Publié le 25 May 2016 - 22:57
LUTTE CONTRE LA FRAUDE ET LA CORRUPTION

L’Ofnac livre ses premières enquêtes

 

L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a rendu public hier son premier rapport. Dans un document de 26 pages, l’organe de régulation fait état de nombreuses pratiques illicites dans la gestion et l’administration des services publics de l’Etat.

 

Les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’administration générale, des marchés publics, du commerce, des transports terrestres, etc. du Sénégal sont actuellement minés par de nombreuses pratiques contraires aux règles de fonctionnement du service public. C’est ce qu’a révélé hier le premier rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). L’organe de régulation note, pour la période 2014-2015, plusieurs cas de corruption, de concussion, de détournement de deniers publics, de faux et usages de faux… dans la gestion des structures publiques.

Depuis son installation en août 2014, l’Ofnac a reçu 320 plaintes et dénonciations, par lettres, appels sur numéro vert, mails et applications mobiles. Sur ce nombre, 134 seulement ont été jugées recevables par l’Organe de contrôle, soit 64% des demandes. Elle s’est déclarée ainsi incompétente sur les 75 autres restantes. Selon la présidente de l’Ofnac, 65% de ces plaintes proviennent de la région de Dakar. ‘’Toutes les régions sont concernées, à l’exception de Kédougou’’, fait savoir Nafy Ngom Keïta. Il ressort aussi de ce rapport que les structures publiques sont les plus visées, avec 133 plaintes contre l’administration et 75 contre les collectivités locales. Et cela, en dépit des efforts faits par l’Etat pour lutter contre ces pratiques illicites. ‘’Parfois, ce sont des agents isolés qui contournent les règles de fonctionnement de leur service, pour se livrer à des actes de corruption ou de concussion’’, révèle-t-elle.

Détournement de malades

Ces pratiques sont, d’après la présidente de l’Ofnac, favorisées par la lourdeur de la procédure administrative, l’insuffisance des informations mises à la disposition des citoyens, les lenteurs dans la délivrance du service public, la faiblesse de la tenue de comptabilité et l’insuffisance du contrôle exercé sur l’administration. Les enquêtes menées par les services de l’Ofnac ont ainsi révélé des dysfonctionnements dans le secteur de la santé. ‘’Il a été relevé des pratiques de détournement de malades d’une structure publique vers un cabinet médical, sur fond de corruption. Ces pratiques placent les usagers du service public dans une certaine insécurité. L’orientation vers la structure d’accueil ne mettant pas en avant l’efficacité et les besoins du malade’’, a dénoncé Mme Nafi Ngom. L’autre domaine épinglé également par l’Ofanc est l’Education. Ici, les enquêteurs ont constaté de nombreux cas d’infractions de faux et usage de faux dans des documents scolaires, notamment les relevés de notes. A en croire la présidente de l’Ofnac, les élèves et les responsables des établissements sont tous impliqués dans ces pratiques frauduleuses.

Le Coud épinglé

Au niveau de l’enseignement supérieur, ce sont les centres des œuvres sociales qui sont mis en cause. ‘’Les investigations menées ont révélé des pratiques aux antipodes des règles d’exécution des dépenses publiques. Des indices graves et concordants de détournement de deniers publics et d’escroquerie portant sur des fonds publics ont été recueillis’’, a informé la présidente. Et l’inspectrice générale d’Etat de dire : ‘’Ces pratiques éloignent le Coud de sa vocation fondamentale qui est d’assurer une gestion efficace des œuvres sociales pour l’épanouissement des étudiants.’’

Transport terrestre

Le rapport a aussi fait l’état des lieux du transport terrestre. Là aussi, le secteur est gangréné par la corruption, les actes de concussion, le blanchiment d’argent et des faits de violations du code général des impôts dans la délivrance des documents administratifs. ‘’Les enquêtes ont constaté que les acteurs impliqués ont agi en violation flagrante des normes de référence et des orientations du ministère chargé des Transports’’, s’est désolée la patronne de l’Ofnac. Selon Nafi Ngom Keïta, des agents très peu scrupuleux ont instauré leurs propres règles pour réaliser leur dessein, exigeant des usagers du service public le paiement de sommes que la règlementation n’autorise pas.

Le centre des services fiscaux de Dakar n’a pas aussi été épargné par ce rapport de l’organe de contrôle. Les enquêteurs ont mis à nu des pratiques isolées de concussion. Les agents de ce service faisaient payer aux citoyens des montants indus ou exigeaient plus que les tarifs fixés. D’autres structures de l’Etat, comme la commune de Sébikotane, la Pharmacie d’approvisionnement nationale sont aussi, entre autres, mises en cause par l’Ofnac.

CONFLIT D’INTERETS SUPPOSE AU PORT AUTONOME DE DAKAR

L’Ofnac blanchit Cheikh Kanté

La plainte déposée contre le Directeur du Port autonome de Dakar, Cheikh Kanté, pour conflit d’intérêts, n’a pas abouti. Les enquêtes menées par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption n’ont rien donné. L’annonce a été faite hier par la Présidente de l’Ofnac, lors de la présentation du rapport d’activités de cette structure. Selon Nafi Ngom Keïta, il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans cette affaire. Car les investigations n’ont pas permis, d’après elle, d’établir l’existence de conflit d’intérêts ayant justifié la mise à l’écart du plaignant. ‘’L’attribution des terre-pleins et des hangars a été faite sur la base du critère de la capacité de stockage des entreprises soumissionnaires.’’

Elle a aussi blanchi le DG d’être aussi coupable de délit d’initié dans une procédure d’Appel à manifestation d’intérêt. Même si l’enquête n’a pas permis de noter sur ces points l’existence d’infractions, l’Ofnac a cependant noté des ‘’dysfonctionnements’’. Ceux-ci ont, à en croire la présidente, entaché la procédure de sélection des candidats, avec notamment ‘’l’absence des soumissionnaires, lors de la séance de dépouillement’’.  

MAMADOU DIALLO

 

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