Publié le 2 Sep 2016 - 00:57
LUTTE CONTRE L’ANEMIE AU SENEGAL

2,2 millions d’adolescentes et de femmes seront sauvées 

 

Les adolescentes et les femmes du Sénégal vont bientôt être sauvées de l’anémie grâce à ‘’bon départ’’. Un programme de 766 458 000 francs CFA qui lutte contre cette maladie financée par le gouvernement canadien pour une durée de 5 ans.

 

Les femmes et les adolescentes peuvent pousser un ouf de soulagement. Le programme ‘’Bon départ’’ lancé avant-hier à Notto Diobass, dans la région de Thiès, va permettre d’améliorer leur nutrition. Ce programme géré par l’Initiative pour les micronutriments (IM) est financé à hauteur de 1,7 million de dollars (soit 766 458 000 F CFA) par le gouvernement du Canada. ‘’Bon départ’’ va lutter contre l’anémie qui affecte 60% des femmes et des jeunes  filles au Sénégal. Il vise aussi à réduire le nombre de cas d’anomalies du tube neural chez les nouveau-nés tel que le spina-bifida.

Selon la ministre du Développement international et de la Francophonie du Canada, Marie-Claude Bibeau, une femme qui souffre d’anémie souffre également dans le travail et une adolescente affectée par l’anémie traîne des lacunes à l’école. ‘’C’est un fléau que nous devons combattre. L’anémie a un effet direct sur le taux d’absentéisme des adolescentes et sur leur performance scolaire. Elle est une cause importante de décès pendant la grossesse et peut aussi mener à des naissances prématurées et de faibles poids à la naissance. Deux facteurs qui prédisposent les nouveau-nés à des problèmes de santé et des risques plus élevés de mort prématurée’’, a soutenu Mme Bibeau. C’est pourquoi, dit-elle, ils ont choisi 9 pays en Afrique et en Asie pour aider ces couches vulnérables pour une durée de 5 ans. D’ici 2020, plus de 1,2 million d’adolescentes fréquentant l’école auront reçu des comprimés de fer et d’acide folique dans les écoles des différentes régions ciblées.

Ce programme va intervenir dans les régions de Dakar, Kaolack, Kolda, Saint-Louis, Sédhiou, Thiès et Ziguinchor. ’’1 million de femmes sénégalaises en âge de procréer vont bénéficier des bienfaits de la farine de blé fortifiée afin de combattre l’anémie. La prise quotidienne de 60 mg de fer durant toute la grossesse peut réduire l’anémie à terme de 70%’’, a expliqué le ministre.

1 500 cas d’anomalies de tube neural par an

‘’Bon départ’’ permettra également d’éviter des cas d’anomalie chez les nouveau-nés. Car  selon le ministre canadien, chaque année, 1 500 cas (soit six fois plus qu’au Canada) de nouveau-nés présentant des anomalies de tube neural associées à une carence en acide folique surviennent au Sénégal, dont le Spina-bifida. Cette malformation congénitale affecte le système nerveux, avec des conséquences irrémédiables possibles sur l’ensemble de l’organisme. ‘’Si toute les femmes en âge de procréer prenaient 0.4mg d’acide folique par jour avant et au moins pendant le premier trimestre de la grossesse, 42 à 87% des cas potentiels de spina-bifida pourraient être évités’’, a souligné Mme Bibeau.

3 QUESTIONS A…

Joël Spicer, PDG de l’Initiative pour les micronutriments (IM)

‘’On ne peut pas atteindre les objectifs du développement durable sans régler le problème de la malnutrition’’

Vous venez de lancer ‘’Bon départ’’ au Sénégal. Quels sont les objectifs  visés à travers ce programme de nutrition ?

‘’Bon départ‘’ est un programme global qui couvre 9 pays : le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, les Philippines, l’Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie et le Sénégal. Le but est d’aider les femmes et les adolescentes en particulier parce que c’est un groupe négligé et qui porte le plus lourd fardeau de la malnutrition. Un milliard de femmes souffrent de malnutrition dans le monde et les solutions ne sont pas coûteuses. Ce programme se déclinera sur deux volets : la supplémentation hebdomadaire en fer et folique à travers les lycées et le  contrôle de la fortification adéquate de la farine de blé commerciale distribuée à travers le pays. Nous allons aussi faire des formations sur la nutrition. On ne peut pas avoir des hommes forts sans des femmes fortes. Donc il faut aider les gouvernements dans le développement des programmes. C’est un programme pionnier.

Si 40 à 50% d’enfants sont mal nourris, cela va toucher le développement du pays. Parce que quand on n’a pas de bonnes performances à l’école, on ne peut pas avoir un bon travail. Ce qui veut dire qu’on ne contribue pas au maximum à l’économie. On ne peut pas atteindre les objectifs du développement durable sans avoir réglé le problème de la malnutrition. Pour le résoudre, c’est des projets comme ‘’Bon départ’’ qu’il faut développer. Il faut aussi que tous les gouvernements prennent en charge cela. Ce n’est pas du tout coûteux. On perd des milliards pour des frais médicaux, et chaque maladie qui passe attaque les populations. On ne peut pas avoir un système d’immunité sans une bonne nutrition. Donc pour avoir des économies fortes, un bon système de santé, un système d’éducation qui fonctionne, il faut une population qui a du potentiel.

Le Sénégal fait partie des 9 pays ciblés. Est-ce que cela est dû  au fait que 60% des femmes souffrent d’anémie ?

C’est vrai, le Sénégal a un lourd fardeau. Il a des exemples de succès. Mais cela ne veut pas dire que le travail est fait, non. Cela vient de commencer. Il y a beaucoup plus de travail à faire au Sénégal. Mais dans les autres pays d’Afrique, Ethiopie par exemple, on constate des forts taux de malnutrition. On a choisi le Sénégal parce que nos locaux se trouvent ici et nous avons une histoire de partenariat et de collaboration avec le pays. Il y a aussi le fait que le Sénégal est membre de la Francophonie au même titre que le Canada.

Votre cible, ce sont les femmes et les adolescentes. On a constaté que l’anémie commence à toucher les enfants de moins de 5 ans. Avez-vous des stratégies de lutte dans votre programme pour cette couche ?

C’est vrai que c’est un grand problème pour les enfants. Notre principale cible, c’est les adolescentes parce que leur cas est plus critique. Mais dans le deuxième volet de ce projet qui consiste à la fortification, c’est tout le monde qui va en bénéficier. Cela ne va pas résoudre totalement le problème mais c’est une composante très importante. Parce que le mieux, c’est d’attaquer le mal par plusieurs dimensions. L’année passée, on a lancé ‘’Pink’’ projet intégré de nutrition à Kolda  et à Kédougou. Il met l’accent sur la nutrition dans plusieurs domaines. Nous sommes en train de travailler pour voir comment mieux aider les enfants.

VIVIANE DIATTA

 

Section: