Publié le 14 Jun 2016 - 17:39
LIBERATION DE HISSEIN HABRE

Les avocats constitués donnent un ultimatum de 48 heures à l’Etat

 

A défaut d’une libération immédiate, les avocats constitués par Hissein Habré ont donné hier, un ultimatum de 48 heures à l’Etat du Sénégal pour libérer leur client. Car ils estiment que ce dernier  a été condamné par une composition ‘’irrégulière’’.

 

Bien qu’ils n’aient pas défendu leur client devant la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires (CAE), les avocats constitués de Hissein Habré sont préoccupés par le sort de l’ex-Président tchadien condamné à la prison à perpétuité. En conférence de presse hier, Me Ibrahima Diawara a exigé la libération immédiate de Hissein Habré. A défaut, il a lancé à l’Etat du Sénégal un ultimatum de 48heures. ‘’ A l’expiration de ce délai (aujourd’hui), nous vous informerons de ce que nous allons faire’’, a promis le conseil.

 Selon l’avocat, son client ne doit pas rester en prison un jour de plus car  à l’en croire, ‘’la décision rendue contre lui par les juges des CAE est nulle et non avenue pour composition irrégulière’’. En fait, des explications de Me Diawara, il ressort que, le juge Amady Diouf qui a siégé à l’audience comme assesseur n’en a pas la qualité ‘’car  ne remplissant  pas les conditions légales prévues par l’article 11 des CAE’’. L’article cité dispose que les magistrats des CAE doivent exercer les fonctions de juge pendant au moins 10 ans. Or, selon l’avocat de Habré, le juge Amady Diouf ne remplit pas cette condition puisqu’il a été conseiller technique au ministère de la Justice.

‘’ N’ayant jamais exercé des fonctions de juge, alors que le statut exige une expérience de 10 années, nous sommes choqués qu’une personne n’ayant ni la qualité, ni les compétences requises, ait été désignée en toute illégalité par le ministre Sidiki Kaba qui a agi pout ses intérêts personnels’’, a fulminé le conseil. C’est fort de ce constat qu’il juge ‘’illégale’’ la décision condamnant leur client à la perpétuité pour crimes de guerre, crimes de torture et crimes contre l’humanité et de viol et homicide. Rappelant que le Sénégal s’était engagé à garantir ‘’un procès juste et équitable’’ à l’ancien président tchadien, la robe noire invite l’Etat à le libérer.  ‘’Habré est un otage du Sénégal qui doit donner le bon exemple en le libérant. Le Sénégal doit aussi s’écarter du procès de l’arbitraire qui guide le procès politique dans lequel l’a entraîné son ministre de la Justice’’, a conclu Me Diawara.

L’Etat dégage en touche

Cependant les allégations de l’avocat Diawara ont été battues en brèche par une source proche du ministère de la Justice. D’après cette voix autorisée, le juge Amady Diouf remplit bien les conditions car il n’a jamais été conseiller  de l’actuel Garde des Sceaux. Selon toujours notre source, le magistrat ‘’récusé’’  a été adjoint du Directeur des affaires civiles. Et a bel et bien exercé les fonctions de juges pendant 10 ans.

‘’ Le magistrat Amady Diouf est de la promotion 1991. Il  a été élevé au rang de haut magistrat en 2014. Or, pour avoir ce grade il faut 10 années d’expérience Il a été même parquetier’’, explique notre source. Notre interlocuteur d’ajouter : ‘’le juge Diouf n’a pas été choisi par le ministre,  il a plutôt soumissionné et déposé sa candidature après un appel d’offres lancé par la présidente de la Commission de l’Union africaine. Je crois que  les avocats constitués ont un problème de conscience pour n’avoir pas défendu leur client’’. 

FATOU SY

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