Publié le 27 Oct 2018 - 01:23
LUTTE CONTRE LE CANCER DU COL DE L’UTERUS AU SENEGAL

Le vaccin contre le papillomavirus sera introduit  le 31 octobre

 

Du nouveau dans la lutte contre les cancers. Le Sénégal va être le premier pays en Afrique de l’Ouest à introduire le vaccin contre le cancer du col de l’utérus dans le Programme élargi de vaccination. Ça sera le mercredi 31 octobre prochain.

 

Le cancer du col de l’utérus ne sera plus un problème pour le Sénégal, dans quelques années. Toutes les filles seront protégées contre ce papillomavirus. Le vaccin contre ce cancer va être introduit dans le Programme élargi de vaccination (Pev), ce mercredi 31 octobre, au Sénégal. L’annonce a été faite, hier, au cours d’une conférence de presse, par le chef dudit programme, docteur Ousseynou Badiane.  Elle  va concerner toutes les filles âgées de 9 ans. ‘’C’est un nouveau vaccin, mais c’est aussi des cibles qu’on n’avait pas l’habitude de vacciner. Il fallait qu’on apprenne comment faire pour ne pas avoir de problème au plan programmatique. On a vu comment manager. C’est pour cette raison qu’on avait choisi le district de Dakar Ouest, de Mekhé, en 2014-2016. En 2016, on a enrôlé le district de Khombole. L’expérience a été concluante’’, explique Dr Badiane. 

Les couvertures vaccinales ont été au-delà de leurs attentes. Car l’objectif fixé était de 70 % du taux de couverture. ‘’On a eu plus de 90 % de couverture vaccinale. On a vacciné plus de 50 mille filles âgées de 9 ans’’. Fort de ces résultats, en y incluant d’autres facteurs, le ministère a décidé de passer à l’échelle nationale. C’est-à-dire d’établir cette vaccination dans toutes les régions. Parmi ces facteurs, déclare le médecin, il y a la demande sociale.

Les organisations de lutte contre ce cancer ont émis le vœu d’intégrer ce vaccin dans la vaccination de routine, parce qu’il est très cher et la population en a besoin.  Selon lui, à partir du mois de novembre, toutes les filles éligibles, si elles le veulent, peuvent se faire vacciner avant la fin de l’année. Ça sera environ 95 mille filles par an. Les lieux de vaccination sont les postes et centres de santé, les écoles primaires, les ‘’daara’’, les cases de santé. ‘’Toutes les dispositions ont été prises pour que les filles éligibles soient vaccinées. Les doses sont déjà sur place, on attend juste le lancement pour démarrer. Le calendrier est de deux doses espacées d’au moins 6 mois’’, explique Dr Badiane.  

Le médecin ajoute qu’il y a des assurances qu’à partir de 2019, les filles de 11 à 14 ans vont être vaccinées. ‘’Parce que l’Oms recommande de vacciner les filles de 9 à 14 ans. On ne peut pas se permettre de le faire actuellement, parce qu’on n’aurait pas assez de vaccins pour les prendre en charge’’, souligne-t-il.

‘’Il n’y a aucun risque à vacciner celles qui sont déjà infectées’’

De l’avis du médecin, ce vaccin est efficace même chez les adultes et chez celles qui ont commencé leur sexualité. Mais il y a un schéma vaccinal qui est diffèrent de ce qui va être utilisé pour les filles jeunes, parce que ça sera trois doses sur le calendrier d’au moins 6 mois.  ‘’Il n’y a aucun risque à vacciner celles qui sont déjà infectées. Parce que le vaccin, ce n’est pas le virus, c’est un vaccin synthétique. Des études ont montré l’impact de ce vaccin chez les sujets infectés où il a bloqué le processus évolutif. Mais elles ne sont pas notre cible dans le programme’’, soutient Dr Badiane.

Le cancer du col de l’utérus est le premier cancer gynécologique au Sénégal. Contrairement à ce que pensent les gens, il vient avant celui du sein. Par contre, dans le monde, c’est l’inverse. Il représente, selon le directeur du programme, 34 % des cas incidents. C’est-à-dire des cas de cancers qui surviennent au Sénégal. Il représente 30 % des décès par cancer. ‘’Si vous prenez l’ensemble des cancers, le tiers des décès est attribué au cancer du col. On a une prévalence de 12,6 %. Presque toutes les femmes au Sénégal ont été en contact avec le virus du papillome humain, les 2/3 risquent de développer une infection. Mais ce n’est pas toutes celles qui développent une infection qui vont évoluer vers le cancer. Il y a des infections asymptomatiques’’, explique-t-il. C’est une infection sexuellement transmise et, souvent, c’est lors des premiers rapports sexuels.

La particularité du Hpv (virus), souligne Dr Badiane, est qu’il peut se transmettre même sans pénétration, par contact juste intime. Ce qui veut dire que le préservatif ne protège pas cette infection à 100 %. L’infection peut évoluer de manière sournoise jusqu’à développer des lésions précancéreuses et arriver à un cancer. Le premier facteur de risque, c’est l’âge du premier rapport sexuel. Plus le rapport est précoce, plus l’infection est précoce et plus le sujet a le temps de développer un cancer. ‘’Il y a des facteurs liés au génotype du virus. Essentiellement, c’est le virus du type 16 et 18 qui est à l’origine de plus de 2/3 des cancers du col’’.

Trois stratégies de lutte

Selon docteur Ousseynou Badiane, il y a trois stratégies de lutte. La prévention primaire, qui concerne la vaccination des sujets neufs qui n’ont pas été encore infectés. ‘’Elle doit se faire idéalement avant le premier rapport’’.  La prévention secondaire, il s’agit des femmes d’un âge avancé où on préconise le dépistage précoce et systématique des lésions  précancéreuses ou le traitement.  La prévention ternaire qui concerne le traitement. ‘’Il est très coûteux et l’issue n’est pas garantie. La stratégie la mieux adaptée, dans notre pays, c’est de faire la vaccination des filles’’.

VIVIANE DIATTA

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