Publié le 20 Jun 2019 - 16:36
LUTTE CONTRE LA MENDICITE DES ENFANTS TALIBES

La Raddho intègre les artistes

 

Tous les enfants ont droit aux mêmes droits. Considérant ce fait, la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho) invite les artistes sénégalais à se lancer dans le combat contre la mendicité des enfants. L’organisation relève un problème de volonté politique.

 

Pour avoir plus d’impact dans sa lutte contre la mendicité des enfants talibés, la Raddho choisit d’intégrer de nouveaux acteurs : les artistes sénégalais. En effet, ses membres estiment que l’engagement des musiciens ferait tache d’huile dans un combat qui n’a que trop duré. Et il est prévu, à cet effet, 3 jours de festival pour l’enfance.

Du 20 au 22 juin, le centre Blaise Senghor abritera, entre autres, des concerts, des projections de films, des expositions et un forum jeunesse sous le thème ‘’Je suis enfant, où sont mes droits ?’’. Tout ceci dans le but de ‘’renforcer la communication et la sensibilisation sur la problématique des enfants’’, comme l’a souligné Mame Couna Thioye, membre de l’Ong, avant d’interpeller les artistes sénégalais. ‘’Il faut qu’ils essaient de s’impliquer dans ce combat. En fait, il s’agit de restaurer la dignité humaine de ces enfants. A chaque rencontre internationale sur les Droits de l’homme, le Sénégal est interpellé quant à ces enfants exploités qui trainent dans les rues’’.

Ce programme intervient dans le cadre de la célébration de la 29e édition de la Journée de l’enfant africain (16 juin) et aussi de la 31e édition de la Semaine nationale de l’enfant.

Par ailleurs, la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho) dit être en phase avec le dernier rapport de Human Rights Watch. ‘’Ce rapport est un échantillonnage. Ces chiffres sont même faibles par rapport à ce qui se passe réellement’’, ajoute Mme Thioye. Pour elle, il est inconcevable que des enfants soient enchainés, battus à mort et envoyés dans la rue pour mendier. Pour réussir le pari de la fin de la mendicité des enfants, l’Ong espère des productions fouillées et engagées de la part des journalistes.

Ce n’est pas une priorité pour l’Etat

Face à ce problème, la Raddho demande l’adoption du projet de loi portant sur le statut du ‘’daara’’ et du code de l’enfant. Surtout que le gouvernement dit être en mode ‘’Fast-track’’. Le premier texte a déjà été adopté en Conseil des ministres, en juin 2018, mais n’est pas encore introduit à l’Assemblée nationale. Ce qui fait dire à l’organisation que l’éradication de cette exploitation n’est pas une priorité pour les autorités. Il est donc temps que cela change.

Un autre aspect à revoir est le plan de retrait des enfants de la rue lancé par le chef de l’Etat, en 2016. Et Mame Couna Thioye de déplorer ‘’un échec. On a ramassé des enfants, on les a entassés dans des voitures de police, comme si c’était eux les malfaiteurs. Pis, les maitres coraniques ont reçu de l’argent au lieu d’être sanctionnés. Ceux qui maltraitent ces enfants sont tout sauf des maitres coraniques’’.

A l’en croire, la mendicité des enfants au Sénégal est un business qui rapporterait 5 milliards de F Cfa par an. Raison pour laquelle Raoul Latouffe, Président de la Coalition nationale des associations et Ong en faveur de l’enfant, estime qu’il faut ‘’une stratégie cohérente et holistique. Ces exploitants ont commis une infraction ; ils doivent être sanctionnés’’.

Selon lui, plus rien n’empêche l’ouverture d’une enquête judiciaire, car toutes les preuves sont connues du procureur de la République.

La Raddho en a profité pour rappeler que la question de l’insécurité grandissante devrait prendre en compte ce problème, parce qu’on ignore ce que deviennent ces enfants, 20 ans après. D’autre part, le Sénégal est invité à appliquer les textes internationaux  qu’il a ratifiés en matière de droit des enfants et des Droits de l’homme.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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