Publié le 25 Jun 2016 - 12:37
LIBERATION DE KARIM WADE

Les libéraux retrouvent le sourire

 

A la permanence du Parti démocratique sénégalais hier, militants et responsables libéraux avaient sonné la grande mobilisation pour manifester leur allégresse, suite à la libération de Karim Wade. Dans l’euphorie, les libéraux se disent néanmoins conscients que le combat ne fait que commencer.

 

Les libéraux qui ont combattu sans relâche pour la libération de leurs détenus politiques, retrouvent le sourire, après l’élargissement de prison de Karim Wade. A la permanence du Pds, au lendemain de l’annonce de la nouvelle, l’ambiance est festive. La joie se lit sur tous les visages. La cour, remplie de voitures de responsables et autres militants et sympathisants, accueille un flot continu de visiteurs. Juste après l’entrée de la permanence Oumar Lamine Badji, sur la droite, un groupe de jeunes militants discute, sous un arbre ombrageux. Un peu plus loin, se trouvent assises les femmes du parti. Sourires aux lèvres, chaudes poignées de mains, échanges téléphoniques interminables, ces mamans,  visiblement  joyeuses, n’hésitent pas à esquisser quelques pas de danse, en dépit du ramadan, pour exprimer leur joie, suite à la libération de leur responsable.

 Les conversations de ces dames ainsi que les autres militants dispersés çà et là dans la cour, tournent autour du même sujet. De ces conversations, émergent deux noms : Karim Wade et Macky Sall, les vedettes du jour. ‘’C’est avec une joie démesurée que nous avons accueilli cette nouvelle. On s’attendait à ce que Karim soit libéré bien avant ce jour  (23 juin), mais nul ne peut échapper à son destin’’, déclare Woré Sarr, député et membre du Comité directeur du Pds. Pour sa part, Soukèye Diokhané, présidente des femmes commerçantes du Pds, soutient : ‘’Karim Wade est un prisonnier politique. Il fallait s’attendre à sa libération, parce que sa condamnation n’était pas juste.’’

Pour cette militante libérale, coordonnatrice du mouvement de soutien  ‘’Commerçantes ‘’Sope’’ (fans) Karim’’ (CSK), peu importe la procédure par laquelle son mentor a été libéré et le départ de celui-ci, juste après sa sortie de Rebeuss, pour Doha au Qatar. L’essentiel, selon elle, est le fait qu’il soit libre. ‘’Karim Wade n’est pas un Qatari. C’est un Sénégalais et il va rentrer’’, prévient Ali Nar Ndiaye, coordonnateur national du ‘’Mouvement libérez Karim’’ (MLK). Woré Sarr renchérit : ‘’On aurait souhaité qu’il soit là avec nous, mais il s’est envolé vers le Qatar, en France ou ailleurs. C’est le destin. On le félicite, on l’encourage et on est toujours derrière lui jusqu’au jour où il sera porté à la magistrature suprême de ce pays’’. Selon l’ex-maire de la commune de Médina Gounass, le choix de la date du 23 juin pour l’élargissement de l’ancien ministre, n’est pas fortuit. ‘’Le Président Macky Sall a attendu cette date pour montrer un autre 23 juin’’, soutient-elle.

Faculté de Droit : ‘’Karim Wade devait refuser d’être gracié’’

La libération de Karim Wade n’intéresse pas seulement les libéraux du Parti démocratique sénégalais. A la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université cheikh Anta Diop de Dakar, elle cristallise également l’attention de tout le monde. Ici, le sujet est sur toutes les lèvres. Les futurs juristes et politistes suivent de très près cette actualité. L’un deux délivre même un cours de droit sur le thème. ‘’La grâce est quelque chose de réciproque. Elle est d’abord une prérogative du président la République qui peut en prendre l’initiative qu’il soumet au détenu. Il revient à ce dernier de l’accepter ou pas. Si le détenu accepte la grâce, cela implique qu’il reconnaît les faits pour lesquels il a été accusé, jugé et condamné’’, théorise l’étudiant en Droit. 

De l’avis de ce jeune juriste en formation, Karim Wade, après avoir purgé un peu plus de la moitié de sa peine, ne devait pas ‘’accepter cette décision présidentielle de grâce dont il vient de bénéficier. Surtout qu’il est devenu célèbre par son emprisonnement, en plus d’être un potentiel rival de Macky à la présidentielle de 2019. Il doit donc refuser pour montrer qu’il n’était  pas du tout coupable de ce dont on l’accuse’’.

Ailleurs, au Point E, ce jeune boutiquier Saliou Guèye rame à contre-courant. ‘’Le problème des Sénégalais n’est pas lié à la libération ou pas de Karim Wade. Le vrai problème, c’est comment trouver de l’emploi aux jeunes, faire décoller économiquement le pays’’, dit-il.

MAMADOU YAYA BALDE

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