Publié le 7 Oct 2015 - 09:01
LIBRE PAROLE

Voyager en Gambie est (toujours) un calvaire 

 

Ceux qui se rendent à Banjul vivent un long calvaire. Cette ville si proche (290 km de Dakar) est en réalité si loin, ceux qui n'y sont pas retournés depuis pourraient se rendre compte que rien n'a changé comme difficulté à entreprendre le voyage. C'est dire que ceux qui font régulièrement le trajet avalent tous les jours des couleuvres. D'abord au départ de Dakar, il faut aujourd'hui passer par Foundiougne pour préserver son moyen de locomotion et son ...dos car entre Fatick et Karang, il y a deux portions de la route impraticables : Fatick-Kaolack sur la Nationale 1 (en train d'être refaite heureusement) et ensuite entre Kaolack jusqu'a Sokone (du matériel entreposé témoigne de futurs travaux).  

En prenant le bac et en passant par Foundiougne, c'est presque 70 km de routes impraticables qu'on s'épargne. Mais le hic à Foundiougne est que le bac est intermittent. Les 1er et 4 octobre derniers, il a fallu que les automobilistes et les passages attendent que le personnel affecté au bac prenne sa pause de près de ....trois heures pour continuer leur voyage. A Fatick, la dernière rotation du bac de la mi-journée quitte a 12h30 et revient après 15h30. Conséquence : le gain de temps s'envole, nos cousins sérères peuvent voir comment abréger leur ...pause-repas pour permettre aux passagers de voyager plus rapidement surtout les week ends.

Le 4 octobre, nous avons compté jusqu'à une quarantaine de véhicules en attente d'embarquer pour Fatick, il était 13 h 30 quand nous sommes arrivés, notre départ ne se fera qu'à 16h 30 environ. Il est vrai que le bac ne prend qu'une douzaine de voitures. Mais les conditions de voyage auraient pu être améliorées pour les voyageurs si le port de Foundiougne qui a été inauguré avec ses beaux bâtiments des deux côtés de la berge était ouvert au public, ce qui pourrait les soulager et leur éviter ces attentes sous les "mbar" et les arbres. 

Les difficultés rencontrées à l'intérieur du Sénégal sont presque mineures si on les compare à ce qui attend le voyageur une fois en Gambie. D'abord, à noter cette absence totale d'informations, à Karang cote sénégalais comme à Hamdalai, côté gambien, sur les conditions d'entrée dans le territoire gambien. Il faut demander comme on le fait dans la rue pour qu'on vous conseille d'aller présenter vos papiers aux polices des deux frontières. Et payer 1000 frs sans recevoir de reçu au Sénégal. Si vous voulez entrer avec une voiture de tourisme immatriculée au Sénégal, il vous faut une autorisation des Douanes sénégalaises payée 2500 frs contre un reçu. Du côté gambien, faut débourser 200 dalasis. Pas de reçu. Juste un cachet sur le document fourni par la partie sénégalaise. Il ne faut surtout pas oublier d'avoir une assurance Cedeao. Sinon, vous allez devoir donner la dime aux différents check -points des cerbères.

Il faut aussi vous soumettre aux nombreux contrôles de l'armée qui veille sur la route, les militaires maniant ostensiblement leurs armes fouillent les véhicules.  Une fois a Barra, localité située à  une trentaine de minutes de voiture de la frontière sénégalaise, il faut prendre son mal en patience et attendre le ferry pour Banjul comme l'appellent les Gambiens. Mais à voir l'immense foule présente sur les lieux, on se demande pourquoi les autorités n'ont pas édifié depuis longtemps un pont, un moyen d'assurer l'unité physique de ce pays et de faciliter la circulation des biens et des personnes. Le pont se justifierait d'autant plus que les deux côtés de la berge sont en territoire gambien, c'est à dire qu'il serait intégralement contrôlé par les autorités de ce pays. Une fois à  Banjul, celui qui a été longtemps absent de ce pays est un peu dépaysé, voit le centre des affaires déplacé maintenant dans la localité de Serrekunda. Hôtels, sociétés, marchés, tout un dynamisme qui tranche avec l'aspect vieillot de Banjul. 
 

 Mamadou AISSATA 

 

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