 de la loi du 12 juillet 1981 instituant la CREI mais, devant l’inexistence de voies de recours, la défense est restée impuissante et le Procureur Spécial a pu imposer à la CREI sa volonté de juger Karim Wade, en dépit de sa qualité de ministre d’Etat passible, pour des faits qui se seraient passés au cours de l’exercice de ses fonctions, de la Haute Cour de Justice de l’Assemblée nationale’’.

 En outre, les responsables du Fpdr considèrent que ‘’les détenus dits politiques que sont Pape Mamadou Pouye, Ibrahim Abou Khalil dit Bibo Bourgi, Karim Wade, Aïda Ndiongue, Alioune Samba Diassé, Pierre Agbogba et Abdoul Aziz Diop, sont en réalité des otages de Macky Sall’’.

Pour toutes ces raisons, le Pds et ses alliés ont demandé aux présidents Hollande et Obama, ‘’dans le cadre de la coopération judiciaire entre les trois pays, d’accepter d’envoyer deux juristes qui seront membres d’un collège de juristes composé, par exemple, de deux français, deux américains, deux juges désignés par la CEDEAO et un par l’union africaine pour, à la lumière de tous les textes en vigueur au Sénégal et des normes internationales en matière de droit pénal, répondre à la seule question de savoir si la CREI est une juridiction fiable conforme aux normes juridiques internationales et capable de rendre une justice juste’’. Aussi, souhaitent-ils que ‘’les deux pays,  après la solution de la juridiction compétente qui sera appelée à juger les militants de l’opposition, les otages, suivent le cours du procès, car leur simple présence sera, à la fois, un élément de dissuasion pour les ennemis de la démocratie mais en même temps  un signe d’encouragement pour ceux qui luttent pour le respect des droits de l’homme’’.

ASSANE MBAYE

 

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