Publié le 7 Mar 2023 - 09:16
LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Le slam au service de l’environnement

 

Construire des édifices à l'aide de briques en terre pour atténuer les effets du dérèglement climatique. C'est ce que conseille Taman Mhoumadi, responsable Innovation bas carbone chez Eiffage Sénégal et porteuse de projet autour du développement durable.

 

Inciter les populations à mettre en pratique les solutions existantes pour lutter contre les changements climatiques. Tel est le challenge de Taman Mhoumadi, responsable Innovation bas carbone d'Eiffage Sénégal et chanteuse. Car, alors que des solutions sont connues, c'est au niveau de l'engagement que le bât blesse, d'après elle. Porteuse de projet autour du développement durable, elle demande à tout un chacun de prendre à bras le corps le problème du dérèglement général du climat pour changer la donne.

Ainsi, dans le domaine de la construction, elle invite les Sénégalais à utiliser les briques en terre cuite ou crue. Car, note-t-elle, le béton augmente la rétention de chaleur à l’intérieur des bâtiments construits et favorise l’émission de gaz à effet de serre. ''Déjà, la terre est un matériau local. Et la construction à base de briques en terre empêche la chaleur de pénétrer dans le bâtiment. Donc, elle ne favorise pas sa surchauffe. À cet effet, elle permet d'éviter l'utilisation de la climatisation qui émet beaucoup de gaz à effet de serre. La climatisation contribue fortement au réchauffement climatique'', a indiqué Taman Mhoumadi, en marge de la 2e édition du festival Slam Nomade où elle sensibilisait sur les questions liées aux ce phénomène.

D'après elle, même si les briques en terre coûtent plus cher que celles en ciment, ça vaut le coût. ''Je suis convaincue que chaque personne peut avoir une influence pour faire avancer le monde dans le bon sens par rapport au dérèglement climatique, parce qu'on a tous un potentiel d'influence autour de nous. C'est-à-dire, nos amis et nos familles, ne sont pas tous au courant de la problématique des changements climatiques'', dit Taman Mhoumadi.

À l'en croire, la sensibilisation est la première étape pour mener à l'action. ''Chacun a une responsabilité pour agir, que ce soit d'un point de vue artistique, technique, formation ou de sensibilisation. Au fait, ce qu'il faut, c'est une chaîne solidaire pour faire avancer le sujet climatique et mettre en place les solutions'', conclut Taman Mhoumadi.

D'ailleurs, des slameurs ont suivi sa présentation sur l’urgence climatique. Ils ont écrit des textes qu’ils ont présentés, ce dimanche, lors d'une déambulation poétique.

TROIS QUESTIONS À

DJIBRIL NIANG, DIRECTEUR DE JEUNES VOLONTAIRES POUR L'ENVIRONNEMENT

''On doit revoir les systèmes d'organisation et de gestion des Cop''

Quel est l'état des lieux du phénomène des changements climatiques ici à Saint-Louis ?

Saint-Louis est une des rares villes où il y a des déplacés climatiques (Khar Yalla, langue de Barbarie…) En termes de température, tout le monde constate que cette ville a changé. Il fait plus chaud. Cette ville est donc très affectée par le phénomène de l'érosion côtière, l'augmentation de la température, etc., qui sont visibles.

C'est ainsi que nous avons trouvé important de venir former les slameurs sur les changements climatiques. Je pense qu'il fallait faire ce travail de sensibilisation à l'endroit de ces personnes-là qui sont écoutées.

 

Est-ce que l'État fait des efforts pour endiguer cette situation ?

Au niveau étatique, des efforts sont en train d'être faits pour la ville de Saint-Louis. Il est question de poser des actions sur toute la côte. Des efforts à l'image de l'installation d'une digue de protection à Bargny, par exemple. Par rapport au CDN (NDLR : Contribution déterminée au niveau national, un plan d’action climatique visant à réduire les émissions et à s’adapter aux effets des changements climatiques), l'État du Sénégal a pris des engagements pour diminuer les quantités de gaz à effet de serre. Mais à côté, on voit qu'il fait la promotion des centrales à charbon. C'est un peu contradictoire. Mais je pense que si nous autres continuons les actions de sensibilisation, les choses pourront changer.

Le Sénégal a 750 km de côtes. Si la mer monte, le pays va le ressentir. Et la mer monte. Elle est en train de récupérer des terres. Dakar est aussi touchée. Elle vit ce problème. La ville de Rufisque, par exemple, est très affectée par les changements climatiques et surtout par l'érosion côtière. Il y a des zones qui sont en train d'être gérées et d'autres qui sont laissées en rade.

Que pensez-vous des Cop ?

Je ne suis pas contre, mais je pense qu'on doit revoir les systèmes d'organisation et de gestion des Cop. On a l'Accord de Paris et les CDN qu'on révise tous les cinq ans. Est-ce qu'on a besoin de se rencontrer chaque année pour parler encore de Cop ? On ne doit pas les arrêter, mais il faut espacer les rencontres et les tenir tous les deux ou trois ans. Il faut juste que les pays montrent les efforts qui sont en train d'être faits. Pour la Cop 28, on va dans un pays pétrolier ; ça doit être le moment de sensibiliser les pétroliers à travailler sur les ressources renouvelables.

Déjàla Cop est en train d'être récupérée par les lobbies du pétrole et du gaz. L'année passée, il y a eu plus de 600 personnes qui y ont représenté les entreprises pétrolières. Mais qu'est-ce que qui explique leur présence à la Cop ? Pourquoi choisir quelqu'un qui travaille sur les industries fossiles pour diriger les Cop ? Mais il y a beaucoup de questions à se poser par rapport à l'organisation de la Cop. Il faut revoir la manière de gérer les Cop.

Il y a les pollueurs et les non-pollueurs. Quelle doit être la position de chaque partie ?

Les non-pollueurs doivent convaincre les pollueurs à diminuer la pollution (rire).

BABACAR SY SEYE

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