Publié le 4 Sep 2015 - 07:22
LUTTE CONTRE LES VIOLENCES DANS LES MANIFESTATIONS SPORTIVES

La police mise sur la prévention et la répression

 

Les autorités de la police  prônent des mesures préventives et répressives pour lutter contre les violences dans les manifestations sportives. Elles ont affirmé cette volonté, hier, lors de la 3e édition des mercredis de la police, organisée à l’Ecole nationale de la police.

 

Les scènes de violences dans les événements sportifs (matchs, combats de lutte, face-à-face et signatures de contrat) ont pris des proportions inquiétantes, ces dix dernières années au Sénégal. Cette situation préoccupe actuellement les autorités policières. C’est pourquoi elles ont diagnostiqué le problème, hier, avec les acteurs du monde sportif, pour trouver des mesures permettant de faire face à ce phénomène. Les rencontres sportives impliquent la participation de  nombreuses personnes, c’est pourquoi, le sociologue Kali Niang, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, estime  que  le premier facteur de la violence dans ces endroits est la foule. ‘‘Les stades sont des lieux de concentration de nombreuses personnes qui forment une foule et dans cette foule, l’individu devient vulnérable. Il est guidé par cette masse qui réagit souvent ensemble négativement’’,  a-t-il dit. Selon lui, le sport est un système constitué de plusieurs acteurs (joueurs, supporters, lutteurs, arbitres, forces de l’ordre, journalistes etc.). Ces derniers doivent nécessairement interagir et le dysfonctionnement de ce système provenant d’un acteur favorise forcément la violence.  

 Le chef du commissariat central de Dakar, Commissaire Abdoulaye Diop,  a  d’emblée précisé que la violence dans les manifestations sportives ne concerne que trois disciplines. ‘’Le Ministère des Sports compte une cinquantaine de fédérations, mais la violence est constatée dans la lutte, le football et le basket. Cette situation est favorisée par la prolifération des ASC (Associations sportives et culturelles), des écuries et écoles de lutte. La multiplicité des équipes augmente le nombre de matchs dits derbys dans les quartiers. Il a par ailleurs souligné  l’insuffisance des forces de l’ordre pour sécuriser tous les événements sportifs. ’’Seule la police est impliquée dans la sécurisation des rencontres et manifestations sportives. Il faut que l’Etat renforce le dispositif sécuritaire, en faisant appel aux autres corps comme la gendarmerie, le (G.M.I) groupement mobile d’intervention etc.’’ La programmation simultanée de plusieurs événements est aussi, selon le Commissaire  Diop, une autre cause de la violence dans les manifestations sportives. ‘’Lorsque deux grandes manifestations  sont organisées au même moment dans un même territoire, la police est confrontée à un problème d’effectif, car nous devons prévoir toujours une réserve, en cas de débordement ou d’urgence.’’

 Pour juguler ce phénomène, les panélistes ont proposé des solutions préventives et répressives. Le  Professeur Abdoulaye Sakho, agrégé de Droit privé à la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad, estime que  les premières dispositions sont de la compétence de l’organisateur de l’évènement. ‘‘Les mesures préventives de sécurité appartiennent à l’organisateur  matériel de la manifestation sportive (le club sportif qui joue dans le stade, les promoteurs). 

Il doit informer la police à temps. Il doit vendre les tickets, en respectant la capacité d’accueil du stade. Il est tenu aussi de veiller à la séparation des supporters dans les tribunes’’, informe le Directeur de l’école de fiscalité de l’Ucad. Le  commissaire Abdoulaye Diop suggère pour sa part des rencontres permanentes entre la police et les acteurs du monde sportif, responsables d’écurie, responsables de l’Oncav et responsables du Cng  pour prévenir les scènes de violence. Il propose aussi le système de vidéo surveillance et la sensibilisation des citoyens aux valeurs du sport (fair-play, amitié, convivialité, fraternité etc.).   

Lors de la rencontre, il a aussi été question des sanctions à l’encontre des auteurs d’actes de violence ou de vandalisme. Les panélistes ont proposé l’interdiction temporaire ou définitive des stades, la suspension des fans clubs et groupes de supporters, la création de fichiers de fauteurs de  troubles.

Le douzième "Gaïndé",  l’Organisation nationale de coordination des activités de vacances (Oncav), le comité national de gestion de la lutte (CNG) ont aussi pris part à la rencontre.

OUMAR BAYO BA  (STAGIAIRE)

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