Publié le 3 Nov 2012 - 10:57
MÉDIAS – NOUVEAU DG DE LA RTS

Racine Talla attendu au coin de la boîte

 

Le départ de Babacar Diagne, tant réclamé par les syndicalistes, a finalement eu lieu. Annoncé comme ambassadeur du Sénégal en Gambie, le désormais ex-directeur général de la RTS passe le relais à Racine Talla, un proche du chef de l'État Macky Sall. M. Tall, qui connaît la boîte pour y être passé, est attendu au tournant...

 

Le vent du changement n'a pas finalement épargné Babacar Diagne. Il vient d'être officiellement débarqué de la direction générale de la Radio télévision sénégalaise (RTS). Celui dont le contrat spécial devait expirer en avril était sur la sellette bien avant l'avènement du nouveau régime. Ayant servi sous Diouf et Wade, Babacar Diagne tardait à faire valoir ses droits à la retraite, en dépit de nombreuses complaintes des syndicalistes de la section Synpics du ''Triangle sud''. Lesquels lui imputent une ''gestion calamiteuse'' et des ''recrutements de complaisance''. Mais si ses proches collaborateurs jugent son travail satisfaisant, les syndicalistes, pour leur part, exultent.

 

''La nomination d'un nouveau Dg est une grande victoire pour nous. Nous avions lancé un cri de détresse qui semblait tomber dans l'oreille d'un sourd, nous ne pouvons cacher notre satisfaction. Maintenant, la question qui s'impose, c'est de savoir si c'est un signal fort que nous lance l'État pour montrer que les ruptures sont en voie'', a souligné Moustapha Diop, le responsable de la section Synpics de la RTS, joint au téléphone hier. Si le syndicaliste reconnaît que le Dg sortant a hérité d'une situation endémique, il lui reproche de ne pas s'être donné les moyens de redresser la boîte. ''On ne peut pas gérer une entreprise en difficultés et dégager ses responsabilités. Babacar Diagne se permettait des recrutements qui n'étaient pas de qualité. La boîte s'était retrouvée avec un personnel qui n'était pas adéquat. Il s'y ajoute que sous son magistère, des endettements inutiles ont été faits. Il se préoccupait de négocier avec l'État pour rester encore aux commandes.''

 

Pour autant, du côté des ex-proches collaborateurs de M. Diagne, on salue une ''sortie honorable'' d'un professionnel de la télévision. Lequel se serait évertué, durant son magistère, à décaisser, chaque mois, le demi-milliard de francs Cfa qui couvre la masse salariale. ''On était en cessation de paiement à l'arrivée de Babacar Diagne, il a su régulariser la situation même s'il n'a pas réussi à éponger la dette. Il a su gagner la confiance des annonceurs'', soutient un de ses ex-proches collaborateurs sous le sceau de l'anonymat. D'après cette source, Babacar Diagne est loin d'être un ''monstre'' : ''Aucune œuvre humaine n'est parfaite, mais il est parvenu à rehausser l'image de la RTS et apporter des innovations de taille reconnues par tous. Il a droit à une belle sortie après de bons et loyaux services. Le personnel lui doit reconnaissance.''

 

Pour sa part, le Dg entrant est attendu au coin du bois. Entre autres défis qui interpellent Racine Talla : la question de la prise en charge financière de la RTS, selon le syndicaliste. ''Depuis 1992 que la RTS est devenue une entreprise de service public, elle ne dispose pas de financement conséquent. Elle s'est retrouvée avec un endettement social très énorme. On ne peut pas créer une société sans lui donner les moyens de son fonctionnement. La RTS a été incapable de jouer jusque-là sa mission de service public'', à en croire M Diop. A l'expert en communication Racine Talla, il est ainsi exigé un audit et la mise en place d'un fonds pour résorber l'endettement qui asphyxierait financièrement l'entreprise audiovisuelle.

 

 

''Ne plus faire de la propagande''

 

D'ores et déjà, des agents de la RTS tiennent à dire qu'ils ne seront plus à la botte du gouvernement et que serait révolue l'ère des Dg qui n'ont comme unique souci que de rendre visibles les actions du gouvernement et de façon abusive. ''Nous osons croire que le nouveau Dg saura marquer une rupture pour que les populations se retrouvent dans les programmes de la RTS. Elle ne doit plus être au service de l'État mais doit dorénavant donner la parole à l'opposition et toute la classe politique. Notre rôle, en qualité de professionnel de l'information et de la communication, est d'informer. Nous n'allons plus accepter de faire de la propagande. Nous ne voulons plus de mainmise de l'État. Si le nouveau Dg n'amorce pas une rupture, il nous trouvera sur son chemin'', met en garde le responsable du Synpics-Rts. L'ancien directeur de la radio privée 7 Fm, qui a fait un passage à la RTS, sait désormais à quoi s'en tenir.

 

Matel BOCOUM

 

 

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