Publié le 25 Aug 2018 - 03:41
LETTRE TABASKI 2018

L'étrenne salée de Karim à Macky

 

Du Qatar où il se trouve, le candidat investi du Parti démocratique sénégalais (Pds) à la prochaine présidentielle s’est rappelé aux bons souvenirs de l’opinion. Karim Wade a vivement critiqué la tenue du pays par Macky Sall.

 

Sa parole se fait peut-être désirer, mais ses sorties épistolaires font toujours l’effet d’une bombe médiatique. Surtout que le fils de l’ancien président sait bien y faire avec les grands évènements, comme lors de la Korité. Karim Wade, avec comme signature ‘‘Le candidat du peuple’’ au pied de sa lettre de Tabaski, n’a pas raté l’occasion de se faire entendre. La situation politique actuelle à l’approche des élections ne pouvait pas échapper à la centralité de son intervention.

‘‘J’espère que Macky Sall saura décrypter cet ultime message du peuple qui ne veut ni de son parrainage ni de l’élimination de ses adversaires politiques par son clan de juges à ses ordres. Il doit comprendre que sa tentative de coup d’État électoral ne passera pas et se comporter enfin en homme courageux qui n’a pas peur d’affronter ses adversaires dans une compétition ouverte, loyale et transparente. Bien évidemment, un tel scrutin ne devra pas être organisé par Aly Ngouille Ndiaye, son ministre de l’Intérieur déjà impliqué dans les plus gros scandales économiques et financiers qui ont marqué son septennat’’, a déclaré le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade.

Dans cette optique d’ailleurs, le candidat du Pds, investi par sa formation politique deux jours avant sa condamnation par la Crei, semble avoir compris que c’est l’ère des grandes coalitions. Aussi, lance-t-il un appel du pied aux structures de l’opposition à s’agréger autour de sa candidature pour aller à l’assaut de Bby. Là également, l’exilé au Qatar joue sur les récentes niches de frustrations qui ont pu secouer le débat public.

‘‘Dans la perspective de cette élection, j’entends, au-delà de ma formation politique, rassembler tous ceux qui veulent restaurer la réussite par le mérite, l’effort et le travail, ceux qui refusent une justice aux ordres et les politiques budgétaires de l’incompétent Macky Sall qui, tout en étant incapable de répondre aux besoins de base de son peuple (l’eau, l’électricité, la santé et l’éducation), trouve le moyen de creuser la dette et les déficits, conduisant ainsi inexorablement le Sénégal vers un chaos économique, un chaos social et un chaos politique’’, avance Karim Wade.

‘’Ne pas répéter l’erreur de 2012’’

Si les critiques ont été d’ordre général sur la tenue du pays, les attaques ont été plus personnelles, plus concentrées sur le président Sall. Karim Wade a d’abord ironisé les engagements non respectés par le chef de l’Etat en lui rappelant que ‘‘la démocratie est une chose, mais que tenir ses engagements et conformer ses actes à ses discours est autre chose’’, prenant comme appui la durée de mandat non réduite, la cherté du coût de la vie, le parti avant la patrie, la nomination du frère du président à des fonctions étatiques. Ensuite, il a littéralement remis en question les compétences du futur président sortant. ‘‘Il importe donc de ne pas répéter l’erreur de 2012. A l’épreuve de l’exercice du pouvoir par Macky Sall, sa famille et son clan, nous devons constater que le Sénégal s’est trompé en mettant à sa tête un ‘beau parleur ignorant et incompétent’, qui a renié tous ses engagements et qui n’a nullement l’intention d’honorer les nouvelles promesses qu’il s’apprête à faire avec son cynisme habituel’’, s’est lâché Karim Wade.

Et de rassurer - ou d’inquiéter - tous ceux qui doutent encore de sa venue au Sénégal. ‘‘L’engagement sans faille, la détermination et l’enthousiasme dont ont fait preuve, en particulier, les militants, les sympathisants du Pds et les mouvements de soutien ont renforcé ma détermination à les conduire à la victoire au soir du 24 février 2019’’.

 On en oublierait presque que la lettre a des éléments de bienséance qui siéent en de telles circonstances.  Karim, dont la candidature est sérieusement menacée, a pourtant demandé pardon et s’est même livré à une petite exégèse sur le sens de la Tabaski. Mais c’était pour mieux mettre en relief les critiques acerbes qui allaient suivre. Les problèmes sociaux ont également été une partie importante de sa correspondance. Un instantané des derniers remous au Sénégal qu’il a dessiné sans fard. En plus des désaccords sur le jeu politique, les pénuries d’eau, le retour des délestages, les morts de migrants clandestins en mer Méditerranée, la famine dans certaines régions, la baisse du pouvoir d’achat… sont, selon lui, de graves sources d’insatisfaction ‘‘susceptibles de mettre en danger la stabilité de notre pays à laquelle nous sommes si attachés et que les prédécesseurs de Macky Sall ont su préserver durant leurs mandats’’.

Dans le même temps, ce dernier affirme que toutes les conditions sont réunies pour aller aux élections.  

OUSMANE LAYE DIOP

Section: