Publié le 24 Apr 2015 - 11:48
LIVRES ET LECTURE

Péril sur les bibliothèques publiques 

 

Gratuites et peu fréquentées, le paradoxe est éloquent et pourtant, c’est la réalité de la plupart des bibliothèques publiques. Encore qu’on en trouve peu aujourd’hui. Dans toute la région de Dakar, il n’existerait juste qu’un réseau de dix de ce genre. En réalité, elles ne sont des bibliothèques que de nom. Un tour dans certaines d’entre elles le certifie.

 

Les bibliothèques publiques sont en train de disparaître. C’est le terrible constat qui est fait. Jadis, chaque collectivité locale disposait d’une bibliothèque ouverte au public. Aujourd’hui, on n’en trouve presque plus. Les rares qui fonctionnent toujours ont de vieilles collections d’ouvrages. C’est le cas à la Maison de la culture Douta Seck. Hier, l’endroit était fermé, bien avant l’heure de la pause. Alors que ce jour marquait la célébration de la journée internationale du livre et du droit d’auteur.

Le pire, c’est que personne ne pouvait donner des renseignements sur l’heure de sa réouverture, encore moins donner les coordonnées du gérant. Une source a informé que cette bibliothèque existe depuis près de 12 ans. Elle était très fréquentée au début par les étudiants de l’école nationale d’administration (ENA) et des journalistes culturels. Désormais, elle reste presque déserte. Peu de gens y viennent. Ce qui expliquerait peut-être l’absence de son gérant à une heure de service. ‘’Le nombre de visites quotidiennes dépasse rarement trois’’, dit notre interlocuteur.

Ailleurs, c’est la même triste réalité. Le centre culturel régional de Dakar Blaise Senghor recevait hier une table ronde sur la crise de la lecture. Au sein de ce cadre qui offre gratuitement l’opportunité de lire à tout un chacun et qui est très peu fréquenté, on a exposé les causes du désamour des Sénégalais pour la lecture. Déjà, un regard circulaire a permis aux différents acteurs présents dans la salle de cerner certains problèmes. En effet, dans cette bibliothèque, le public enfant est assez bien servi, avec énormément de bandes dessinées. Même si certaines sont celles que leurs parents ont lues dans leur enfance. Par contre, la bibliothèque pour adulte est très peu fournie. On y trouve en grande partie des livres pour acteurs culturels. Un bon coin, sans doute, pour les étudiants de l’école nationale des arts.

Car ceux de l’université Cheikh Anta Diop n’ont vraiment pas cette chance. A la bibliothèque universitaire, on ne trouve que des livres de vieilles collections. ‘’Moi, j’ai eu tous les problèmes du monde, quand je faisais mon mémoire de maîtrise. Il n’y a rien à la BU qui ait pu me servir dans mes recherches’’, confie Mariama Diédhiou, une ancienne étudiante du département de Géographie. Elle n’est pas la seule à avoir vécu cela. Nombreux sont les étudiants qui ont rencontré les mêmes écueils.

La problématique du renouvellement des fonds

Ainsi se pose la question du renouvellement des fonds de certaines bibliothèques. ‘’On a changé les fonds de certaines bibliothèques publiques  qui sont dans le réseau de l’organisation internationale de la Francophonie.

Et l’expérience sera renouvelée courant 2015, avec d’autres bibliothèques régionales’’, explique le  conservateur de bibliothèques à la Direction du livre et de la lecture, Abibou Coly. Cette opération exige énormément de moyens que le ministère de tutelle n’a pas. ‘’Nous avons un budget limité. Et si ce n’est l’OIF, on n’est soutenu par aucun sponsor dans notre volonté de changer le fond’’, dit-il. De ce fait, la direction du livre et de la lecture invite les collectivités locales à le faire, à défaut de monter des bibliothèques. ‘’Les responsables doivent savoir que le développement du livre et de la lecture, dans leurs localités, est une de leurs prérogatives’’, souligne M. Coly. Ainsi, le constat est que les œuvres qu’on trouve dans les bibliothèques sont obsolètes.

Relever le pari du net

Autre manquement, à l’heure où les technologies de l’information et de la communication offrent des moyens d’accès faciles, la plupart des bibliothèques ne disposent pas d’ordinateurs, encore moins d’internet. Ce dernier phénomène est l’une des causes du faible taux de fréquentation des espaces de lecture et de recherches. C’est ce qu’ont compris les gérants de la bibliothèque de l’institut français Léopold Sédar Senghor. Celle-ci dispose d’une médiathèque, d’un fonds de jeunesse, d’un fonds dvd, de journaux et revues internationaux, de postes de consultation vidéo et les visiteurs ont accès à internet. Mais, il faut payer pour bénéficier de tout cela. La bibliothèque Blaise Senghor a des ordinateurs, grâce à un don de la coopération française. Cependant, elle n’est pas pour autant si fréquentée que cela, malgré sa proximité avec les lycées Blaise Diagne et John Fitzgérald Kennedy, le CEM Kennedy et l’école nationale d’administration. 

BIGUE BOB

 

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