Publié le 21 Dec 2017 - 02:17
MACKY SALL (CHEF DE L’ETAT)

‘’Ma vision de la culture…’’

 

Lors de son discours d’usage, hier, à l’occasion de la cérémonie de remise des Grands Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres, le président de la République a annoncé de nouvelles mesures dans le secteur de la culture. Avec pour objectif d’en faire un levier économique important.

 

A tous ceux qui se posaient des questions sur la politique culturelle de l’Etat,  le président de la République a répondu hier en traçant sa feuille de route. Si, depuis deux ans, les prémices d’une valorisation de ce secteur par le régime actuel se sentaient, là ils seront de plus en plus visibles. ‘’Ma vision de la culture est celle d’un Sénégal dans lequel les artistes vivent décemment et dignement de leur talent, participent pleinement à la construction de notre identité nationale, à la consolidation de la cohésion sociale, à l’essor économique de notre pays et à son rayonnement international’’, a déclaré Macky Sall venu présider hier la cérémonie de remise des Grands Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres.

Poursuivant son propos, le chef de l’Etat de rappeler : ‘’J’ai décidé de faire de l’année 2017, année de la culture. En prenant une telle décision, j’avais voulu jeter les bases de la refondation de notre politique culturelle axée sur la mise en relief de la dimension économique de la culture pour la mettre désormais au cœur de nos politiques de développement dans les secteurs de l’éducation, des sciences (…).’’ C’est pour cela d’ailleurs que 2017 a été plus une année de réflexions pour le développement de la culture.

Ainsi, tout au long de l’année, des propositions concrètes ont émergé. C’est dans ce cadre qu’il faut situer la relance du Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres, après 5 années de léthargie.

Outre cela, l’Etat pense à améliorer l’environnement juridique du secteur pour le rendre apte à encourager la création et à sécuriser les investissements. A cet effet, définir le statut de l’artiste devient impératif. ‘’Je demande au gouvernement, à M. le Ministre Abdou Latif Coulibaly, courant 2018, de rendre disponible les premiers textes normatifs sur le statut de l’artiste et qui devront traiter, entre autres questions, du statut professionnel de l’artiste, de la carte professionnelle, de la sécurité sociale, des relations de travail entre les artistes et leurs employeurs occasionnels ou permanents, de la licence de producteurs de spectacles’’, a instruit M. Sall. Ce qui permettrait de mieux promouvoir ce secteur et de professionnaliser ses acteurs. Dans ce sens, la base serait l’éducation. Quoi de mieux alors que l’Ecole nationale des arts pour cela. Macky Sall en est conscient et promet que cette dernière sera construite en 2018.

Une professionnalisation en cours et qui devrait s’accompagner de meilleures conditions de vie. Les artistes peuvent bien espérer. L’Etat a mis sur pied la Sénégalaise du droit d’auteur et du droit voisin (Sodav) à qui le président demande de relever le triple défi de la transparence, de l’équité et de l’efficacité. ‘’J’en appelle à la responsabilité de tous pour que la Sodav se consolide, se bonifie et se pérennise’’, a-t-il ajouté, afin de mieux répondre aux besoins des artistes.

 Les réussites de Youssou Ndour et d’Alain Gomis

Les membres et directeurs généraux d’entreprises nationales vont être mis à contribution pour l’amélioration des conditions de vie des professionnels de la culture. Le président leur a demandé, hier, de respecter la loi du 1 %. Concrètement, il a proposé que ceux qui ont en charge la construction des gares du train express régional et celle du pôle urbain de Diamniadio soient les premiers à le faire. Le président de la République reste convaincu que les artistes le valent bien et pourrait apporter une plus-value considérable au produit intérieur brut du pays. Il s’est donc félicité des performances, au plan mondial, de certains des acteurs de la culture dont Youssou Ndour et Alain Gomis. Le chanteur de renommée internationale a gagné le prestigieux prix Premium Impérial au Japon. Le cinéaste a remporté l’Ours d’argent à la dernière Berlinale ainsi que l’Etalon de Yennenga au Fespaco 2017. Mieux, son film, ‘’Félicité’’ fait partie de la short list  des Oscars et est en compétition dans la catégorie Meilleur film en langues étrangères. Deux belles réussites (celles de Youssou Ndour et d’Alain Gomis) qui ne sont pourtant que ‘’l’arbre qui cache la forêt’’, comme l’a souligné M. Sall. C’est dire que les difficultés dans le secteur de la culture sont encore là, même si des efforts ont été faits.

REACTIONS, REACTIONS, REACTIONS

BAABA MAAL (Grand Prix Arts)

‘’Merci aux Sénégalais’’

‘’Merci Monsieur le Président. Merci à mon pays le Sénégal. Sans les Sénégalais, nous n’aurions pas eu la persévérance qui nous  a permis d’en arriver là, grâce à la musique. Je dis également merci au ministre de la Culture. Je l’ai vu, il y a deux jours, au Fouta. Il était venu encourager les artistes et assister à leurs prestations qui nous permettent aujourd’hui de dire haut et fort que le Sénégal regorge de potentialités culturelles. Et ça c’est notre carte d’identité. Je suis d’autant plus content de partager ce prix avec d’éminents noms de la culture et de l’art. William, par exemple, je suis sûr qu’il y a beaucoup de nos amis communs qui seront contents de savoir que nous étions assis côte à côte. Je suis extrêmement content de voir que Maréma Fall a reçu le Prix d’encouragement. Elle le mérite. C’est une référence. Elle était au Fouta, dans le cadre des ‘’’Blues du fleuve’’ et a séduit tout le monde.’’

Ousmane William Mbaye (Grand Prix Arts)

‘’L’art est subversif ‘’

‘’Je suis heureux de partager le prix des arts avec Baaba Maal. Je remercie le jury, le président de la République, l’administrateur culturel M. Ndiaye, les amis et les cinéastes qui sont venus me soutenir aujourd’hui. Le Sénégal regorge tellement de cinéastes qui pouvaient être aujourd’hui à ma place. Je tiens à souligner que le fait que le président relance le Grand Prix des Arts et des Lettres et de célébrer les artistes, les hommes et les femmes de culture, est pour moi un acte fondamental. Car c’est renforcer la liberté d’opinion. L’art est subversif. Le président de la République a déjà montré sa volonté de soutenir le secteur du cinéma en dotant le Fopica de 2 milliards.’’

Rahmatou Seck Samb (Grand Prix Lettres)

 ‘’Ce trophée de prestige est devenu pour le peuple des écrivains si souvent en désarroi, une raison d’espérer, de rêver’’

‘’Aujourd’hui, le président de la République me couvre d’honneur et je crains de ne pouvoir trouver les mots pour exprimer mon émotion et ma gratitude du peuple des écrivains et des artistes pour la relance de ce grand prix. Ce trophée de prestige est devenu pour le peuple des écrivains si souvent en désarroi, une raison d’espérer, de rêver. Car si la création artistique et littéraire a sa part d’exaltation, elle est aussi faite de labeur, de douleur, d’angoisse, d’anxiété et de désespérance. Seul le rêve et l’espoir nous permettent d’arriver au bout de notre aventure. Je remercie tout le peuple, mes amis, mon mari…’’

 

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