Publié le 4 Aug 2016 - 19:10
MACKY SALL PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

‘’Nous devons arrêter de tendre la main’’

 

Le Sénégal, dans un moyen terme, doit être en mesure de financer son propre développement et d’arrêter de tendre la main. C’est le vœu formulé par le président de la République Macky Sall, hier à Diamniadio, lors du lancement officiel du recensement général des entreprises (RGE).

 

Le président de la République Macky Sall veut que le Sénégal puisse retrouver une autonomie économique. À Diamniadio où il procédait hier au lancement officiel du recensement général des entreprises, le chef de l’Etat a soutenu que le Sénégal doit arrêter de tendre la main. Dans un discours en wolof, devant une assistance acquise à sa cause, Macky Sall, parfois taquin, déplore que le Sénégal soit toujours considéré comme une nation pauvre, un pays où il fait difficile de vivre alors que la situation est tout autre. D’après le chef de l’Etat, un Etat qui ne peut pas financer son propre développement va toujours tendre la main et être sous le diktat des autres puissances. Un état de fait qu’il veut changer, dans un court et moyen terme et permettre au Sénégal de ‘’pouvoir voler de ses propres ailes’’.

‘’Mon ambition est que le Sénégal, dans peu de temps, puisse se passer de l’aide publique au développement. Cela doit nous pousser à travailler plus et davantage afin que notre pays, dans un horizon proche, puisse assurer le financement de son économie’’, a-t-il dit devant des représentants des partenaires techniques et financiers. ‘’Si tu n’as pas d’autonomie économique, tu ne peux pas être libre’’, renchérit-il.

Pour arriver à ce stade, Macky Sall indique qu’il est important que le pays puisse peser son poids économique. Ainsi, il pourra être en mesure d’évaluer ses capacités de mobilisation de financements internes. Mais cela ne peut se faire qu’après avoir fait un recensement de toutes les entreprises du pays. Un travail qui, depuis l’indépendance en 1960, n’a jamais été fait. Tous les recensements (au nombre de 4) qui ont lieu au Sénégal ont porté sur la population, l’agriculture, l’élevage.

 Le recensement général des entreprises officiellement lancé hier à Diamnaidio constitue donc une première au Sénégal. Toutefois il pourra permettre au gouvernement de savoir combien d’entreprises il y a dans le pays, leur répartition dans l’espace. Mieux, le président du Conseil national du patronat, Baïdy Agne, soutient que ce recensement doit aussi permettre de savoir quelle est la nationalité des capitaux des entreprises. À son avis, c’est cela seulement qui va permettre au Sénégal de pouvoir mesurer la souveraineté de son économie.

‘’ Il n’y a pas de famine dans ce pays’’

Par ailleurs, dans son discours, le chef de l’Etat est revenu sur l’importance du secteur de l’informel dans l’économie sénégalaise. Avant-hier, lors du lancement, à Guédiawaye, de la caravane des petites et moyennes entreprises (Pme), le ministre du Commerce, Alioune Sarr avait rappelé que l’informel emploie plus de 2,2 millions de Sénégalais et injecte annuellement 600 milliards de F CFA dans l’économie sénégalaise. Des chiffres qui montrent le rôle important de ce secteur qui toujours contribue à plus de 47% du Pib. Cet apport de l’informel, le président de la République en est conscient. ‘’Nous devons nous rendre compte que le secteur informel constitue  la base de notre tissu économique. Donc on doit adapter notre économie par rapport à la réalité’’, appelle-t-il.

Le secteur informel emploie l’essentiel des jeunes en âge de travailler au Sénégal. Selon le chef de l’Etat, les emplois formels du public comme du privé font moins de 400 000 au Sénégal. Ce qui veut dire, explique-t-il, qu’il y a d’autres emplois qui participent au quotidien à assurer la dépense quotidienne dans les familles, dans les foyers. ‘’Nous sommes moins de 400 000 à avoir un salaire à la fin du mois. On ne peut pas dire que ce sont 350 000 à 400 000 salaires qui nourrissent le pays. Nous sommes 14 millions de Sénégalais et il n’y a pas de famine dans ce pays, que Dieu soit loué’’, précise-t-il. Toutefois Macky Sall demande une organisation du secteur et une meilleure formation des acteurs en leur octroyant des crédits et en  mettant en place les outils nécessaires pour leur accompagnement.

BASE DE CALCUL DU PIB ET DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Le président Sall veut 2015 comme année de référence

La base de calcul du Pib du Sénégal et de l’évolution de sa croissance économique est l’année 1999. Mais pour le chef de l’Etat, 1999 ne doit plus être l’année de référence. Surtout qu’entre 1999 et 2016, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Pour preuve, d’après le président de la République, en 1999, le budget du Sénégal était de moins de 600 milliards de F CFA.

En 2016, il a dépassé 3 000 milliards de F CFA.  En 1999 encore, c’est-à-dire avant la première alternance, le Sénégal avait moins de 10 millions d’habitants. En 2016, rappelle le président Sall, la population est à près de 14 millions de personnes. Toute cette évolution notée entre-temps fait dire au chef de l’Etat ‘’qu’il est urgent de changer les bases de calcul de notre Pib mais également les bases de calcul de l’évolution de la croissance économique’’.

En outre, avec ce recensement général, le Pib ou la croissance économique ne sera plus calculé sur la base de l’année 1999 mais de celle de 2014. Toutefois, le souhait de Macky Sall est que l’année de référence soit 2015 car 2014 était l’année de démarrage du Plan Sénégal émergent (Pse) et que la mise en œuvre a réellement commencé en 2015. Néanmoins, le président de la République indique qu’il laisse le choix aux techniciens qui sont habilités à faire le calcul. 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

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