Publié le 14 Jan 2015 - 09:46
LIBRE PAROLE

Oui pour le congrès du Pds, mais il y a des préalables !

 

Dans son message de fin d’année, le président Wade a exprimé sa volonté de convoquer le congrès du parti démocratique sénégalais le 08 août prochain. Il a clairement indiqué la nécessaire unité des militants et sa décision ferme  de ne parrainer aucun candidat pour sa succession à la tête du parti.

Cette position est donc sans surprise du fait  que le président Wade garde des relations très affectives avec les militants et a formé beaucoup  de personnalités politiques de ce pays.  Il représente pour l’opinion et aux yeux des militants, ce que le président Thomas Jefferson, père fondateur du parti démocrate, était dans le paysage politique des Etats-Unis.

L’intérêt du congrès sera la pertinence des réponses apportées aux leçons tirées de la gestion du pouvoir et de ses conséquences dans le fonctionnement du parti. Il est un secret de polichinelle de dire que le Pds a souffert plus de sa léthargie durant la période où il était à la tête de l’Etat.

 Le président Wade et ses collaborateurs étaient pratiquement concentrés sur la gestion des affaires du pays, les militants de base n’avaient plus d’interlocuteurs, les réunions du comité directeur et du bureau politique étaient quasi-inexistantes - il n’y avait ni congrès ordinaire ou extraordinaire, ni convention nationale - la réflexion et les espaces de débat avaient fini de céder la place au folklore.  Les relations entre la direction du parti et les instances de base se réduisaient à une discipline militaire (ordre/exécution).

Thomas Jefferson et James Madison, successivement 3éme et 4éme président des Etats-Unis, ont eu le mérite de porter sur les fonts baptismaux  le parti démocrate américain entre 1793 et 1798. Cette formation est devenue une des plus grandes organisations politiques du monde, avec plus 72 millions d’inscrits au primaire de 2004. Elle a un ancrage très fort dans la culture des citoyens américains. Sur les 43 présidents connus par les Etats-Unis,  à savoir de Georges Washington à Barack  Obama, le parti démocrate a présenté 34 candidats aux élections présidentielles américaines dont 19 ont été élus.

C’est  pour dire que le parti est, par essence, un appareil politique, il doit entrer dans la postérité. L’œuvre du président Jefferson continue encore  de servir les générations futures. Elle a permis au président Obama d’exercer deux fois de suite un mandat à la tête de son pays.

La vitalité d’un parti politique réside dans sa capacité à s’adapter aux évolutions et à engager des réformes sous-tendues par le renforcement des valeurs de liberté, de démocratie interne et de transparence dans les procédures de désignation des dirigeants.

Le Pds a déjà vécu 41 ans, il a écrit les plus belles pages de l’histoire politique de l’Afrique et du Sénégal. Il est une des rares  formations politiques représentée sur l’étendue du territoire national et a exercé pendant 12 ans le pouvoir. Son héritage est très riche et doit conséquemment, être préservé le plus longtemps. Il peut encore marquer en survivant à son fondateur. Pour ce faire, le congrès devra méditer l’expérience du RND et du PAI qui n’ont pas survécu à leurs fondateurs. Ils n’ont pas su créer des mécanismes et des stratégies idoines pour assurer leur survie.

 Là où les américains ont réussi à garder  le parti démocrate pendant plus deux siècles (217 ans) de vie, il est possible pour le Pds de faire autant  Le président  Jefferson n’est pas plus intelligent que le président Wade !

Seulement, il y a un problème d’organisation et de méthode. C’est pourquoi d’ailleurs, le prochain congrès doit être  une étape importante. Et, le préalable serait de faire un  travail de dépoussiérage, de modification et de modernisation des textes.

On devrait aménager de nouvelles dispositions dans les statuts et règlements intérieurs pour y  inclure  la reconnaissance des mouvements ou des courants de pensée et fixer de nouvelles procédures pour la désignation séparée  des candidats intéressés par la gestion du parti et ceux  par une candidature aux  élections  présidentielles.

Il faudrait  alors rompre avec le cumul de la fonction de secrétaire général national et de candidat du parti aux élections présidentielles. L’intérêt c’est d’avoir au moins une personne qui va être exclusivement au service du parti pour assurer son fonctionnement. Cela pourrait éviter les flottements  que le Pds a connus au moment où il était au pouvoir.

On sait que tous les grands partis politiques du monde, sont dotés de mécanisme interne permettant de choisir le dirigeant du parti et d’organiser des primaires pour les candidats présidentiels. Aux Etats-Unis, le parti démocrate est dirigé par la dame Debbie Wasserman Schult, elle est née le 27 septembre 1966 à New York et membre du Congrès américain. Sa formation a organisé des primaires et investi deux fois de suite le président Obama aux dernières présidentielles américaines.

En France, l’UMP (union pour un mouvement populaire) a réglé la question dans les dispositions de ses articles 34 et 35 du Règlement intérieur, elles définissent clairement les conditions de désignation des candidats à l’élection présidentielle et les modalités d’organisation des primaires.

Au sein des partis politiques, comme dans un pays, la démocratie ne va pas s’épanouir simplement parce qu’elle est proclamée. En fait, la démocratie interne d’un parti politique peut être compromise par des facteurs tels que :

une direction isolée et/ou des structures de communication insuffisante ;  une absence de changement de la direction du parti ou de renouvellement des instances de base ;une marginalisation des membres du parti et une prééminence de subordination des liens consanguins et/ou partisans dans le fonctionnement du parti ; des pratiques autoritaires et un manque de tolérance.

Ces  facteurs contribuent  généralement à des situations où quelques individus dominent les affaires du parti sans aucune considération pour la grande masse des militants.

Toutefois, il faut reconnaitre que le parti politique bien organisé et fondé sur des valeurs démocratiques, est toujours en bonne position pour représenter les besoins des populations et gagner l’attraction populaire durant des consultations électorales.

Pour le prochain congrès, on devrait méditer la pensée du président John Fitzgerald  Kennedy dans son discours inaugural, le 20 janvier 1961, il disait, je cite : «  All this not finished in our lifetime on this planet. But let us begin » ; c'est-à-dire « nous ne pourrons pas tout  faire durant  notre vie sur cette planète. Mais commençons ! »

                                                                            Alioune SouaréAncien député et Secrétaire Général

                                                                      Fédération du PDS – Rufisque.

 

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