Publié le 25 Jul 2016 - 20:59
MACKY SALL A L’OPPOSITION

‘’Ne réveillez pas le lion qui dort, il n’a pas envie de vous blesser’’

 

L’inauguration de l’échangeur de l’émergence a servi de tribune au chef de l’Etat Macky Sall pour faire un bilan de son mandat en cours. Mais aussi de répondre aux piques et autres critiques de l’opposition sénégalaise, tout en proférant des menaces.

 

Le président de la République est-il en campagne électorale anticipée ? Cette question trouve sa pertinence dans la manière dont, samedi, il s’est prononcé sur son bilan de ces quatre années à la tête de l’Etat. Mais aussi, le ton véhément employé pour  répondre aux nombreuses critiques de l’opposition qu’il ne s’est pas privé de titiller, parfois. En effet, l’inauguration de l’échangeur de l’émergence était la dernière activité au programme, dans le cadre du dernier Conseil des ministres décentralisé. Apparemment satisfait de ses quatre jours de périple à travers la capitale, le chef de l’Etat s’est montré véhément et parfois taquin. ‘’Ils (les responsables de l’opposition) ont l’habitude de me lancer des piques. Il faut qu’ils arrêtent car je suis un lion qui dort. Un lion qui dort, personne n’a intérêt à le réveiller car, au cas échéant, il va se lever et foncer directement sur vous pour vous blesser. Et sincèrement, je n’ai pas envie de les blesser. Je leur ai toujours dit que c’est pour bientôt la campagne, et vous aurez droit à bon duel. Ce n’est plus loin’’, a soutenu le Président de l’APR.

Avant d’ajouter dans un wolof limpide : ‘’Je leur avais dit, lors du référendum, que des fois, ils ont envie de goûter à la défaite. Si je reste dans mon coin, qu’ils me laissent tranquille. C’est mieux. Qu’ils soient patients, le mois de mai prochain, encore moins, celui de juin 2019 ne sont plus loin. Je ne parle pas des élections des hauts conseillers des collectivités locales prévues dans un mois, qui ne sont pour moi qu’un entrainement’’. Le président de poursuivre, encore plus caustique : ‘’J’ai entendu des gens dire qu’ils piaffent d’impatience pour les prochaines joutes électorales. J’ai ri sous cap. Ils verront le jour-j. Car, j’ai confiance aux arbitres qui sont le peuple. Le peuple sait qui est qui et qui fait quoi. Il a goûté à tout le monde. Je m’en limite là, sinon, il y aura des gens qui ne vont pas dormir cette nuit.’’

‘’Les beaux parleurs ne me dérangent pas’’

Ensuite, quittant la politique politicienne, le chef de l’Etat s’est insurgé contre ceux qui contestent son bilan et avancent des chiffres qu’ils ignorent. A son avis, le bon sens voudrait qu’ils se renseignent, s’ils ne savent pas.  ‘’Rien n’est pire que d’ignorer et de faire semblant de connaître. J’ai donné des instructions fermes pour qu’on donne des explications à ceux qui veulent savoir, pour qu’ils sachent d’où vient l’argent et comment il a été mobilisé’’, a-t-il ajouté. Macky Sall assure que le Sénégal a beaucoup changé, depuis son accession au pouvoir. ‘’On a changé de paradigme, en matière de mobilisation des ressources financières. Quand j’étais parti à Paris, au mois de février 2014, pour lancer le Sénégal émergent, beaucoup disaient que cela ne va jamais se réaliser. Qu’aucune somme ne va être injectée dans les projets de l’Etat. Que la presse sorte les archives de l’époque. Ceux qui contestaient restent toujours les mêmes contestataires. Et ils vont continuer à le faire. Moi, je ne connais que du concret. Sans détermination, cet échangeur ne saurait être livré dans un délai de 17 mois. On ne peut pas empêcher des gens de baratiner. Personnellement, les beaux parleurs ne me dérangent pas’’, a-t-il lancé devant une foule immense.

‘’En avril 2012, il y avait moins de 200 milliards dans les caisses de l’Etat’’

Par contre, ce qui le préoccupe, c’est de ne pas être à la hauteur des attentes de la population ou de ne pas avoir un bon bilan à la fin de son mandat. ‘’Les propos insensés, des futilités encore moins des baratins, ne me dérangent point. Je n’arrive pas à qualifier les propos de leurs auteurs. Quand j’héritais du destin de ce pays, en avril 2012, la croissance du pays était à hauteur de 1,7%. C’est incontestable. Il y avait moins de 200 milliards dans les caisses de l’Etat.’’ Malgré ces impairs, le Président Sall souligne que ‘’depuis lors, tous les salaires ont été payés à temps’’.

‘’Nous avons baissé le coût des denrées de première nécessité. Nous avons diminué les taxes sur les impôts. Nous avons amélioré le cadre et le bien-être des populations de ce pays. Le Sénégal est le troisième pays en Afrique, économiquement parlant. C’est là où se trouve le vrai débat. Mais restez là à dire que je suis en campagne. Si je veux, je fais la campagne. En tant que président de la République, je suis libre d’aller où je veux. Ce qui serait malheureux, c’est qu’on me hue quand je sors. Arrêtons les futilités et travaillons !’’, a-t-il martelé.

Ensuite, le président de sommer tous les acteurs d’arrêter le bavardage, car aucun pays ne s’est développé dans le verbiage. ‘’Nous avons un défi. Avec cette jeunesse-là, on devrait avoir peur. Il faut leur assurer une éducation, une formation, un emploi. Nous avons beaucoup fait. Ce qui a été fait dans les universités, en termes d’investissements depuis l’indépendance, nous l’avons doublé durant nos 4 ans. C’est incontestable. C’est cela le bilan’’, a martelé le président de la République devant un public conquis et enthousiaste. 

CHEIKH THIAM

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