Publié le 22 Feb 2019 - 07:56
MADIEYE MBODJ, CONSEILLER SPECIAL DU CANDIDAT OUSMANE SONKO

‘’La panique s’est installée dans le camp de Macky Sall’’

 

Conseiller spécial du candidat Ousmane Sonko, Madièye Mbodj, par ailleurs délégué général de Yoonu Askan Wi, déplore la montée de la violence dans le landerneau politique sénégalais. Cette escalade de violence exacerbée, selon lui, par la mouvance présidentielle, montre que la panique s’est installée dans le camp de Macky Sall.

 

La campagne électorale est émaillée de violences pendant un moment, avec des affrontements notés à Tambacounda entre partisans du Pur et de Bby, et dans le Fouta entre militants d’Ousmane Sonko et ceux de Bby. Quelle appréciation faites-vous de cette situation ?   

Déjà, bien avant la campagne électorale en cours, l’opposition, dans son ensemble, s’est mobilisée pour exiger un processus électoral démocratique, transparent et pacifique. Pour notre part, le Conseil des sages de la coalition Sonko-Président vient tout juste de tenir une conférence de presse sur le thème ‘’Pour une alternative souveraine et solidaire, dans la paix civile et la stabilité nationale’’. Notre option, claire et constante, est d’appeler à la mobilisation massive des électeurs, de la jeunesse en première ligne, pour aller voter dans la paix, remporter le scrutin, sécuriser notre victoire contre toute volonté de confiscation de la volonté populaire et créer ainsi les conditions de mise en œuvre de notre projet de transformation sociale au Sénégal et en Afrique. Cela, au bénéfice prioritaire des larges masses populaires de nos villes, de nos campagnes et de notre diaspora, dans un climat de paix, de travail et de dignité. 

A mon avis, contrairement à ses calculs de petite politique politicienne, aux bruits et aux brouillages de son matraquage médiatique, la panique s’est bel et bien installée dans le camp du président sortant Macky Sall, le poussant à susciter la violence, à organiser le désordre et le chaos pour espérer s’en sortir. Les attaques répétées contre les sièges de Pastef à Ziguinchor et à Yoff ou contre les caravanes de la coalition Sonko-Président dans plusieurs localités et tout récemment les évènements meurtriers survenus à Tambacounda, imputés de façon sournoise et unilatérale au convoi du candidat El Hadj Sall du Pur, en sont une parfaite illustration. C’est triste de le constater, seule la sécurité du candidat sortant, entretenue pourtant aux frais des contribuables sénégalais, semble préoccuper le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, qui vient tout juste de se souvenir que la sécurité des biens et des personnes, la sécurité de tous les candidats à l’élection présidentielle, incombent à ses services de police et de gendarmerie. Médecin après la mort !

L'ancien président de la République, Abdoulaye Wade, appelle à brûler les urnes et les procès-verbaux. Qu'en pensez-vous ?   

Abdoulaye Wade a son projet, nous avons le nôtre. Notre responsabilité est de répondre de notre projet et de nos actes, dans l’humilité et l’esprit d’ouverture, pour le bien du Sénégal et de l’Afrique, aujourd’hui et demain.

La violence semble prendre le dessus sur un débat programmatique serein. Est-ce que cela ne porte pas atteinte à la démocratie sénégalaise ?          

Si, bien évidemment, mais à qui la faute ? La violence est l’arme des faibles qui préfèrent le monologue au débat d’idées contradictoire, apte à éclairer le choix conscient des électeurs. N’est-ce pas significatif que le président sortant refuse systématiquement jusqu’ici tout débat organisé, contradictoire et serein  avec les autres candidats en lice ?

Quelles sont, aujourd'hui, les propositions phares contenues dans le programme d'Ousmane Sonko allant dans le sens d'améliorer les conditions de vie des Sénégalais ?    

L’espace restreint de cet entretien ne me permettra certainement pas de donner ici toutes les réponses requises que pose cette problématique vitale et à plusieurs dimensions. Pour nous, la clé, c’est l’emploi pour tous et toutes, le travail décent et rémunéré dans l’équité et la justice sociale, gage de l’autonomisation citoyenne, du vivre-ensemble solidaire et du bien-être partagé, le tout porté par une éducation et une formation professionnelle de qualité, égalisant les chances ainsi que par une politique de santé et de protection sociale performante, accessible et efficace. 

C’est pourquoi il est impératif de stimuler massivement, notamment en direction des jeunes et des femmes, l’emploi et l’auto-emploi portés par l’industrialisation comme facteur dominant du développement endogène, l’agriculture durable au sens large comme base et fer de lance de l’économie, en exploitant toutes les niches porteuses d’emploi stable dans le formel comme l’informel : ‘’Jàngal ma napp mooma gënël di may aw jën.’’ En même temps, il demeure indispensable d’assurer le contrôle et la maitrise des prix des denrées de première nécessité et produits de consommation courante, de baisser la pression fiscale sur les travailleurs et les ménages, de protéger la femme, l’enfant et de promouvoir la cellule familiale conformément à nos valeurs sociales et communautaires de solidarité positive, de garantir de façon effective les droits des personnes âgées ou en situation de handicap et de vulnérabilité, de bâtir un cadre de vie garantissant l’accès équitable à l’eau potable, à l’électricité, à l’assainissement et aux services sociaux de base, entre autres leviers de promotion individuelle et collective bien détaillés dans notre programme ‘’Jotna’’.                      

Vous parlez de formation de la jeunesse sénégalaise. Comment comptez-vous vous y prendre ?

La personne humaine étant pour nous le capital le plus précieux, nous misons avant tout, comme je l’ai dit tantôt, sur l’éducation et la formation. Il s’agit, d’abord, de repenser les orientations et le contenu de notre système éducatif, afin d’en faire un puissant levier adapté à nos réalités, aux besoins du marché de l’emploi et à nos exigences de développement endogène, en assurant son efficacité interne et externe à travers une pédagogie de la réussite tournée vers le travail et le développement, et convaincue que ‘’tous les talents sont importants’’.

Ensuite, de gérer rationnellement les ressources allouées et de mobiliser des financements additionnels et innovants au profit de l’école. Enfin, de créer les conditions d’une gestion apaisée du secteur. Cela passera par une concertation inclusive et participative avec tous les acteurs de l’école, pour l’adoption et la mise en œuvre de certaines mesures phares. Nous proposons la réforme des contenus et programmes ; l’introduction des langues nationales avec statut officiel de langues d’enseignement et d’administration ; la généralisation de l’enseignement fondamental obligatoire du préscolaire au moyen, avec langues nationales, français, anglais et arabe comme supports d’enseignement ; l’extension de l’enseignement religieux au moyen-secondaire ; la promotion des ‘daara’ modernes articulant l’enseignement en langues nationales, français et arabe avec la formation aux métiers ; renforcement des filières de formation scientifique, technique et professionnelle ; éradication de l’analphabétisme dans un délai de cinq ans ; contrôle qualité et mise aux normes des établissements d’enseignement privé…

Autant de mesures qui rendront l’école plus attractive, en laissant aux parents d’élèves la possibilité de choisir entre une école publique de qualité et un enseignement privé de qualité. Nous misons également sur la pacification et la stabilité de l’espace scolaire, à travers les options suivantes : zéro arriéré en matière de paiement de bourses et d‘indemnités dues ; mise à plat et reprofilage du système de rémunération et du régime indemnitaire au sein de la Fonction publique sénégalaise, dans le sens de l’équité et de la justice sociale ; dialogue franc et ouvert avec tous les acteurs et partenaires sociaux afin d’aboutir à l’adoption et à la mise en œuvre d’un pacte social national pour l’école, autour d’un plan d’action concerté incluant l’audit et la résorption du passif hérité des engagements signés par le gouvernement sortant et non respectés, mise en œuvre encadrée par des mécanismes opérationnels, clairs et partagés, de suivi-évaluation.

De telles mesures, pensons-nous, permettront d’en finir avec ces quatre grandes plaies de l’école sénégalaise : le manque d’attractivité de l’école, avec 47 % des enfants d’âge scolaire non enrôlés dans le système éducatif officiel - soit 1 500 000 enfants ; un taux énorme d’analphabétisme de l’ordre de 54 %, l’existence persistante de nombreux abris provisoires en ville comme en campagne ; un fort taux de déperdition scolaire (redoublements, abandons, échecs) dans une école fonctionnant comme une grosse fabrique de diplômés chômeurs.  Le modèle d’école proposé par la coalition Sonko-Président sera à même de produire des citoyens décomplexés, compétents, confiants en eux-mêmes, au génie créateur de leur peuple et respectueux de ses  valeurs positives, prêts à servir leur pays et leur continent, et capables de rivaliser avec les meilleurs partout dans le monde.

PAR ASSANE MBAYE

 

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