Moins grande gueule, moins provocateur que son frère aîné Balla Gaye 2, Sa Thiès, plus proche de son père, n’en est pas moins talentueux. Toujours invaincu dans l’arène, il est taillé pour accomplir le rêve de son… frère : devenir le roi des arènes.

Impossible, dans ce genre de situation, d’éviter les comparaisons. Quatre ans de différence, des trajectoires quasi-similaires, mais pas le même caractère, ni le même comportement. Salif Sakho, plus connu sous le nom de Sa Thiès, ne peut pas être ''profilé'' sans être comparé à son frère Balla Gaye 2. ''On n’a pas la même nature, prévient Sa Thiès. Mon ardeur et mon engouement, je les garde pour le jour du combat contrairement à lui qui fait le show pour vendre le combat. C'est sa nature aussi''. Connu plus sage et plus ''poli'' que son idole de frère, Sa Thiès veut pourtant être associé à son frangin : ''Il (Balla) est le voyou et moi le bandit'', résume le jeune de 21 ans. Mais dans les relations avec leur ex-champion de papa, Double Less, Sa Thiès est plus proche du pater. ''Entre mon père est moi, c'est une relation très forte, explique-t-il. Je ne peux même pas le regarder droit dans les yeux. Il (son père) le sait et il dit à tout le monde qu’il y a un grand respect entre lui et moi''. Débutant sa carrière de lutte en 2009, le jeune lutteur, toujours invaincu, soutient que son secret réside dans la relation profonde avec son père. ''Mon secret, c'est l'amour que j'ai pour mon père. On a une relation père-fils très sentimentale, et c'est pourquoi je fais tout ce qu'il me demande''. Souple, rapide, vivace et technique comme son frère, Sa Thiès, qui n’a pas le même palmarès, est considéré comme le plus talentueux des deux par l’ancien champion de lutte. Double Less : ''Sa Thiès est plus doué que Balla Gaye 2, et plus poli aussi''. Le frère cadet n'a jamais eu de bisbilles avec le pater de la famille au contraire de Oumar. ''Mon père m'aime à tel point que si je lutte contre Balla, c'est moi qu'il supporte. Mais c'est parce que je suis le cadet'', rigole le tombeur de Tonnerre mercredi.

''Bouclier de Balla Gaye 2''

Ambitieux, et rêvant aussi d’être sacré roi des arènes un jour, Sa Thiès n’a pas pour autant développé un sentiment de jalousie ou de concurrence envers son frère. Au contraire. ''Je suis le bouclier de mon frère, laisse-t-il entendre. Tous les lutteurs qui veulent l'atteindre passeront sur moi. Les autres lutteurs (Eumeu Sène et Modou Lô) qui voulaient tutoyer mon frère aussi auront affaire à moi dans le futur''. Le frère cadet a aujourd’hui les yeux rivés sur l'éternel rival de son frère, Modou Lô, sans en faire une obsession. ''Mon combat contre Modou Lô, ce n'est pas un désir fou. C'est juste que j'ai opté que tout lutteur qui veut se moquer de Balla Gaye 2 et de Lac de Guiers 2, je lui règle son compte''. Son combat face à Tonnerre réglé, Sa Thiès ne prie que pour la victoire de ses deux grands frères : ''Je demande au Bon Dieu de donner la victoire à Lac de Guiers 2 et à Balla Gaye 2''. Le poids de son frangin, sujet à polémique au lendemain du face-à-face raté de Thiès avec Yékini, Salif n’y voit rien d'anormal. ''Il y a rien de grave. Il est toujours maître de son corps et reste toujours vivace et souple. Les gens disaient la même chose lors de son combat contre Tyson. Doomu Gnày nu ko neex tolu (Ndrl : Bon sang ne saurait mentir)''.

“Papa Sow...”
 

Retrouvé chez lui au lendemain de sa victoire devant Tonnerre, Sa Thiès est revenu sur son combat-éclair. ''Il y avait beaucoup de pression dans ce combat du fait qu'on est presque voisins de quartiers. Outre la pression, il y avait beaucoup de choses qui faisaient que je devais battre Tonnerre. D'abord, Tonnerre avait les yeux rivés sur mon frère Balla Gaye 2 et sur son ami Lac de Guiers 2, et moi je me devais de le barrer. Dimanche, je luttais pour Balla. Ensuite, mon ami intime Volcan qui habite pas loin de chez Tonnerre a été contraint de déménager à cause du combat et des menaces qu'il recevait. C'est pourquoi le jour du combat, j'ai changé de stratégie. Tonnerre pensait que j'allais l'attaquer dès le coup de sifflet de l'arbitre comme lors de mes précédents combats, mais je l'ai trompé en l'écoutant avant de l'attaquer. Mes futurs adversaires, les gens les connaissent, je ne vais pas les citer ici. En lutte, il faut savoir gravir les échelons et moi je l'ai fait. Je ne sais pas si Papa Sow voudra lutter avec moi. Si doit on doit se croiser, on se croisera, et s'il ne veut pas, je chercherai ailleurs, c'est simple.''

MAMADOU LAMINE SANÉ