Publié le 18 Jul 2012 - 21:29
LUTTE - RÉDUCTION DU MONTANT DES CACHETS

Et si les promoteurs avaient raison ?

 

Les amateurs de lutte sont sortis déçus, encore une fois, dimanche dernier du stade Demba Diop, par un combat vraiment insipide, entre Gris Bordeaux et Modou Lô. Tout comme lors du duel entre Tapha Tine et Bombardier qui a aussi laissé plus d'un amateur sur sa faim. Durant la saison 2011, le choc Lac de Guiers 2 / Modou Lô, sanctionné par un nul, a été presque un non combat qui a fâché plus d'un.

 

Pourtant, tous ces mastodontes de l'arène avaient encaissé des sommes colossales. Gris et Modou Lô avaient reçu chacun plus de 80 millions F Cfa. Au finish, ils ont offert un triste spectacle aux milliers de férus de lutte qui ont payé cher pour entrer au stade. Du coup, ces comportements apportent de l'eau au moulin des promoteurs qui veulent revoir les montant des cachets à la baisse. Récemment, les promoteurs de lutte avec frappe ont décidé de ne plus dépasser, à partir de la saison prochaine, la barre de 75 millions F Cfa de cachet pour un lutteur.

 

Même si ce parti pris n'est pas, de prime à bord, lié aux pâles spectacles offerts par les lutteurs, cela suscite aujourd'hui beaucoup d'interrogations sur le sujet soulevée par les promoteurs de lutte. EnQuête s'ouvre au monde de la lutte pour un débat...

 

 

Assane Ndiaye, promoteur (Baol Production)

 

 

''Les lutteurs nous confortent dans notre position''

 

''Les deux derniers combats (Gris Bordeaux / Modou Lô et Tapha Tine / Bombardier) nous donnent raison, cela montre qu'ils (les lutteurs) ne méritent pas leurs cachets. Pour les grands combats, les billets sont chers parce que les cachets sont très hauts et ce sont les amateurs qui en pâtissent. Aujourd’hui, les amateurs et les Sénégalais savent que nous avons raison et qu'on ne pas payer certaines sommes aux lutteurs qui refusent de lutter et d'assurer le spectacle. Il est beaucoup mieux maintenant de miser sur les espoirs comme Sa Thiès, Gouye-Gui et autres que sur les ténors de l'arène. Vous constatez avec moi que les combats des espoirs sont beaucoup plus spectaculaires et animés que ceux qu'on appelle les VIP de l'arène. Vu ces deux derniers combats, ils (les lutteurs) nous encouragent à rester sur notre position à réduire les cachets''.

 

 

Gaston Mbengue, promoteur (Gaston Productions)

 

 

''Les gens savent maintenant qu'on a raison''

 

''Que dire de plus que cela nous donne raison et nous conforte dans notre position. On paie de grosses sommes à 4 ou 5 lutteurs qui, au finish, ne font pas leur job. C'est facile d'empocher plus de 100 millions de F Ffa et venir dans l'arène faire son bakk (danses), des balancements de bras et rentrer chez soi. Les gens savent maintenant qu'on a raison. La lutte, ce sont les promoteurs qui la font. On ne peut pas investir des millions et les perdre facilement. Ce n'est pas la peine de travailler si c'est pour jeter l'argent par la fenêtre après. On reste toujours figés sur notre position à baisser les cachets, parce que tout le monde a vu la vérité. Si cela continue, la lutte va vers une chute libre comme le football.''

 

Cheikh Sarr, président des amateurs de lutte

 

''Les promoteurs ont raison''

 

''Les amateurs ne sont pas contents de ces deux derniers combats et les promoteurs ont raison de refuser à payer certains cachets maintenant. Si vous demandiez aux lutteurs Tapha Tine, Bombardier, Modou Lô et Gris Bordeaux, combien ils ont perçu pour leur combat, vous allez être sidéré, vu la manière dont se sont terminés les affrontements. Cette fin de saison est la plus nulle de toutes, les affiches les plus attendues ont été les plus décevantes. Payer 120 millions de F Cfa à des lutteurs qui ne luttent pas n'a pas de sens. Il vaut mieux partager cette somme à cinq lutteurs espoirs car, eux, assurent le spectacle au moins.''

 

Malick Thiandoum, journaliste à la Rts

 

 

''Les lutteurs confortent les promoteurs''

 

''Ces deux derniers combats ont été décevants pour les amateurs, ils ont laissé les gens sur leur faim. Cela montre la problématique de l'acuité des promoteurs à refuser de payer certains cachets. Aucun des ténors ne méritent son cachet. Arriver à un certains niveau, ces derniers ne luttent plus pour la victoire mais pour ne pas perdre et cela tue le spectacle et l'enjeu du combat. Ce sont parfois les gros cachets qui déçoivent le plus. Cette situation conforte les promoteurs dans leurs positions. Les lutteurs donnent encore un prétexte aux promoteurs de dire qu'ils ont raison. Et si j'étais un promoteur, je miserais plus sur la nouvelle génération avec les espoirs comme Sa Thiès, Boy Niang, Gouye-Gui... dont les combats sont plus attrayants.''

 

Ndiouga Dia, Sg des managers

 

''Chaque lutteur sait sa valeur marchande''

 

''La tournure des deux derniers combats ne peuvent pas consolider l'opinion des promoteurs, même si on ne s'attendait pas à ce genre de dénouement. Si les promoteurs ont perdu de l'argent cette année, le fait de baisser les cachets ne va pas changer les donnes et donner raison aux promoteurs. Les grands perdants sont les amateurs qui sont restés sur leur faim. Mais cela n'a rien à voir avec les cachets. Chaque lutteur sait sa valeur marchande. Je pense que cette situation ne va pas continuer car je sais que des dispositions seront prises par rapport aux lutteurs qui refuseront de lutter''.

 

Bécaye Mbaye, 2stv

 

 

''Ce n'est pas un argument pour les promoteurs''

 

''Ces combats ne constituent pas un argument pour les promoteurs à baisser les cachets. Le duel Modou Lô / Gris Bordeaux n'est pas le premier grand combat dans l'histoire de la lutte avec frappe à se terminer dans la controverse et en queue de poisson. Et la question des gros cachets n'interpelle que deux personnes dans le collectif des promoteurs, ce sont Gaston Mbengue et Luc Nicolai. Et l'histoire montre que ces derniers étaient dans l'Association des promoteurs des années 2000-2001, avec les Petit Mbaye, El Hadji Ameth Diène, Serigne Modou Niang... qui disaient qu'ils n'allaient pas payer plus de 10 millions de F Cfa à un lutteur.

 

Gaston et Luc étaient les premiers à trahir ce serment, ils vont donc encore violer cette déclaration. Chaque promoteur a un lutteur sous sa coupole. Luc a Modou Lô ,et vous ne savez pas combien il va lui donner en dessous de table. Pareil pour Gaston qui a Eumeu Sène sous son aile. La grande question, c'est le grand écart de cachet entre les lutteurs. Les petits lutteurs touchent 200 mille et font les meilleurs combats que les ténors qui encaissent 100 millions de F Cfa avec des combats moins attrayants''.

 

Double Less, ancienne gloire et manager

 

 

''Ce n'est pas une raison...''

 

''Ce n'est pas une raison pour eux de baisser les cachets. Il y a certains lutteurs qui respectent leurs gros cachets parce que, une fois au stade, ils assurent convenablement le spectacle. Avec ces lutteurs, les amateurs ne sont jamais mécontents. Ce n'est pas possible qu'ils soient déçus. Chacun à son métier, les promoteurs montent les combats et les lutteurs combattent. Ils (les promoteurs) ont leur argent ,et les lutteurs, leurs forces. S'ils veulent réduire les cachets, qu'ils le fassent. Mais est-ce que tous les lutteurs vont l'accepter ? Ces deux derniers combats ne peuvent pas être un bon argumentaire pour les promoteurs''.

 

 

MAMADOU LAMINE SANE

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